La tension monte entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, rivaux du Caucase

Des chars de l’armée iranienne lors de manœuvres militaires dans la région nord-ouest du pays, près de la frontière irano-azerbaïdjanaise. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)
Des chars de l’armée iranienne lors de manœuvres militaires dans la région nord-ouest du pays, près de la frontière irano-azerbaïdjanaise. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)
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Publié le Vendredi 08 octobre 2021

La tension monte entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, rivaux du Caucase

  • Bien que les deux pays entretiennent en temps normal des relations cordiales, leurs visions politiques et leurs approches stratégiques divergent
  • «L’Iran ne veut pas accepter le fait que l’Azerbaïdjan ait gagné la guerre du Karabakh et libéré la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan de l’occupation arménienne»

WASHINGTON: Avec une querelle diplomatique qui, selon les observateurs régionaux, risque d’atteindre prochainement un seuil critique, les tensions entre l’Iran et l’Azerbaïdjan sont particulièrement vives.

Bien que les deux pays entretiennent en temps normal des relations cordiales, leurs visions politiques et leurs approches stratégiques divergent.

Les autorités azerbaïdjanaises, frustrées depuis longtemps par le soutien qu’apporte l’Iran à son voisin et rival, l’Arménie, ont lancé une campagne de répression contre la contrebande transfrontalière iranienne, qui constituait une bouée de sauvetage pour la résistance séparatiste arménienne dans la région du Haut-Karabakh.

En 2020, après un cessez-le-feu négocié par la Russie, les forces arméniennes ont renoncé à une grande partie du Haut-Karabakh au profit de l’Azerbaïdjan. Il s’agissait d’une victoire significative pour Bakou après une guerre qui a duré quarante-quatre jours.

Dans le Haut-Karabakh, des séparatistes arméniens protégés par des Casques bleus russes contrôlent toujours la ville de Khankendi, également connue sous le nom de «Stepanakert», ainsi qu’une poignée de villages environnants.

L’intégralité de la frontière commune entre l’Iran avec ce qui était autrefois le Haut-Karabakh occupé par les Arméniens est désormais sous le contrôle des autorités azerbaïdjanaises.

Cependant, des camions iraniens continueraient d’entrer dans le Haut-Karabakh sans payer les frais de douane requis au gouvernement azerbaïdjanais.

 

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Les forces terrestres de l’armée iranienne ont récemment mené des manœuvres militaires près de la frontière du pays avec l’Azerbaïdjan, malgré les critiques de son voisin du Nord-Ouest. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

«Ce n’est pas la première fois que des camions iraniens se rendent illégalement dans la région du Karabakh», a déclaré cette semaine le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev.

«Cela s’est produit à plusieurs reprises pendant la période d’occupation. Une soixantaine de camions iraniens sont entrés sans autorisation dans la région azerbaïdjanaise du Karabakh entre le 11 août et le 11 septembre de cette année, après que l’Azerbaïdjan a appelé l’Iran à mettre fin à cette pratique.»

«Nous avons alors décidé de contrôler la route qui traverse le territoire azerbaïdjanais pour mettre fin au passage des camions envoyés par l’Iran au Karabakh.»

Les tensions ont été attisées par des activités militaires conjointes organisées par l’armée azerbaïdjanaise avec la Turquie et le Pakistan à 500 kilomètres de la frontière du pays avec l’Iran.

M. Aliyev a également inauguré une nouvelle base militaire dans la ville de Jabrayil (juste à la frontière avec l’Iran, dans le Haut-Karabakh) en veillant à se faire photographier à côté de drones de combat de fabrication israélienne IAI Harop . Ces derniers ont causé d’importants dégâts pendant la guerre de 2020 lorsque l’Azerbaïdjan les a utilisés.

L’Iran affirme que l’Azerbaïdjan a autorisé Israël à établir une base à la frontière iranienne.

«L’Iran ne tolérera pas la présence du régime sioniste près de ses frontières», a déclaré Saïd Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

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Une photo fournie par le bureau du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le 1er novembre 2017, le montre (à droite) en compagnie du président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, à Téhéran. (AFP)

Par la suite, l’Iran a procédé à des exercices militaires le long de sa frontière avec l’Azerbaïdjan pendant plusieurs jours.

Selon l’agence de presse iranienne Tasnim, le gouvernement azerbaïdjanais a ordonné la fermeture d’une mosquée qui était liée au Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, à Bakou.

«La mosquée et le bureau de représentation de Seyyed Ali Akbar Ojaghnéjad, envoyé du Guide suprême, Ali Khamenei, à Bakou, ont été scellés et fermés sur ordre des autorités de la république d'Azerbaïdjan», a annoncé l’agence.

L’Azerbaïdjan a répondu en affirmant que cette décision était nécessaire en raison de «l’augmentation des cas de Covid-19 dans plusieurs sites de Bakou», ajoutant que le fonctionnement de la mosquée était «temporairement suspendu».

L’ambassade d’Iran à Bakou soutient qu’elle n’a pas été prévenue de cette décision.

Dans un entretien accordé à Arab News, Farid Shafiyev, président du Centre d’analyse des relations internationales, à Bakou, indique: «Seul l’Iran sera affecté par ces déclarations. Téhéran devrait d’abord considérer le Caucase comme une région de coopération potentielle.»

