A Nassiriya la frondeuse, la jeunesse d'Irak boycotte les législatives

Dans les rues, les affiches électorales sont elles quasi inexistantes ou bien vite lacérées. Honnis, les candidats font principalement campagne sur les réseaux sociaux (Photo, AFP).
Dans les rues, les affiches électorales sont elles quasi inexistantes ou bien vite lacérées. Honnis, les candidats font principalement campagne sur les réseaux sociaux (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 octobre 2021

A Nassiriya la frondeuse, la jeunesse d'Irak boycotte les législatives

  • Du désert à perte de vue et au milieu une ville frondeuse. Nassiriya et son demi-million d'habitants, majoritairement chiites, sont en plein sur l'axe routier nord-sud qui traverse l'Irak
  • Dans les rues, les affiches électorales sont elles quasi inexistantes ou bien vite lacérées. Honnis, les candidats font principalement campagne sur les réseaux sociaux

NASSIRIYA: Le 10 octobre, Anas boycottera les législatives en Irak car, pour lui, les élections sont "gâchées par les armes et l'argent". Une colère partagée par nombre de jeunes de Nassiriya, ville pauvre du sud de l'Irak devenue bastion de la contestation antipouvoir.

Du désert à perte de vue et au milieu une ville frondeuse. Nassiriya et son demi-million d'habitants, majoritairement chiites, sont en plein sur l'axe routier nord-sud qui traverse l'Irak. Pourtant, plus que d'autres, elle se sent laissée à l'abandon par Bagdad, 350 km plus au nord.

La pauvreté, ici, n'est pas un vain mot. Les infrastructures manquent, les coupures d'électricité se multiplient, les investissements à long terme se font attendre. Alors, même si deux ans après le soulèvement populaire d'octobre 2019 les manifestations se sont essoufflées en Irak, à Nassiriya la colère reste vive.

Régulièrement, des jeunes organisent des rassemblements sur les places publiques, ornées des portraits des "martyrs" tombés pendant les manifestations.

Dans les rues, les affiches électorales sont elles quasi inexistantes ou bien vite lacérées. Honnis, les candidats font principalement campagne sur les réseaux sociaux.

Anas, 21 ans, fait partie des 40% de jeunes Irakiens au chômage. Fraîchement diplômé en économie et gestion, il a peu d'espoir de trouver un emploi. Encore moins de voir un quelconque changement en votant aux législatives anticipées du 10 octobre.

"En Irak, les élections sont truquées", affirme Anas, installé au "Café des écrivains". Et de déplorer l'omniprésence des armes et l'argent dans le scrutin. "Je ne peux pas voter avec un pistolet sur la tempe", dit-il.

«Voir ses amis morts»

Le scrutin est une des concessions des autorités face au soulèvement populaire. Mais les figures de la contestation ont finalement opté pour le boycott.

Comme une bonne partie de jeunes Irakiens, Anas a été sensibilisé à la politique à l'automne 2019 avec cet immense et inédit mouvement de protestation, antipouvoir et anticorruption.

"J'étais quelqu'un de normal, j'allais à la fac, j'envoyais des textos à ma copine, j'étudiais", se souvient-il. "Mais après la révolution d'octobre, j'ai senti que j'avais une responsabilité, que j'avais ma place dans la société, que j'étais entendu".

Mais les manifestations sont réprimées dans le sang. Au moins 600 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers blessées.

Les factions armées pro-Iran -- regroupées au sein du Hachd al-Chaabi et désormais intégrées à l'Etat --, sont accusées par les militants d'être responsables de la répression. Et ces mêmes groupes sont pointés du doigt pour les dizaines d'enlèvements, d'assassinats ou de tentatives d'assassinat qui ont visé des figures de la contestation.

Dans ce contexte, impossible d'aller aux urnes. D'autant que les jeunes opposants rejettent l'ensemble de la classe politique, accusée d'être en cheville avec les Etats-Unis ou avec l'influent voisin iranien et les factions armées.

"Il est difficile pour un candidat de faire campagne à Nassiriya, surtout après octobre (2019) et les massacres qui ont eu lieu", témoigne Haider Jaafar, 23 ans. 

"Certains estiment que n'importe quel candidat peut être lié de près ou de loin au meurtre de leurs amis".

Haider se remémore la journée du 28 novembre 2019 durant laquelle 85 manifestants ont été tués à Nassiriya, dont des amis à lui. 

"A notre âge, on ne devrait pas voir ses amis morts, baignant dans leur propre sang", lâche-t-il.

Impunité

Le gouvernement avait promis que "les responsables des meurtres de manifestants rendraient des comptes dans les six mois", rappelle Haider. "Nous n'avons rien vu."

Après des études d'infirmier, Haider attend toujours un emploi dans le public. Il s'est donc résolu à travailler dans la distribution de produits cosmétiques. 

"Nous pensions que les élections étaient l'unique moyen de changer les choses", reconnaît Haider.

"Mais comment peut-on organiser un scrutin lorsque tant d'armes sont en circulation sans aucun contrôle et quand les partis ont tant d'influence et brassent tant d'argent?"

Les seuls à trouver grâce aux yeux de Muntazer, qui étudie l'ingénierie médicale en Azerbaïdjan, sont les candidats indépendants. La nouvelle loi électorale est censée les avantager aux dépens des traditionnels "blocs" politiques.

"Qu'il y ait un ou dix indépendants à gagner les élections, ils peuvent devenir un outil de pression" à l'Assemblée nationale, espère Muntazer.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk