«Nouvelle aube»: la Fashion week démarre à Paris sur le podium

Sur 97 maisons inscrites au calendrier officiel de cette Fashion week qui s'achève le 5 octobre, un tiers ont opté pour les défilés «en vrai». (AFP)
Sur 97 maisons inscrites au calendrier officiel de cette Fashion week qui s'achève le 5 octobre, un tiers ont opté pour les défilés «en vrai». (AFP)
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Publié le Mardi 28 septembre 2021

«Nouvelle aube»: la Fashion week démarre à Paris sur le podium

  • Vert, fuchsia, turquoise, doré: la collection femme et homme respire la fraicheur et la jeunesse avec de multiples tenues ornées de franges
  • Parmi les grands absents: Celine, mené par le créateur Hedi Slimane, qui juge les Fashion weeks obsolètes, et Stella McCartney, autre maison du géant du luxe LVMH

PARIS: Devant un public masqué et muni du pass sanitaire, la Fashion week a démarré lundi à Paris, avec la plupart des grandes maisons qui renouent avec le défilé après la parenthèse des présentations virtuelles, pandémie oblige.


C'est le Nigérian Kenneth Ize, parrainé par la mannequin star Naomi Campbell, qui a ouvert la semaine du prêt-à-porter féminin printemps-été 2022.


"C'est une nouvelle aube pour moi", a déclaré à l'AFP le styliste portant un vernis à ongle doré dans les coulisses du défilé au palais de Tokyo, haut lieu de la Fashion week qui a été accompagné d'un musicien jouant du saxophone. 


Vert, fuchsia, turquoise, doré: la collection femme et homme respire la fraicheur et la jeunesse avec de multiples tenues ornées de franges.


Plusieurs looks sont faits en aso oke, tissu à larges rayures multicolores créé par le Yorubas d'Afrique de l'Ouest, cher au styliste.


Originaire de Lagos et diplômé de l'Université des arts appliqués de Vienne où il a grandi, il puise dans le patrimoine textile de son pays pour des coupes contemporaines.


Même si la robe de mariée est un attribut des défilés haute couture, Kenneth Ize en a fait une, pour la première fois, pour sa collection du prêt-à porter: longue, d'une coupe épurée et ornée de détails dorés. 


Au cours de cette première journée dédiée traditionnellement aux jeunes créateurs, défilera également la marque Weinsanto de Victor Weinsanto qui a récemment intégré le calendrier officiel et est adepte des défilés performances. 


La Française Marine Serre, styliste avant-gardiste et écoresponsable, clôturera la journée de lundi, avec une présentation virtuelle.

Plus de 30 défilés 
Sur 97 maisons inscrites au calendrier officiel de cette Fashion week qui s'achève le 5 octobre, un tiers ont opté pour les défilés "en vrai". 


Contrairement à celle de Londres, où les invités ont tombé le masque, les fashionistas auront l'obligation d'en porter un à Paris. 


Dior, Chanel, Hermès, Louis Vuitton..., les ténors préparent des shows physiques. Givenchy présentera le premier défilé "en vrai" du directeur artistique américain Matthew Williams, qui a apporté une touche "street" à la maison historique française. 


Balenciaga, qui a habillé Kim Kardashian d'une combinaison noire intégrale pour le Met Gala le 14 septembre, donne également rendez-vous "en vrai". 


Saint Laurent, première grande maison à avoir quitté le calendrier officiel pendant la crise du Covid pour se rebeller contre la frénésie des Fashion weeks, est de retour avec un défilé mardi soir.


"On se réjouit de leur retour et de la présence des autres marques", commente pour l'AFP Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode. "Toutes les grandes maisons sont là à quelques exceptions près, il y a de nouvelles marques, on sent cet appétit du physique, du show". 


Parmi les grands absents: Celine, mené par le créateur Hedi Slimane, qui juge les Fashion weeks obsolètes, et Stella McCartney, autre maison du géant du luxe LVMH.


Off-White, marque de l'Américain Virgil Abloh, également styliste des collections homme chez Louis Vuitton, a déserté le calendrier depuis plusieurs saisons.


"Les situations peuvent bouger, dépendre des souhaits, des aspirations, des projets des uns des autres à un moment donné", souligne Pascal Morand. 


