A six mois de la présidentielle, le duel Macron-Le Pen vacille

Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Vendredi 08 octobre 2021

A six mois de la présidentielle, le duel Macron-Le Pen vacille

  • À six mois de la présidentielle, l'irruption du trouble-fête Eric Zemmour dans la course à l'Elysée sème le doute sur le remake annoncé du duel de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen
  • Près d'une trentaine de candidats se bousculent sur la ligne de départ, dont une partie seulement obtiendra le précieux sésame des 500 parrainages pour l'élection à la présidence de la République

PARIS : À six mois de la présidentielle, l'irruption du trouble-fête Eric Zemmour dans la course à l'Elysée sème le doute sur le remake annoncé du duel de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Près d'une trentaine de candidats se bousculent sur la ligne de départ, dont une partie seulement obtiendra le précieux sésame des 500 parrainages pour l'élection à la présidence de la République, prévue le 10 et 24 avril prochains, même si Emmanuel Macron et Eric Zemmour ne se sont pas encore officiellement déclarés. 

A ce stade, les sondages confirment les uns après les autres la présence d'Emmanuel Macron au second tour, qu'elles que soient les configurations, et pratiquement tous le donnent à nouveau vainqueur. 

Déjà une trentaine de candidats pour la présidentielle

Au moins une trentaine de candidats à la présidentielle de 2022, poids lourds de la politique ou "simples citoyens", se sont déjà déclarés, mais la liste définitive, qui devrait être réduite d'ici là, ne sera connue qu'au printemps.

Pour pouvoir se présenter au premier tour, ces candidats doivent en effet obtenir l'investiture de leur parti pour ceux qui s'inscrivent dans ce schéma, et le soutien de 500 élus issus de 30 départements et collectivités différents. Ces parrainages d'élus doivent ensuite être validés par le Conseil constitutionnel.

Les candidats non déclarés

Ils ne sont pas encore officiellement dans la course, mais font déjà beaucoup parler d'eux: 

- Le président sortant Emmanuel Macron n'a toujours pas annoncé son intention de briguer un second mandat. Il caracole en tête des sondages. 

- Le polémiste Eric Zemmour a fait une irruption tonitruante dans la campagne depuis la rentrée. Il maintient le doute sur sa candidature. Un sondage l'a placé cette semaine au second tour. 

A gauche, les sept compagnons

A gauche, ils sont nombreux à s'être déjà lancés dans la course, mais aucun d'entre eux ne parvient pour l'instant à décoller:

- L'eurodéputé EELV Yannick Jadot a remporté fin septembre la primaire des Verts, le seul parti qui ait choisi ce système pour désigner son candidat.

- Pour la France insoumise (LFI), le suspense est levé depuis bientôt une année: Jean-Luc Mélenchon sera son candidat. 

- La maire PS de Paris Anne Hidalgo a annoncé sa candidature début septembre, mais le maire du Mans Stéphane Le Foll maintient sa candidature à l'investiture du PS pour la présidentielle.

- L'ex-ministre socialiste Arnaud Montebourg a choisi de se lancer hors parti.

- Le PC lance son propre candidat, le secrétaire national Fabien Roussel, sans soutenir le candidat LFI comme lors des deux dernières présidentielles.

- Philippe Poutou, le conseiller municipal Nouveau Parti anticapitaliste et syndicaliste.

- La porte-parole de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud.

A droite, un congrès pour choisir

Le parti Les Républicains n'a toujours pas de candidat à l'Elysée. Les militants le choisiront lors d'un congrès le 4 décembre. La date limite de dépôt des candidatures, le 13 octobre, mais ils sont déjà nombreux à avoir annoncé leur candidature soit au congrès soit directement à la présidentielle.

- Le président des Hauts-de France (ex-LR) Xavier Bertrand s'est lancé seul dans la course à l'Elysée ce printemps. Il n'a toujours pas annoncé s'il se soumettrait ou pas au congrès de LR. 

