Un tanker yéménite menace la mer Rouge d’une marée noire

Un pétrolier portant pavillon yéménite coulant au large du port d’Aden en 2014 (archives, Saleh AL-OBEIDI/AFP)
Un pétrolier portant pavillon yéménite coulant au large du port d’Aden en 2014 (archives, Saleh AL-OBEIDI/AFP)
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Publié le Lundi 13 juillet 2020

Un tanker yéménite menace la mer Rouge d’une marée noire

  • Un pétrolier abandonné au large du Yémen avec un chargement de 1,1 million de barils de brut fait peser le risque d'une pollution sans précédent en mer Rouge
  • Accord des rebelles pour une inspection du pétrolier par une équipe de l'ONU

DUBAÏ : Le FSO Safer, vieux de 45 ans, est ancré depuis 2015 au large du port de Hodeida (ouest) contrôlé par les rebelles qui refusaient jusqu'ici l'accès du navire aux experts de l'ONU. "Ils ont (finalement) approuvé officiellement une visite du navire d'une équipe d'évaluation et de réparation de l'ONU", a déclaré dimanche une source de l'organisation internationale. Le tanker n'a pratiquement pas été entretenu depuis que la guerre a éclaté, il y a plus de cinq ans, entre les Houthis, soutenus par l'Iran, et le gouvernement appuyé par une coalition menée par l'Arabie saoudite.

Le Conseil de sécurité doit tenir une réunion spéciale le 15 juillet sur la question, après qu'une voie d'eau a été signalée dans la salle des machines du navire, "ce qui aurait pu conduire à un désastre", selon Stéphane Dujarric, porte-parole du chef de l'ONU.

Les experts de l'ONU devraient effectuer des réparations légères et déterminer les étapes à venir, a ajouté le porte-parole. Le Safer pourrait causer "la plus grande catastrophe environnementale au niveau régional et mondial", a averti pour sa part le gouvernement yéménite. Un haut dirigeant rebelle, Mohamed Ali al-Houthi, a demandé en juin sur Twitter la garantie que le navire sera réparé et que la valeur du pétrole à bord servira à payer les salaires d'employés houthis. Le chargement de 1,1 millions de barils de brut est évalué à 40 millions de dollars, soit la moitié de ce qu'il pouvait en espérer avant la baisse du prix du brut et encore moins selon des experts qui parlent d'une cargaison de mauvaise qualité. Le Premier ministre du Yémen, Maïn Abdelmalek Saïd, a appelé jeudi la communauté internationale à punir les Houthis pour avoir empêché une inspection de l'ONU, et déclaré que la valeur du pétrole devrait être dépensée pour la santé et les projets humanitaires.

Une bombe à retardement

Outre la corrosion, des gaz risquent d'exploser dans les cuves et une fuite dans un tuyau de refroidissement a été détectée en mai. "Le tuyau a éclaté, envoyant de l'eau dans la salle des machines et créant une situation vraiment dangereuse", a déclaré Ian Ralby, PDG de IR Consilium, un cabinet de conseil maritime qui suit la situation de près. Une équipe de Safer Exploration and Production Operations, une compagnie pétrolière partiellement contrôlée par les Houthis, a envoyé des plongeurs pour réparer la fuite, évitant de justesse le naufrage du navire, a-t-il indiqué. Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a averti récemment que si le pétrolier se brise, "il dévastera l'écosystème de la mer Rouge" et perturbera les principales voies de navigation. "Les Houthis doivent accorder l'accès avant que cette bombe à retardement n'explose", avait-il ajouté. Si le navire se brise, "vous allez avoir deux catastrophes", a averti de son côté Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le Yémen. "Il y aura une catastrophe environnementale sans égale (...) et ce sera une catastrophe humanitaire car le pétrole rendra le port de Hodeida inutilisable", a-t-elle déclaré.

Le groupe environnemental yéménite Holm Akhdar, "Rêve vert" en arabe, a averti qu'une marée noire pourrait déborder sur le golfe d'Aden et la mer d'Arabie. Il a ajouté que la région mettrait 30 ans pour s'en remettre et quelque 115 des îles de la mer Rouge perdraient leurs habitats naturels. Dans un pays où la majorité de la population dépend déjà de l'aide, on estime que 126.000 pêcheurs, dont 68.000 à Hodeida, perdraient leur source de revenus. "Au milieu d'une pandémie mondiale et en bordure d'une zone de conflit, les chances d'une réponse rapide et adéquate (à une pollution) sont extrêmement faibles", écrit IR Consilium dans un rapport. Pour Doug Weir, directeur de la recherche et des politiques au Conflict and Environment Observatory, basé au Royaume-Uni, "les risques sont clairs : plus le conflit se prolonge, plus ils deviennent importants, et plus toute opération de sauvetage sera complexe et coûteuse".


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.