Le réalisateur marocain Zakaria Nouri: un regard de l'intérieur

Short Url
Publié le Lundi 27 septembre 2021

Le réalisateur marocain Zakaria Nouri: un regard de l'intérieur

  • Dans son premier court-métrage, Aïcha, Zakaria Nouri raconte l’histoire d’une femme marginalisée de 26 ans qui mène une double vie
  • Ce qui caractérise le réalisateur marocain, c’est l’importance qu’il accorde au quotidien dans son regard cinématographique

PARIS: Zakaria Nouri, dans son premier court-métrage, Aïcha, nous invite à un voyage, celui de l'intime, celui du non-dit, et d'un silence qui en dit long. Ce regard de l'intérieur intrigue et bouleverse bien au-delà des frontières du royaume chérifien. Il a reçu le 31 août la «mention spéciale du jury» au Festival international du film d'Amman.

photo
Les premiers pas du réalisateur dans l’univers du 7e art ont été compliqués en raison de son regard cinématographique. (Fournie)

Imposer son point de vue et son regard

Zakaria Nouri est profondément attaché à Casablanca. Bien que né en Belgique, il a vécu son enfance et son adolescence dans la capitale économique du Maroc. Il y obtient en 2011 un diplôme en audiovisuel de l’École supérieure de journalisme et de communication (ESJC). C’est donc tout sauf un hasard qu’il ait tourné son premier court-métrage dans les environs de Casablanca. «J’ai toujours eu l’envie de réaliser mes films ici. J’estime que j’ai le recul nécessaire pour poser mes projecteurs et mes caméras sur ce qui nous touche et nous tient à cœur. J’ai beaucoup de choses à partager. Je voulais imposer mon point de vue sur ma vision de la société marocaine et de ma ville», explique le réalisateur.

Le réalisateur privilégie le regard de l’intérieur. «Casablanca dans le cinéma marocain est cantonnée à la ville touristique. Elle est souvent représentée de manière superficielle ou par des regards extérieurs, sauf dans certains films, notamment ceux de Nabil Ayouch. Le problème est que très souvent, les rôles ne correspondent pas à la réalité. Ce ne sont pas les mêmes visages.»

Les premiers pas du réalisateur dans l’univers du 7e art ont été compliqués en raison de son regard cinématographique. «J’ai écrit le scénario avec Mohammed Rida Saoud il y a plus trois ans. Les producteurs étaient très réticents, car nous n’avions pas la même vision. Pour certains d’entre eux, il était louche que je rentre dans les détails de la vie quotidienne d’une femme qui mène une double vie. Filmer la vie quotidienne n’est pas du tout habituel dans le cinéma marocain et même dans le cinéma arabe en général», affirme Zakaria Nouri. 

Il a néanmoins réussi à s’entourer d’une équipe gagnante. Ses deux producteurs, Khaoula Benomar Sebbahi et Raouf Sebbahi, sont des figures connues et reconnues. «Je suis très bien accompagné. C’est ce qui fait ma force. J’ai un excellent coscénariste. J’ai deux grands producteurs qui sont à l’origine des réalisateurs. Cette équipe m’a aidé à faire ce film», explique-t-il.

photo
Nisrin Erradi interprète le rôle d’Aïcha. Elle a été consacrée grâce au film Adam, de Mariam Touzani, sélectionné dans la section Un certain regard du Festival de Cannes en 2019. (Fournie)

Le quotidien féminin au cœur d’une trilogie de courts-métrages

Ce qui caractérise Zakaria Nouri, c’est l’importance qu’il accorde à la vie de tous les jours. «Je voulais faire un film utilisant un langage cinématographique. Ce langage, c’est ma manière de raconter l’histoire d’Aïcha, une femme marginalisée de 26 ans qui vit dans un endroit pauvre. Je voulais filmer le quotidien d’une femme qui a une double vie, sans jamais porter un jugement sur ce personnage.» 

Nisrin Erradi interprète le rôle d’Aïcha. Elle a été consacrée grâce au film Adam, de Mariam Touzani, sélectionné dans la section Un certain regard du Festival de Cannes en 2019. «Je suis un de ses plus grand fans. Quand j’étais étudiant, je m’empressais de prendre des photos avec elle à chacune de nos rencontres. J’ai eu de la chance que l’un de mes producteurs, Raouf Sebbahi, soit un réalisateur avec qui elle a travaillé auparavant. Il y avait une très belle connexion entre nous. Le scénario lui a plu.»

Trame bien singulière que celle d’Aïcha, le court-métrage étant sans dialogue. «C’était voulu dès le départ. L’actrice n’a pas besoin de parler. Son regard exprime tout. Elle n’a personne avec qui parler. Sa mère à qui elle vient en aide est muette. Cela m’a permis de me concentrer sur le regard féminin», raconte le réalisateur.

Ce regard féminin est au cœur du projet de Zakaria Nouri. «Quand j’écris, je le fais uniquement pour des personnages féminins. Aïcha fait partie d’un projet plus vaste d’une trilogie de courts-métrages. Le prochain portera sur les préparatifs d’un mariage dans un quartier populaire. C’est une thématique rarement traitée dans le cinéma arabe en général, et dans le cinéma marocain en particulier», ajoute-t-il.

Zakaria Nouri a déjà achevé l’un de ses paris: exporter son film et surtout son regard cinématographique à l’étranger. Aïcha a déjà été sélectionné dans 56 festivals, et espérons bientôt qu’il sera un succès au Maghreb!


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Short Url

AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Short Url
  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
Short Url
  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com