- La présidente ex-LR de l'Ile-de-France Valérie Pécresse a choisi de se soumettre au congrès de décembre, tout comme l'ancien négociateur pour le Brexit Michel Barnier, le député LR Eric Ciotti et le maire LR de La Garenne-Colombes Philippe Juvin.

- Le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, souverainiste de droite et ex-allié de Marine Le Pen, a lancé sa campagne dimanche. 

Extrême droite

- La présidente du RN Marine Le Pen est officiellement candidate depuis plus d'un an. Dans la plupart des sondages, elle affronte Emmanuel Macron au second tour comme en 2017. 

Une multitude de "petits candidats"

Comme à chaque élection, nombre de candidats issus de formations plus modestes, des figures des "gilets jaunes" voire de complets inconnus du grand public, comptent se présenter.

Parmi eux:

- Le président des Patriotes Florian Philippot

- Anasse Kazib, syndicaliste Sud-Rail et candidat du CCR (Courant communiste révolutionnaire)-Révolution permanente, une ex-branche du NPA

- Le député Jean Lassalle, à la tête du mouvement "Résistons"

- Le président de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau

- Le président de "VIA, la voie du peuple" Jean-Frédéric Poisson, qui s'est dit prêt à se retirer en faveur d'Eric Zemmour

- Hélène Thouy pour le Parti animaliste

- Le "gilet jaune" Eric Drouet

- La "gilet jaune" Jacline Mouraud avec son parti Les Emergents

- L'enseignante Clara Egger pour le mouvement Espoir RIC 2022

- Antoine Martinez, ex-général de l'armée de l'Air, président de Volontaires pour la France et signataire au printemps d'une tribune controversée de militaires dans Valeurs Actuelles

- Alexandre Langlois, ex-policier et secrétaire général du syndicat Vigi, avec son parti Refondation

- Antoine Waechter, ex-candidat des Verts à la présidentielle de 1988.

- Georges Kuzmanovic, souverainiste, ex-LFI. 

En revanche, la présence de Marine Le Pen au second tour est en perte de vitesse.

"Toutes les enquêtes démontraient jusqu'à présent que les Français avaient décidé de remettre les deux challengers de 2017 face à face et que le match Macron-Le Pen se rejouerait avec des équilibres un peu différents", explique à l'AFP le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po, pour qui l'ordre qui semblait "immuable depuis 2017 est en train d'être bouleversé".

Le responsable de ce chamboulement n'est autre qu'Eric Zemmour qui ne cesse de monter dans les sondages, l'un d'eux l'ayant même placé cette semaine pour la première fois au second tour avec 17 à 18% des intentions de vote, derrière Emmanuel Macron (24 à 27%).

Présidentielle: comment conjurer le spectre de l'abstention ?

A six mois de la présidentielle, le spectre d'une forte abstention, après le record des dernières régionales, hante les politiques qui cherchent la parade pour combattre la désaffection et remobiliser les électeurs.

Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l’Élysée, plus de la moitié des électeurs ont boudé les urnes à chaque suffrage, des législatives de 2017 (51,3% et 57,3%) aux municipales de 2020 (55,25% et 58,6%), à l'exception notable du sursaut inattendu des européennes de 2019 (49,88%). 

Jusqu'à atteindre, sur fond de crise du Covid, des records aux régionales en juin dernier (66,72% et 65,31%), un niveau proche du référendum sur le quinquennat en 2000, record absolu d'abstention sous la Ve République avec 69,8%.

Dans le passé, l'élection présidentielle bénéficiait d'un effet mécanique de remobilisation. Quid de 2022 ?

"C'est impossible à prédire", estime le sondeur Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive), malgré des "paramètres", comme "l'éparpillement de la gauche qui peut démobiliser ses électeurs, faute de chance de victoire" et "un débat pour l'heure focalisé sur l'immigration et pas forcément à la hauteur des attentes des Français".

A ce stade, les dernières études des sondeurs relèvent des intentions de participation très en retrait par rapport à celles mesurées en septembre 2016 (17 points de moins pour Ipsos, 10 points pour Harris Interactive). 

Pour conjurer ce risque qui menace aussi leur légitimité, les politiques ont sonné la remobilisation.

