Les dirigeants de l'UE en quête d'influence face à Washington et Pékin

Le château de Brdo: c'est dans ce décor bucolique aux pieds des Alpes slovènes que se tient aujourd'hui le sommet informel consacré à l'élargissement de l'UE aux pays des Balkans. (Photo, Présidence slovène de l'UE)
Le château de Brdo: c'est dans ce décor bucolique aux pieds des Alpes slovènes que se tient aujourd'hui le sommet informel consacré à l'élargissement de l'UE aux pays des Balkans. (Photo, Présidence slovène de l'UE)
Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE réunis mardi soir au château de Brdo. (Photo, AFP)
Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE réunis mardi soir au château de Brdo. (Photo, AFP)
Le château de Brdo: c'est dans ce décor bucolique aux pieds des Alpes slovènes que se tient aujourd'hui le sommet informel consacré à l'élargissement de l'UE aux pays des Balkans. (Photo, Présidence slovène de l'UE)
Le château de Brdo: c'est dans ce décor bucolique aux pieds des Alpes slovènes que se tient aujourd'hui le sommet informel consacré à l'élargissement de l'UE aux pays des Balkans. (Photo, Présidence slovène de l'UE)
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Les dirigeants de l'UE en quête d'influence face à Washington et Pékin

  • Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement ont échangé à la veille d'un sommet informel consacré à l'élargissement aux pays des Balkans
  • L'affaire des sous-marins français et le retrait chaotique d'Afghanistan ont relancé la réflexion sur l'autonomie des Européens

CHATEAU DE BRDO, SLOVENIE : Quelle place pour l'Europe face aux deux superpuissances rivales que sont les Etats-Unis et la Chine ? Après l'Afghanistan et la crise des sous-marins, les dirigeants de l'UE se sont retrouvés mardi en Slovénie pour la première fois, avec la volonté de renforcer leur influence.

Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement ont échangé jusque tard dans la nuit autour d'un dîner au château de Brdo, non loin de la capitale Ljubljana, à la veille d'un sommet informel consacré à l'élargissement aux pays des Balkans.

"Tirant les leçons des récentes crises, nous sommes déterminés à consolider nos atouts" et à "réduire nos liens de dépendance", a résumé dans un communiqué le président du Conseil européen Charles Michel, après plusieurs heures de discussions.

A son arrivée, le président français Emmanuel Macron, encore ébranlé par la rupture du mégacontrat d'achat de sous-marins français par l'Australie, a appelé les Européens à "être clairs" avec eux-mêmes.

Clairs "sur ce que nous voulons pour nous, pour nos frontières, pour notre sécurité".

Au menu du dîner, une question centrale: comment "travailler de bonne foi avec les partenaires historiques" de l'UE tout en "accroissant indépendance et souveraineté", a-t-il souligné.

Avant de s'envoler pour Ljubljana, M. Macron avait pu s'expliquer avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, de passage à Paris.

Devant ces tensions, les pays nordiques et baltes exhortent toutefois à la prudence, insistant sur la préservation de la relation transatlantique.

"L'UE ne peut pas se refermer sur elle-même", a commenté le Premier ministre suédois Stefan Löfven, cité par l'agence de presse nationale TT, souhaitant "développer la coopération à la fois avec la Chine et les Etats-Unis".

L'affaire des sous-marins est intervenue quelques semaines après le retrait chaotique de l'armée américaine d'Afghanistan en août, qui a relancé la réflexion sur l'autonomie des Européens.

La création d'une force européenne de réaction rapide de 5000 militaires est en discussion depuis plusieurs mois, et le fiasco afghan a mis en lumière les carences militaires du Vieux Continent.

"Les récents événements sont les symptômes de profonds changements géopolitiques. En réponse, nous devons développer notre capacité à agir", a commenté sur Twitter le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Il ne s'agit pas de choisir "entre une défense européenne et l'Otan", mais de combiner "les deux", a précisé M. Michel dans un tweet.

Depuis Washington, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait critiqué un peu plus tôt les efforts pour créer des structures "concurrentes" de l'Otan, au risque d'affaiblir et de diviser l'Alliance atlantique.

Les relations avec la Chine ont aussi été évoquées, Emmanuel Macron rappelant la nécessité que "l'Europe parle avec une voix qui soit sa voix", et pas forcément à l'unisson de Washington.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui participe à l'un de ses derniers rendez-vous au sommet après 15 ans de domination de la scène européenne, a toujours oeuvré à un rapprochement avec Pékin, alors que le marché chinois est très convoité par les puissantes industries germaniques.

Mais l'accord sur les investissements conclu fin 2020 entre Bruxelles et Pékin a été suspendu sine die sur fond de tensions autour des droits humains. 

Autre thème du dîner, la hausse des prix de l'énergie, un sujet de préoccupation de plusieurs pays européens, de la France à la Grèce, a été brièvement abordée.

Face à cette flambée redoutée pour ses conséquences sociales, la Commission européenne devrait proposer la semaine prochaine des solutions de court terme, avec une discussion plus approfondie au sommet de l'UE des 21 et 22 octobre.

En marge de la réunion, les opposants à la vaccination contre le Covid-19 ont fait entendre leur voix : plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre de Ljubljana, la police usant de canons à eau et de gaz lacrymogène pour les disperser.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.