Un défilé hommage à Alber Elbaz, directeur artistique de Lanvin pendant quatorze ans, mort du Covid en avril à 59 ans, clôturera la Fashion week. 


Plus de 40 maisons de couture rejoindront le studio de design AZ Factory, son dernier projet, pour créer des looks en son hommage.


Dans une grotte du Périgord, 500 000 ans d'archives du climat

Le paléoclimatologue Dominique Genty opère dans la grotte de Villars, occupée au Magdalénien inférieur par des chasseurs-cueilleurs de Cro-Magnon, le 23 mai 2023. (Photo, AFP)
Le paléoclimatologue Dominique Genty opère dans la grotte de Villars, occupée au Magdalénien inférieur par des chasseurs-cueilleurs de Cro-Magnon, le 23 mai 2023. (Photo, AFP)
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  • La grotte renferme des informations inestimables: l'oxygène présent dans l'eau de pluie infiltrée, accumulée et dissoute sous terre pour former des concrétions de calcaire, et le carbone, issu de la succession de plantes au-dessus de la grotte
  • En fixant les deux éléments, ces stalagmites ont «enregistré» le climat du passé

VILLARS: Lampe frontale sur la tête, le chercheur Dominique Genty s'engouffre plusieurs fois l'an, depuis 1992, dans les kilomètres de galeries souterraines de Villars, en Dordogne, dans le sud-ouest de la France pour y déchiffrer l'évolution du climat.

Sous une plateforme métallique permettant aux touristes d'admirer des silhouettes de chevaux dessinées il y a 20 000 ans ou le spectacle féérique des milliers de stalagmites, stalactites et autres coulées de voile de calcaire, le paléoclimatologue périgourdin montre deux trous percés durant ses recherches sur les "spéléothèmes", ces dépôts minéraux du milieu souterrain.

La grotte renferme des informations inestimables: l'oxygène présent dans l'eau de pluie infiltrée, accumulée et dissoute sous terre pour former, au fil des millénaires, des concrétions de calcaire, et le carbone, issu de la succession de plantes au-dessus de la grotte.

En fixant les deux éléments, ces stalagmites ont "enregistré" le climat du passé.

"Leur variation est liée à l'abondance ou non de la végétation au-dessus de la grotte, et comme la présence de végétation à la surface est directement liée au climat, ces éléments nous renseignent sur son évolution", résume ce directeur de recherche au CNRS.

Avec Ludovic Devaux, ancien plongeur de la Marine nationale désormais assistant ingénieur, le chercheur explore ainsi les grottes européennes et nord-africaines pour y prélever des stalagmites, véritables "archives climatiques".

Seules les concrétions déjà cassées sont découpées à la scie diamantée pour ne pas "détruire l'esthétique" des lieux, proche de celle observée par les premiers homo sapiens.

Dans son laboratoire bordelais, armé d'une fraise de dentiste, le scientifique "échantillonne" ensuite les poussières de calcite sur les stalagmites récoltées.

Il les insère dans un spectromètre de masse pour mesurer l'abondance des isotopes de carbone et en déchiffrer "le signal climatique".

Un outil similaire, mesurant l'uranium et le thorium, permet de dater l'échantillon en remontant jusqu'à 500 000 ans.

En Chine, un chercheur a même retracé l'évolution des moussons locales depuis 640 000 ans.

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Dominique Genty étudie le changement climatique en analysant les stalagmites, les stalactites et la roche de la grotte. (Photo, AFP)

Essais nucléaires

A Villars, l'analyse chronologique des teneurs en carbone 14 (C14) - un isotope radioactif du carbone - des stalagmites a permis de détecter l'impact du pic des essais nucléaires menés dans le monde durant la guerre froide.

"Les essais menés à cette époque ont dégagé beaucoup de C14 dans l'atmosphère", qui s'est infiltré ensuite dans le vivant, puis, via l'eau de pluie, dans les stalagmites souterraines, selon les chercheurs.

Le pic de C14 mesuré dans d'autres grottes de France, de Slovénie et de Belgique, intervient à chaque fois en décalage de plusieurs années après 1963, date du traité de Moscou qui mit fin aux essais nucléaires dans l'atmosphère.

Cette découverte "prouve" que l'essentiel du carbone tiré des stalagmites était bien celui présent auparavant dans l'atmosphère et la végétation, et sert de "traceur" pour mieux connaître le temps d'infiltration de l'eau et du carbone entre la surface et la grotte.

Elle a permis d'accréditer la discipline, désormais en plein essor avec des dizaines de laboratoires en Autriche, Allemagne, France, Royaume-Uni, Australie, États-Unis ou Chine.

Avec une datation plus longue, des données localisées, et un faible coût d'expédition, la recherche sur les "spéléothèmes" des grottes complète l'analyse des carottes glaciaires ou marines, autres mémoires du climat, prélevées dans les pôles et les océans.

Changement brutaux

Elle reconstitue les grands cycles de l'histoire du climat, entre période glaciaire et interglaciaire, engendrés par l'évolution des paramètres de l'orbite de la Terre, et détecte les variations abruptes à l'intérieur de ces cycles.

Les "progrès technologiques" permettront aussi bientôt "d'estimer les températures moyennes" d'époques lointaines, parie M. Genty, en modélisant en 3D une stalagmite de la grotte, avec une application grand public de son smartphone.

Pour évaluer le réchauffement actuel lié à l'activité humaine, le chercheur a installé depuis 1993 des capteurs souterrains, afin de mesurer l'évolution des températures, de l'écoulement de l'eau ou de la teneur en CO2.

A 35 mètres sous terre, dans un environnement ultra-stable, le duo de scientifiques actualise, sur un ordinateur portable, les températures relevées: 12,2°C contre 11,1°C il y a trente ans. Une augmentation "énorme" en si peu de temps.

"On a déjà connu des changements brutaux" dans les cycles du passé mais "jamais un tel réchauffement rapide dans une période interglaciaire", comme actuellement, observe M. Genty.


Sur l’île grecque de Karpathos, «ce sont les femmes qui commandent!»

Des femmes assistent à un service religieux à Diafani, le village portuaire d'Olympos sur l'île de Karpathos, le 7 mai 2023. (Photo, AFP)
Des femmes assistent à un service religieux à Diafani, le village portuaire d'Olympos sur l'île de Karpathos, le 7 mai 2023. (Photo, AFP)
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  • Au centre de la société, les femmes d'Olympos jouent un rôle essentiel qui remonte à un système d’héritage datant de l’époque byzantine
  • Isolé du reste de l'île, ce village a toujours résisté aux changements jusqu'à ce qu'une route asphaltée ne soit construite dans les années 1980

KARPATHOS: Dans le nord de l’île égéenne de Karpathos, le village haut perché d’Olympos abrite l'une des rares sociétés matriarcales de Grèce qui résiste face au tourisme et à l'uniformisation des modes de vie.

Dans son atelier d'une ruelle étroite d'Olympos, qui compte moins de 300 habitants, Rigopoula Pavlidis s'affaire sur sa machine à coudre.

"Ici, ce sont les femmes qui commandent!", clame-t-elle fièrement. Giannis, l'époux, acquiesce en peignant des icônes.

"Mon mari ne sait rien faire sans moi, même pas sa déclaration d'impôts", se moque la sexagénaire.

Au centre de la société, les femmes d'Olympos jouent un rôle essentiel qui remonte à un système d’héritage datant de l’époque byzantine.

Malgré l'occupation ottomane à partir de 1538 puis la présence italienne dans l'île entre 1912 et 1944, Olympos garde ses spécificités.

Isolé du reste de l'île, ce village a toujours résisté aux changements jusqu'à ce qu'une route asphaltée ne soit construite dans les années 1980.

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Une couturière locale pose dans son atelier, situé dans une maison traditionnelle du village d'Olympos sur l'île de Karpathos, le 5 mai 2023. (Photo, AFP)

Héritage

Désormais, chaque été, des milliers de touristes s'affairent dans les hauteurs pittoresques.

"Ce système d'héritage était très avancé par rapport au reste de la Grèce. L'héritage de la mère allait à la fille aînée", explique Giorgos Tsampanakis, historien originaire du village de cette île située entre la Crète et Rhodes, dans le sud de la mer Égée.

Fille aînée, Rigopoula Pavlidis a donc hérité de 700 oliviers.

"Les familles n'avaient pas assez de biens pour les diviser entre tous les enfants (...) Et si on avait laissé l'héritage aux hommes, ils l'auraient dilapidé!", plaisante-t-elle.

Après le mariage, les hommes allaient habiter chez les femmes.