Dans tous les camps, le débat sur l'abstention a rythmé la rentrée politique, chacun estimant qu'elle le dessert plus que les autres.

A l'Assemblée nationale, une mission d'information parlementaire a été lancée en juin, ponctuée par une "consultation citoyenne" auprès des Français en octobre.

En novembre, "on proposera des choses applicables immédiatement via la voie règlementaire ou une proposition de loi mais aussi des sujets de plus long terme pour le débat présidentiel ou une future réforme constitutionnelle", prévient le rapporteur de cette mission Stéphane Travert (LREM).

Simplification des procurations

Parmi les pistes évoquées, les députés étudient une simplification des procurations, peut-être sans passer par un commissariat ou une gendarmerie. 

Le vote électronique n'est en revanche pas plébiscité, en raison de "grosses difficultés en matière d'identité numérique". Les députés s'interrogent davantage sur le vote par correspondance ou anticipé.

Avec un souvenir douloureux pour la majorité: le tollé suscité en février par un amendement inattendu du gouvernement, sèchement retoqué au Sénat.

Il prévoyait que les électeurs puissent demander à voter de manière anticipée sur des machines à voter durant la semaine précédant le scrutin présidentiel. Les oppositions de tous bords avaient dénoncé un "tripatouillage".

Récemment le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, sans y être favorable à titre personnel, a expliqué "travailler à mettre en place le vote à distance", mais pas pour le scrutin de 2022.

Ces solutions "techniques" laissent cependant sceptiques nombre de spécialistes. "Je n'y crois pas un instant", répond Jean-Daniel Lévy, pour qui "le problème est avant tout politique", avec "des électeurs mécontents qui ne reviendront aux urnes que s'ils perçoivent clairement les enjeux de l'élection et y adhèrent". 

A l'Assemblée, Stéphane Travert insiste aussi sur "l'engagement" et la "citoyenneté" des jeunes: "on peut imaginer que quelqu'un de 18 ans qui reçoive sa carte d'électeur ait par exemple comme rôle de tenir un bureau de vote à l'élection suivante, dans une logique de droit et devoir", glisse-t-il.

Côté ministériel, la secrétaire d'État Sarah El Haïry travaille sur l'engagement citoyen avec les mouvements de jeunesse de tous les partis.

Mais les politiques ou les associations citoyennes ne sont pas les seuls à chercher des solutions.

L'animateur phare de C8 Cyril Hanouna entend par exemple "faire +campagne pour la campagne+", se fixant même pour objectif de faire reculer l'abstention de vingt points, écrit-il dans son livre "ce que m'ont dit les Français".

Pour ce faire, le présentateur et producteur va partir en tournée "dans ces villes que l'on voit rarement à la télévision", particulièrement dans des régions fortement abstentionnistes où ses émissions sont très suivies.

Selon Frédéric Dabi, directeur du pôle opinion de l'Ifop, Mme Le Pen apparaît désormais "relativement fragilisée" par la candidature de M. Zemmour, qu'il présente comme "un poison lent qui infuse dans une partie de l'électorat du Rassemblement national qui avait déjà des doutes sur la candidate du RN après sa campagne au second tour en 2017", quand elle avait raté son débat face à Emmanuel Macron. 

"Eric Zemmour apparaît comme un homme qui n'est pas du sérail, qui n'appartient pas à la classe politique et qui incarne assez bien le dégagisme. Il en joue, il en surjoue et en rejoue encore", estime M. Perrineau pour qui l'entrée en scène du polémiste n'est pas sans rappeler certains aspects de la candidature hors parti du président sortant en 2017.  

"Cela peut se dégonfler. Mais pour l'instant, en deux semaines, quel changement de perspective et quel désordre!", s'exclame le politologue.

Ticket plus accessible

Résultat: sous l'effet Zemmour, le ticket d'entrée au second tour devient plus accessible: "Avec une offre électorale morcelée, il baisse automatiquement", constate M. Dabi qui rappelle que Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour le 21 avril 2002 avec 16,8% des suffrages. 