«Les déclarations de Téhéran sur les forces de pays tiers ou étrangères en Azerbaïdjan concernent principalement Israël et la Turquie, mais l’Iran doit comprendre que nous ne nous en cachons pas.»

«L’Azerbaïdjan coopère avec Israël et la Turquie sur le plan économique et militaire. Il entretient également des liens économiques solides avec les deux pays. Cette coopération sert, avant tout, à garantir la sécurité de l’Azerbaïdjan. Elle n’est pas tournée contre l’Iran.»

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Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, visite à Bakou le Parc des trophées militaires, qui expose le matériel saisi aux troupes arméniennes lors de la guerre qui s’est déroulée l’année dernière dans la région contestée du Haut-Karabakh. (AFP)

Selon M. Shafiyev, l’Iran redoute l’influence régionale croissante de l’Azerbaïdjan pour deux raisons. La première est le couloir de Zanguezour, que Bakou envisage de mettre en place à travers le sud de l’Arménie afin d’accéder à l’enclave de Nakhitchevan, à la frontière de la Turquie.

Selon M. Shafiyev, l’Iran craint que cette stratégie, établie conformément aux dispositions de l’accord de cessez-le-feu, ne laisse le pays en marge de la région.

La seconde explication réside dans la relation de longue date qu’entretient l’Azerbaïdjan avec Israël. Elle provoque la colère de l’Iran au moment où son programme nucléaire se trouve retardé par une série d’opérations secrètes dont le responsable, présume Téhéran, serait Israël.

M. Shafiyev affirme qu’il est fort peu probable que l’Azerbaïdjan cède aux tentatives d’intimidation de l’Iran.

«C’est notre droit souverain. Notre coopération avec Israël concerne avant tout la sécurité. Les armes israéliennes ont montré leur efficacité pendant la guerre patriotique [du Haut-Karabakh]», souligne-t-il.

 «En tant qu’ancien diplomate, j’aimerais que les problèmes se règlent par voie diplomatique. L’Iran devrait plutôt voir dans cette région un potentiel de coopération.»

Ahmed Obali, analyste azerbaïdjanais qui réside aux États-Unis et fondateur de Gunaz TV, pense également que l’issue de la guerre du Haut-Karabakh, en 2020, est le moteur de la politique iranienne dans la région.

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Un hélicoptère de l’armée iranienne procède à un exercice militaire dans la région nord-ouest du pays, près de la frontière irano-azerbaïdjanaise. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

«L’Iran ne veut pas accepter le fait que l’Azerbaïdjan ait gagné la guerre du Karabakh et libéré la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan de l’occupation arménienne», souligne-t-il.

«L’Iran a perdu des revenus importants lorsque l’Azerbaïdjan a repris le Karabakh aux Arméniens. La zone frontalière de cette région était largement utilisée pour la contrebande et l’exportation de stupéfiants. Désormais, c’est l’Azerbaïdjan qui est en contrôle.»

 «L’Iran est également opposé à la volonté de l’Azerbaïdjan de construire le couloir de Zanguezour, ce qui obligerait l’Iran à payer un tribut qu’il aurait pu percevoir.»

Il poursuit: «L’Iran a été pris en flagrant délit. Les chauffeurs de camion iraniens ont été arrêtés par les autorités azerbaïdjanaises après avoir livré des marchandises. Ces déplacements ont désormais cessé, ce qui ajoute à l’irritation de Téhéran.»

«La consolidation des liens entre la Turquie et l’Azerbaïdjan dérange l’Iran. Les autorités iraniennes sont frustrées et se montrent plus agressives en raison de la montée en puissance de l’Azerbaïdjan.»

M. Obali affirme que la victoire de Bakou dans la guerre du Haut-Karabakh a remonté le moral des millions d’Azerbaïdjanais en Iran qui s’opposent à la politique de Téhéran envers leur ethnie.

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Des chars de l’armée iranienne lors de manœuvres militaires dans la région nord-ouest du pays, près de la frontière irano-azerbaïdjanaise. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

«L’Iran a été encouragé par le fait que la présence américaine soit plus réduite dans la région, avec son retrait d’Afghanistan, l’approche plus souple de l’administration américaine actuelle à l’égard de l’Iran ainsi que le rétablissement potentiel du plan d’action conjoint», explique Efgan Nifti, PDG du Caspian Policy Center, qui fait référence à l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien de 2015.

«L’Iran pense pouvoir défier ses partenaires occidentaux avec le léger retrait des puissances américaines et européennes. La reprise par Bakou du contrôle de son territoire souverain a mis fin au trafic et au commerce illicites de l’Iran.»

«De plus, l’ouverture du couloir de Zanguezour et des voies de communication régionales est-ouest fera perdre à l’Iran le contrôle du commerce et du transit.»

«L’Iran ressent également une grande frustration face aux difficultés économiques et au mécontentement populaire croissant, qui le rendent peu sûr de sa population multiethnique. Cette tension avec Bakou aide le régime à détourner l’attention du public des véritables problèmes intérieurs», ajoute M. Nifti.

Les victoires territoriales et stratégiques récentes de l’Azerbaïdjan, en plus de sa capacité à gagner le soutien d’Israël et de la Turquie, pourraient indéniablement constituer un moyen de dissuasion contre de futures ingérences iraniennes.

«L’Azerbaïdjan renforce ses relations avec la Turquie et Israël, ce que l’Iran perçoit comme une menace existentielle», conclut M. Nifti.

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Twitter: @OS26

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.