HELSINKI: Le président finlandais Sauli Niinisto a vécu une journée moins chargée que d'habitude mercredi car il a partagé ses responsabilités avec une adolescante de 16 ans dans le cadre d'une campagne internationale de promotion des droits des filles.
« Toute cette journée est l'une des meilleures expériences que j'ai vécues depuis longtemps », a déclaré #GirlsTakeover devant le palais présidentiel, après avoir passé la journée à rencontrer des responsables politiques et à prononcer une intervention devant une conférence sur le changement climatique.
Nella Salminen a été selectionnée par l'organisation Plan International pour travailler le temps d'une journée aux côtés du président Niinisto dans le cadre de la campagne #GirlsTakeover, qui permet à des adolescentes du monde entier d'assumer des responsabilités dans les domaines politique et économique pendant une journée.
Dans le cadre de cette campagne, organisée avant la Journée des filles de l'ONU le 11 octobre, des adolescentes ont pris la place du ministre ougandais de l'Education, d'un conseiller fédéral suisse ou du PDG de grandes sociétés indonésiennes.
Le jeune fille a souligné que le message qu'elle adressait à ses aînés était de mieux reconnaître le potentiel des filles et de les impliquer d'avantage dans les décisions de nature politique.
« Ce n'est pas juste que des décisions qui ont pour moi un fort impact soient prises par des décideurs sans demander ... l'avis de ma génération », a-t-elle estimé.
Elle a également évoqué avec le président finlandais le thème de la campagne 2021, l'impact sur le genre des fausses informations qui circulent sur internet.
« Les fausses informations et la désinformation sur internet n'ont pas cessé de proliférer et c'est très difficile de trouver des informations correctes », a déclaré Nella Salminen.
« Les personnes de ma génération sont celles qui le savent le mieux et c'est l'un des messages que nous pouvons communiquer à la génération plus âgée », a-t-elle ajouté.
Le gouvernement finlandais est dirigé par la Première ministre Sanna Marin, qui est devenue la plus jeune détentrice au monde de ce poste lorsqu'elle y a accédé à l'âge de 34 ans, à la tête d'une coalition de cinq partis de centre-gauche tous dirigés par des femmes.
Le rôle du président est plus représentatif bien qu'il supervise la politique étrangère à l'exception des affaires européennes et soit à la tête des forces armées.
« C'est un travail vraiment difficile mais réellement intéressant », a noté la jeune fille.
Elle a confié que son rêve était « d'apporter un changement dans le monde, de devenir diplomate ou peut-être même un jour présidente ». « On verra bien! », a-t-elle conclu.
Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.
Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.
Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.
"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.
"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.
Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.
Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.
"Bouc émissaire"
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.
Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.
Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.
L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.
L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.
"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."
"On ne vole pas"
Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.
Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".
"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.
Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.
"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.
Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.
Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.
"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.