Au Soudan, l'Est marginalisé tape du poing sur la table

Des manifestants à Port-Soudan, dans l’est du pays, le 26 septembre (Photo, AFP).
Des manifestants à Port-Soudan, dans l’est du pays, le 26 septembre (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 octobre 2021

Au Soudan, l'Est marginalisé tape du poing sur la table

  • L'Est du pays, qui regroupe les Etats de la mer Rouge, de Kessala et de Gedaref, est une zone stratégique à de nombreux niveaux
  • Pourtant, le taux de pauvreté y est de 54%, selon les statistiques officielles, contre 36% au niveau national

KHARTOUM: La crise dans l'Est du Soudan, poumon commercial du pays paralysé depuis plusieurs jours par des manifestations, révèle une vieille et profonde frustration sur le partage des richesses qu'un récent accord de paix a remise en avant, selon experts et politiciens.

L'Est, qui regroupe les Etats de la mer Rouge, de Kessala et de Gedaref, est une zone stratégique à de nombreux niveaux. 

Il borde l'Egypte, l'Erythrée, l'Ethiopie et compte 714 kilomètres de littoral où se trouvent les principaux terminaux maritimes et pétroliers du pays.

En outre, c'est là que se trouvent les montagnes d'or du Soudan, cinq fleuves et plus de trois millions et demi d'hectares agricoles. 

Autant d'infrastructures et de ressources cruciales pour un pays dont l'économie à genoux peine à se relever des 30 ans de règne de l'autocrate Omar el-Béchir, renversé en 2019.

Crise ancienne

Pourtant, le taux de pauvreté y est de 54%, selon les statistiques officielles, contre 36% au niveau national. 

Pour le commentateur politique Amir Babiker, "la crise est très ancienne car depuis l'indépendance" du Soudan -- sous protectorat britannique jusqu'en 1956 --, "la région est marginalisée sur les plans politique et économique".

Mais en octobre 2020, explique-t-il à l'AFP, "un accord l'a fait exploser de nouveau": celui signé à Juba, la capitale du Soudan du Sud, entre le gouvernement de transition de Khartoum et cinq groupes rebelles d'autres régions, dont l'Est.

"Cet accord a créé une nouvelle crise", explique ainsi à l'AFP Sayed Abouamnah, qui avec des centaines de manifestants de l'Est bloque depuis une dizaine de jours routes, aéroport et docks de Port-Soudan, n'ayant concédé que le passage des pétroliers dans un port voisin pour permettre au Soudan du Sud d'exporter son or noir.

Ce leader des Beja, une des coalitions tribales les plus influentes de l'Est, estime en premier lieu que la délégation représentant l'Est à la signature de l'accord n'était pas inclusive.

"Les Beja (...) refusent d'être représentés par des gens qui n'ont rien à voir avec leur région", assure-t-il.

Pour M. Babiker aussi, le fait que la délégation envoyée à Juba "ne comprenait pas des membres de toutes les composantes de l'Est a envoyé un message négatif" aux habitants de la région.

M. Abouamnah estime par ailleurs que la délégation a fait trop de concessions à Khartoum, alors même que sa région "a toujours des revendications du fait de la négligence (de Khartoum) remontant à l'indépendance".

Il déplore que l'Est voie transiter toutes les richesses du pays ou presque sans jamais en tirer les bénéfices.

"Notre région regorge de ressources naturelles, dont 60% de l'or du Soudan et les revenus portuaires, et pourtant elle est à l'abandon", confirme Oussama Saïd, qui a dirigé la délégation de l'Est lors de la signature de l'accord de Juba.

Problème de représentativité

Il ne partage cependant pas les critiques du dirigeant Beja quant à la délégation à Juba, et défend son bilan.

M. Saïd souligne que la présence d'une délégation de l'Est était déjà en soi une victoire. "Jusqu'ici, Khartoum considérait qu'il n'y avait aucun différend avec l'Est et donc rien à négocier", affirme-t-il à l'AFP. 

"Faire reconnaître à l'Etat sa négligence et obtenir que 30% des recettes tirées de la région soient allouées à son budget propre représentent de véritables avancées", martèle-t-il.

Mais pour les Beja, un ensemble de tribus revendiquant une présence vieille de 7.000 ans sur ces terres et dotées de langues et de traditions qui les distinguent des autres Soudanais, la délégation aurait dû arracher plus à Khartoum.

Alors que l'accord de Juba prévoit la mise en place d'un Parlement et d'un gouvernement pour la région, ils réclament la révision de l'article 13 qui n'accorde dans ces instances que "30% de la représentation législative et exécutive" à l'opposition, notamment le parti du Congrès Beja, le reste allant à des représentants du gouvernement de Khartoum.

En attendant, les Beja ont remis à Khartoum un cahier de doléances qu'ils espèrent bien voir satisfaites. Sous peine de continuer à bloquer le port, l'aéroport et les routes qui permettent au Soudan de recevoir et d'acheminer un import-export plus que précieux pour les 40 millions de Soudanais.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.