En rétablissement, Navalny compte revenir en Russie

Le principal opposant politique russe, Alexeï Navalny, va mieux (Photo, Alexander NEMENOV/AFP).
Le principal opposant politique russe, Alexeï Navalny, va mieux (Photo, Alexander NEMENOV/AFP).
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Publié le Mercredi 16 septembre 2020

En rétablissement, Navalny compte revenir en Russie

  • « Je ne sais encore presque rien faire, mais hier (lundi) j'ai pu respirer par moi-même toute une journée », est-il écrit sur le compte Instagram d'Alexeï Navalny
  • Interrogée quant à un retour de l'opposant en Russie une fois rétabli, sa porte-parole a répondu qu' « il n'avait jamais été question d'autre chose »

MOSCOU: L'opposant russe Alexeï Navalny a diffusé mardi sur Instagram un premier message et une photo de lui depuis son empoisonnement présumé fin août et sa porte-parole a signifié qu'il reviendrait en Russie une fois remis.

La Russie a quant à elle réaffirmé être étrangère aux problèmes de santé du détracteur numéro un du Kremlin et ne voir aucun indice d'une tentative d'assassinat à l'aide d'un agent neurotoxique de type Novichtok, contrairement à ce qu'affirment trois laboratoires européens. 

S'entretenant au téléphone avec son homologue allemand Heiko Maas mardi, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a une nouvelle fois appelé Berlin à transmettre à Moscou le dossier médical de Navalny, disant que la Russie était « prête à coopérer » dans cette affaire.

Il a appelé Maas à « refuser de politiser davantage la situation » autour de l'empoisonnement de l'opposant russe numéro un.

« Je ne sais encore presque rien faire, mais hier (lundi) j'ai pu respirer par moi-même toute une journée », est-il écrit sur le compte Instagram d'Alexeï Navalny, la photo jointe le montrant les yeux ouverts et les traits tirés, assis sur son lit d'hôpital en compagnie de son épouse, de son fils et de sa fille.

« C'est un procédé étonnant et sous-estimé par beaucoup. Je le recommande », a-t-il plaisanté.

Il a aussi dit à ses 1,7 million d'abonnés : « Vous me manquez », une semaine après avoir été sorti d'un coma artificiel.

L'opposant, victime d'un empoisonnement intentionnel le 20 août à Tomsk en Sibérie selon son entourage, pourra bientôt se passer de « ventilation artificielle », avait fait savoir la veille l'hôpital de Berlin où il est soigné.

Retour en Russie

Interrogée quant à un retour de l'opposant en Russie une fois rétabli, sa porte-parole a répondu qu' « il n'avait jamais été question d'autre chose ».

« Je comprends pourquoi on se pose la question, mais je trouve néanmoins étrange qu'on puisse penser » qu'il puisse s'exiler, a-t-elle commenté sur Twitter.

Plusieurs opposants ou adversaires du Kremlin ont été sciemment empoisonnés ces dernières années, d'autres assassinés par d'autres moyens. A chaque fois, la Russie a rejeté les accusations la visant.

Un laboratoire militaire allemand a conclu le 3 septembre à l'empoisonnement d'Alexeï Navalny, 44 ans, par une substance de type Novitchok, conçue à des fins militaires à l'époque soviétique.

Ce produit neurotoxique avait déjà été utilisé contre l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 en Angleterre. Pour Londres, le GRU, le renseignement militaire russe, est le principal suspect.

Des laboratoires français et suédois ont confirmé les conclusions allemandes, si bien que Paris et Berlin ont insisté de nouveau lundi sur la nécessité d'une enquête russe.

Selon ses partisans, Navalny a été empoisonné à la fin d'un voyage en Sibérie consacré à la campagne électorale de ses candidats aux élections locales du 13 septembre et à des enquêtes sur la corruption des élites.

Exclu de la scène politique et médiatique nationale, l'opposant dispose d'un très large auditoire sur les réseaux sociaux et chez les jeunes, notamment grâce à ses enquêtes visant l'entourage du président russe Vladimir Poutine.

Moscou refuse d'enquêter

Moscou refuse d'ouvrir une enquête criminelle sur l'affaire car les médecins russes affirment n'avoir identifié aucune substance toxique dans l'organisme de Navalny lorsqu'il a été hospitalisé en Sibérie.

La Russie met donc en doute la fiabilité des analyses allemandes, y voyant un prétexte pour l'Union européenne pour la menacer de nouvelles sanctions. Elle affirme aussi n'avoir aucun stock de Novitchok.

Ces stocks « ont été détruits en accord avec le protocole et les règlements de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques » (OIAC), a déclaré le chef du renseignement extérieur russe Sergueï Narychkine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a aussi fait part de son « incompréhension », car Moscou n'a pas reçu les données sur la santé de l'opposant réclamées à Berlin.

Le parquet allemand avait déclaré que celles-ci ne pourraient être transmises qu'avec l'accord d'Alexeï Navalny.

Concernant l'état de santé du patient, Peskov, qui ne prononce jamais le nom de l'opposant, a dit que « tout le monde » serait « content » s'il se remettait.

Le premier message de Navalny intervient au lendemain d'une victoire électorale symbolique à Tomsk, en Sibérie occidentale, où deux de ses partisans sont entrés au conseil municipal. D'autres ont été élus dans la troisième ville du pays, Novossibirsk.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.