Calendrier et mode d'emploi

L'élection présidentielle est prévue le 10 et le 24 avril et les candidats ayant obtenu 500 parrainages pourront s'y présenter. Elle sera suivie par les législatives en juin. Voici le mode d'emploi:

Calendrier

Le Conseil des ministres a fixé le 13 juillet les dates de la présidentielle. Le premier tour aura lieu le 10 et le second le 24 avril. Le choix était restreint compte tenu des impératifs fixés par la Constitution. Pour la présidentielle, il n'y avait que deux couples de dates possibles: 10 avril/24 avril ou 17 avril/1er mai. Le choix des dates a fait l'objet d'une concertation avec les partis politiques autour du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Le scrutin se déroulera pendant une période de congés scolaires: le 10 avril, seule la zone B sera en vacances. Le 24 avril, toutes les zones, A, B et C, seront en congé.

Les législatives se dérouleront dans la foulée avec un premier tour le 12 juin et un second le 19 juin.

Mode de scrutin

Le chef de l'Etat est élu au suffrage universel direct, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. 

Il doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés en un ou deux tours, quel que soit le taux de participation.

Le vote blanc, qui permet d'exprimer un refus de choix, n'est pas reconnu en France. Depuis une loi de 2014, ces bulletins sont cependant décomptés séparément des votes nuls et annexés au procès-verbal de chaque bureau de vote, mais ils ne sont pas pris en compte dans le calcul des suffrages exprimés.

L'élection des députés pour un mandat de cinq ans se fait au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, constamment utilisé sous la Ve République à l'exception des élections de 1986 qui se sont faites au scrutin proportionnel (listes départementales).

Parrainage

Pour entrer officiellement dans la course, les candidats doivent recueillir 500 parrainages d'élus (maires, parlementaires, conseillers régionaux et départementaux...) dans au moins 30 départements différents, et sans dépasser 50 signatures dans un même département. La période de collecte des parrainages débutera au lendemain de la publication du décret de convocation des électeurs début 2022. 

Les électeurs

Les Français inscrits sur les listes électorales pourront voter à la présidentielle, y compris ceux installés à l'étranger, qui étaient près d'un million en 2017. Le vote commence dès samedi dans les Antilles françaises, en Guyane (Amérique du Sud), à Saint-Pierre et Miquelon (archipel français d'Amérique du Nord) et en Polynésie française (Pacifique Sud). Traditionnellement, les Français découvrent le visage du président élu sur les écrans de télévision à 20h00.

Déjà huit présidents depuis 1959

Huit présidents ont été élus depuis l'instauration de la Ve République en 1958 :

Depuis 2017 : Emmanuel Macron (centre) 

2012-2017 : François Hollande (socialiste)

2007-2012: Nicolas Sarkozy (droite)

1995-2007: Jacques Chirac (droite), qui a enchaîné un septennat et un quinquennat 

1981-1995: François Mitterrand (socialiste), qui a effectué deux mandats de sept ans 

1974-1981: Valéry Giscard d'Estaing (droite), qui a effectué un septennat

1969-1974: Georges Pompidou (droite), décédé deux ans avant la fin de son mandat

1959-1969: Charles de Gaulle (droite), élu par un collège électoral pour un premier septennat puis réélu au suffrage universel direct en 1965. Il a démissionné après avoir perdu un référendum l'année suivante.

Cette baisse du ticket pourrait-il profiter à d'autres candidats qu'Eric Zemmour? Comme la droite ne désignera son candidat que début décembre, il est difficile de tirer des conclusions pour l'instant, mais les sondages placent Xavier Bertrand en embuscade derrière Marine Le Pen et Eric Zemmour. 

Pour M. Perrineau, rien n'est donc joué y compris au second tour: "Des sondages montrent que Xavier Bertrand pourrait battre Emmanuel Macron s'il accède au second tour", souligne-t-il.

Les militants ne désigneront pourtant leur candidat que le 4 décembre parmi M. Bertrand, s'il accepte de s'y soumettre, Valérie Pécresse, Michel Barnier ou encore Eric Ciotti. "LR n'a pas perdu, mais attendre le 4 décembre, ça ne peut que renforcer une certaine fébrilité du peuple de droite qui ne veut ni de Zemmour ni de Le Pen", explique M. Dabi. 