La prédominance des femmes se retrouve également dans la transmission des prénoms.

"La fille aînée prenait le prénom de la grand-mère maternelle, à l'inverse du reste de la Grèce, où c'était celui de la grand-mère paternelle qui était transmis", explique Giorgos Tsampanakis.

"De nombreuses femmes se font encore appeler par le nom de famille de leur mère et non par celui de leur mari", ajoute-t-il.

A partir des années 1950, l'émigration des hommes vers les Etats-Unis et d'autres pays européens oblige les femmes à gérer, seules, les exploitations agricoles.

A Avlona, un hameau agricole voisin d'Olympos, Anna Lentakis, 67 ans, cueille des artichauts avec fougue pour préparer son omelette bio qu'elle sert dans sa petite cantine.

"Nous n'avions pas d'autre choix que de travailler (...) C'était notre seul moyen de survivre", se souvient-elle.

Il y a encore quelques années, elle tenait la taverne "Olympos" dans le village éponyme. Mais désormais c'est Marina, sa fille aînée, qui l'a reprise.

"J'aime dire que l'homme est la tête de la famille, et la femme le cou. C'est elle qui oriente les décisions prises par l'homme", lance Marina.

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Cette photo prise dans le village d'Olympos sur l'île de Karpathos, le 6 mai 2023, montre les détails d'une maison traditionnelle. (Photo, AFP)

Caste sociale

Anna, sa fille, n'a que 13 ans, mais elle sait qu'un jour elle reprendra le flambeau: "C'est l'héritage de ma grand-mère et je serai fière de m'en occuper!".

Mais ce système d'héritage n'avantage que les aînées de la famille.

"Les filles cadettes devaient rester sur l'île pour être au service des aînées. Une sorte de caste sociale s'est créée", souligne Alain Chabloz, membre de la Société de Géographie de Genève qui a étudié le sujet.

Giorgia Fourtina, cadette de sa famille et qui ne s'est pas mariée, ne sent pas la société d'Olympos si progressiste: "C'est une petite société où une femme seule au café est mal vue", confie-t-elle.

Les femmes d'Olympos portent traditionnellement des costumes brodés composés de tabliers fleuris, d'un fichu sur la tête, et de bottes en cuir.

Véritables trésors, ces vêtements font partie de la dot.

Ce sont les femmes aussi qui fabriquent le pain dans les fours en pierre.

Irini Chatzipapa, 50 ans, est la plus jeune des femmes d'Olympos à encore porter quotidiennement cet ensemble.

"J'ai appris à broder à ma fille, mais à part pour les fêtes, elle ne porte pas ce costume qui n'est pas adapté à la vie moderne", confie la boulangère.

Mais sa mère, Sofia, 70 ans, qui tient d'une main de maître son café, s'inquiète.

"Notre costume devient juste un folklore pour les fêtes...Notre monde est en train de disparaître!", déplore-t-elle.


La vague de tourisme Netflix risque d'emporter la jetée d'un petit village suisse

Des touristes prennent des photos sur la célèbre jetée d'une série Netflix sud-coréenne dans le village d'Iseltwald au bord du lac de Brienz, dans les Alpes suisses, le 2 juin 2023. (Photo, AFP)
Des touristes prennent des photos sur la célèbre jetée d'une série Netflix sud-coréenne dans le village d'Iseltwald au bord du lac de Brienz, dans les Alpes suisses, le 2 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • La «faute» en revient à «Crash Landing on You», série sud-coréenne extrêmement populaire sur Netflix, et surtout une scène romantique tournée précisément à cet endroit
  • Plusieurs flashbacks se déroulent en Suisse, y compris la scène qui vaut à Iseltwald sa notoriété parmi les fans. Le héros de la série y joue au piano et la mélodie résonne sur la lac, alors que l'héroïne dont il tombera amoureux plus tard arrive en ferry

ISELTWALD: "J'ai enfin réalisé mon rêve!" s'extasie Isabel Palijon en regardant la petite jetée en bois, qui surplombe une eau turquoise. Les Alpes suisses en arrière-plan rendent le tableau encore plus idyllique.

Cette jetée est la principale raison pour laquelle la touriste philippine de 38 ans a fait 11 000 kilomètres jusqu'à Iseltwald, un village d'à peine plus de 400 habitants posé au bord du lac de Bienne non loin de Berne.

Et elle n'est pas seule. La "faute" en revient à "Crash Landing on You", série sud-coréenne extrêmement populaire sur Netflix, et surtout une scène romantique tournée précisément à cet endroit.

Romantique 

La série raconte la rencontre improbable d'une héritière milliardaire sud-coréenne, qui s'écrase en parapente dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, et tombe sur un bel officier chevaleresque et au service du régime totalitaire nord-coréen.

Plusieurs flashbacks se déroulent en Suisse, y compris la scène qui vaut à Iseltwald sa notoriété parmi les fans. Le héros de la série y joue au piano et la mélodie résonne sur la lac, alors que l'héroïne dont il tombera amoureux plus tard arrive en ferry d'Interlaken.

"J'aimerais qu'un jour quelqu'un fasse ça pour moi", rêve Jiah Hni Gwee, une Malaisienne de 35 ans, qui jette un regard envieux sur les lieux.

"Ce serait incroyable et romantique." Elle faisait partie des dizaines de touristes qui se pressaient sur les lieux la semaine dernière par une belle journée ensoleillée.

CLOY - les fans se réfèrent à la série par son acronyme - est devenue un incontournable dans une grande partie de l'Asie pendant les longues périodes de confinement liées au Covid-19.

Elle est, en dehors de la Corée du Sud, le deuxième K-drama le plus populaire parmi les téléspectateurs étrangers en 2021, après "Squid Game".

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Un couple de touristes s'assoit sur la célèbre jetée d'une série Netflix sud-coréenne dans le village d'Iseltwald au bord du lac de Brienz, dans les Alpes suisses, le 2 juin 2023. (Photo, AFP)

«C'est un peu trop»

Mais pour Iseltwald, c'est devenu un casse-tête. "Les chiffres ont explosé", explique à l'AFP Titia Weiland, responsable de l'office de tourisme du village. S'il est difficile de calculer le nombre de fans parmi les touristes, elle estime qu"il y a 1 000 visiteurs pour chaque personne locale vivant ici".

Elle souligne que "presque tout le monde à Iseltwald est heureux d'avoir de nombreux touristes", mais reconnaît que "c'est un peu trop".

L'été dernier, jusqu'à 20 autocars ont commencé à arriver chaque jour, obstruant la circulation et bloquant parfois l'accès au village.

Et les habitants se plaignent que les fans de CLOY se contentent d'une photo sur la jetée avant de repartir, semant le chaos mais peu d'argent.

"Quand vous avez des centaines ou des milliers de personnes qui se rendent à la jetée pour faire une photo, et que moins de 10% viennent ici pour boire quelque chose, c'est un problème", explique Sonja Hornung, la gérante de l'hôtel Strand qui surplombe le site. Pour faire face, la municipalité a annoncé des restrictions à l'accès le mois dernier et a installé un tourniquet sur l'embarcadère.

Pour passer, il faut payer des "frais de selfie" de cinq francs suisses (5,16 euros).

«Paradis sur Terre»

Pour Sonja Hornung, dont le restaurant offre aux clients un jeton pour le tourniquet, les nouvelles mesures ont fait une différence.

"L'année dernière, c'était terrible, (mais) ça s'est beaucoup amélioré", estime-t-elle.

Mais certains touristes ne cachent pas leur surprise face au tourniquet... et au prix.

"Oh, cinq francs!", s'exclame Florita Lichtensteiger, une Philippine de 64 ans vivant en Suisse. Elle a payé à contrecœur pour que les membres de sa famille puissent passer mais a refusé de faire de même pour elle.

"Tous mes invités veulent voir cet endroit" dit-elle, expliquant avoir été là une dizaine de fois au moins.

D'autres touristes ont préféré simplement prendre une photo depuis le rivage.

"Cela n'en vaut pas la peine", juge Nayeon Park, une Coréenne de 21 ans. Pour Tita Weiland, il n'y a pas d'alternative, ne serait-ce que pour payer l'entretien de la jetée et assurer la sécurité de ceux qui se promènent sur la frêle structure de bois qui avant CLOY accueillait une poignée de personnes par jour.

"Beaucoup de gens comprennent que quelque chose devait être fait", juge-t-elle: Iseltwald "est comme le paradis sur Terre. Nous voulons vraiment essayer de le préserver."