Les thèmes qui dominent le début de la campagne à la présidentielle

L'immigration, l'environnement ou encore le pouvoir d'achat : la course à l'Elysée a débuté cet automne sur des thèmes traditionnels. Voici quelques promesses des candidats: 

Immigration

Avec l'entrée en scène d'Eric Zemmour début septembre, les thèmes de l'immigration et de l'insécurité ont dominé le début de campagne, obligeant la plupart des candidats à se positionner. Marine Le Pen a, pour sa part, présenté les contours de son référendum pour combattre l'immigration. La droite cherche la parade, avec également des promesses de toucher à la Constitution et, à gauche, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "vision rabougrie de la France"

Selon un sondage Ifop réalisé à la fin août, l'immigration et l'insécurité ne constituent pourtant pas la principale préoccupation des Français, largement devancées par les interrogations sur "l'avenir du système social", comme la réforme des retraites. Mais par tranche d'âges, 59% des plus de soixante ans se disent inquiets, 30 points de plus que les moins de 35 ans.

Le pouvoir d'achat

Depuis la rentrée et l'entrée en lice de plusieurs candidats, les promesses pour améliorer le pouvoir d'achat des Français se multiplient. La PS Anne Hidalgo a proposé de doubler le salaire des enseignants pendant le prochain quinquennat. A gauche, plusieurs candidats promettent une hausse du Smic, à l'image du communiste Fabien Roussel qui veut l'élever à 1.800 euros bruts par mois.   

A droite, Valérie Pécresse propose une "grande conférence salariale" et une augmentation du salaire net de 10% en abaissant les charges salariales. Quant à Xavier Bertrand, il défend l'idée d'une "prime au travail" pour qu'il n'y ait "plus un salarié à temps complet recevant moins de 1.500 euros net par mois". 

L'énergie

Avec les prix du gaz et de l'essence qui flambent, les candidats multiplient les idées pour réduire la facture énergétique des Français. Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé que le gouvernement allait "bloquer" le tarif réglementé du gaz jusqu'en avril 2022. Fabien Roussel (PCF) propose de "diviser par deux les factures d'énergie". Anne Hidalgo est favorable à une baisse de la TVA sur l'essence. Une idée que défend Marine Le Pen, qui souhaite abaisser TVA sur l'essence, le gaz et l'électricité à 5,5% au lieu de 20%. 

Jean-Luc Mélenchon veut, quant à lui, bloquer les prix des produits de première nécessité, dont ceux du gaz, de l'électricité et de cinq fruits et légumes. A droite, Valérie Pécresse promet la construction de six nouveaux EPR si elle est élue à la présidence.

Environnement

Les questions environnementales constituent la principale préoccupation des jeunes électeurs. Le candidat écologiste Yannick Jadot, désigné candidat fin septembre lors d'une primaire, promet notamment "d'aller vers l'ISF climatique", qui taxerait davantage "le patrimoine financier qui investit dans les énergies fossiles". A droite, Michel Barnier, l'ex-négociateur du Brexit, se dit favorable à l'instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'UE. 

Autres idées

Ils sont plusieurs à prôner une nationalisation des autoroutes, comme Arnaud Montebourg et Marine Le Pen. Xavier Bertrand plaide, quant à lui pour "une République des territoires" qui serait plus décentralisée.

Quant à la gauche, dont les nombreux candidats ne décollent pas pour l'instant dans les sondages, elle court le risque de connaître un "troisième 21 avril", en étant éliminée du second tour comme en 2017 et en 2002, prévient M. Dabi. "On n'a jamais eu un bloc de gauche aussi faible autour de 25-27%.

Pour M. Perrineau, elle est même "en miettes". "Aucun leader n'arrive à exister. On a l'impression qu'en quelques semaines, la gauche a utilisé toutes les stratégies possibles, mais rien ne marche", observe-t-il. 


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.