Un café-bibliothèque de Mossoul sensibilise la population à la politique

Les candidats aux élections utilisent le café Forum du livre de Mossoul apporter une réponse à l'apathie politique qui règne dans la jeunesse irakienne. (AFP)
Les candidats aux élections utilisent le café Forum du livre de Mossoul apporter une réponse à l'apathie politique qui règne dans la jeunesse irakienne. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 octobre 2021

Un café-bibliothèque de Mossoul sensibilise la population à la politique

  • Depuis que Mossoul a été reprise aux extrémistes de Daech, en 2017, le café est devenu un lieu d’échange populaire plébiscité par les jeunes militants, universitaires, journalistes et étudiants
  • En Irak, il existe un fossé énorme entre les citoyens et le système politique», déclare Harith Yassine Abdelkader, cofondateur du Forum du livre

MOSSOUL (Irak)/BOGOTA (Colombie): À la table d'honneur du café Forum du livre de Mossoul, un soir de septembre, le blogueur politique Saad Amer présente ses deux conférenciers invités, tous deux candidats indépendants aux élections législatives du 10 octobre prochain en Irak.

Il s'agit du cinquième événement de ce type organisé par le Khutwa Club, une société de débats qui se réunit régulièrement dans le café populaire de la ville du nord, son principal espace culturel et littéraire.

Depuis que Mossoul a été reprise aux extrémistes de Daech, en 2017, le café est devenu un lieu d’échange populaire plébiscité par les jeunes militants, universitaires, journalistes et étudiants.

Dans un pays où la politique est dominée par des groupes armés et où les critiques sont assassinés en toute impunité, le succès rencontré par le Khutwa Club pour motiver une jeunesse majoritairement apathique est un exploit remarquable en soi.

«En Irak, il existe un fossé énorme entre les citoyens et le système politique», déclare Harith Yassine Abdelkader, cofondateur du Forum du livre, à Arab News, à l’occasion d'un événement organisé au Club Khutwa.

«Notre objectif est d'aider les gens à approfondir le système politique irakien et à sensibiliser le peuple afin qu'il puisse choisir le meilleur candidat pour lui, comprendre le programme électoral des candidats et les lacunes de leurs programmes.»

L'éducation politique est au cœur de la mission du Khutwa Club. En 2003, après des décennies de régime baasiste, les États-Unis et d'autres puissances occidentales ont installé à Bagdad un système démocratique sur le modèle de leurs propres institutions séculaires.

Les principes de la démocratie à l'occidentale étaient étrangers à de nombreux Irakiens qui, pendant des siècles, avaient mené leurs affaires selon des principes tribaux et religieux. Les puissances étrangères, les groupes armés et les individus corrompus ont rapidement profité de la situation, façonnant un système qui n'était démocratique qu’en apparence.

«L'objectif de ce club est d'éduquer les citoyens sur les termes, les aspects et les idées politiques courants», déclare Abdelkader. «Peut-être qu'un citoyen ne sait pas ce qu'est le libéralisme, ce qu'est la politique civique, ce qu'est l'islam politique, ou encore la différence qui existe entre les partis au pouvoir et les partis islamistes.»

Les candidats aux élections utilisent le café Forum du livre de Mossoul apporter une réponse à l'apathie politique qui règne dans la jeunesse irakienne. (AFP)

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Le Club Khutwa propose des discussions sur l'alphabétisation politique et la participation, en particulier auprès des jeunes Irakiens. (Photo fournie)

Il est évident que de telles idées rencontrent un écho favorable parmi les rangs croissants d’une jeunesse instruite et sans emploi. De jeunes Irakiens, exaspérés par l'élite dirigeante de leur pays, ont défilé par centaines de milliers dans les villes d’Irak au mois d’octobre 2019, exigeant le renversement de l'ordre établi depuis 2003.

Bien que ces manifestations aient eu pour conséquence la démission du Premier ministre de l'époque, Adel Abdel-Mehdi, le mouvement s'est rapidement essoufflé avec le début de la pandémie mondiale et les attaques féroces des milices progouvernementales.

Mais, surtout, sans une direction politique définie à la tête du mouvement, les jeunes manifestants irakiens n’ont pas été en mesure de traduire leur énergie et leur idéalisme en une force électorale susceptible de concrétiser leurs revendications.

En proposant des discussions sur l'alphabétisation et la participation politiques, le Khutwa Club et d'autres établissements similaires pourraient constituer les plates-formes indispensables pour rendre possible cette transition.

 

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Au Khutwa Club, les jeunes sont encouragés à s'engager en politique et à participer à la gestion de leur pays. (Photo fournie)

«Peut-être que ce que nous faisons ici ouvrira des horizons aux personnes qui souhaitent se présenter aux élections à l'avenir», affirme Abdelkader.

«Nous encourageons les jeunes à s'engager en politique. Nous essayons de mettre en place une nouvelle jeunesse politique avec une large base de soutien et une compréhension du processus politique irakien. Peut-être serons-nous les partisans de ces jeunes s'ils décident de se présenter aux élections.»

«Depuis plus de dix-sept ans, nous voyons les mêmes visages politiques. Ils n'ont rien proposé de nouveau. Ils ont toujours fait les mêmes fausses promesses. Nous devons nous concentrer sur les nouveaux visages, en particulier ceux des plus jeunes. Il y a une différence entre la mentalité d'un homme politique de 70 ans et celle d'un individu de 35 ans.»

 

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L'espoir électoral, Asil Al-Agha, a déclaré que les candidats indépendants ne réussiraient probablement pas sans une machine de parti derrière eux. (Meethak Al-Khatib pour Arab News)

Assis dans le public se trouve Obadia Mohammed, un étudiant en droit de 22 ans qui est l'un des habitués du club. Il est heureux d'avoir l'opportunité d'entendre des candidats locaux se présenter en indépendants.

«Mossoul souffre de la domination des grands partis politiques», déclare-t-il à Arab News. «Je voulais venir aujourd'hui pour soutenir les candidats indépendants, entendre ce qu'ils ont à dire, voir si je suis d'accord avec eux ou non.»

Le Khutwa Club est unique parce qu'il offre une plate-forme aux candidats qui, s’il n’existait pas, seraient écrasés par les partis dominants.

«Le club offre un environnement où il est possible d’échanger des opinions et de défier ses invités», souligne Mohammed. «Nous n'avions pas d’endroit semblable auparavant à Mossoul, et je le trouve extraordinaire.»

Mossoul, située dans le nord-ouest de l'Irak à majorité sunnite, n'a pas toujours été aussi tolérante vis-à-vis de l'expression politique. Entre 2014 et 2017, lorsque la ville devint la capitale du califat autoproclamé de Daech, la liberté d'expression et la participation démocratique ont été brutalement réprimées.

 

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Les militants de Daech, qui ont choisi Mossoul comme capitale, ont brutalement réprimé la liberté d'expression et la participation démocratique pendant trois ans dans certaines parties de l'Irak et de la Syrie. (Photo d'archive)

Avant même que les militants n'en prennent le contrôle, la ville était tout sauf un bastion de la liberté d'expression. Saad Amer, le blogueur politique de 28 ans qui a présidé le débat du Khutwa Club ce soir-là, se rappelle à quel point il pouvait être dangereux de s'exprimer.

«La pensée politique était interdite avant 2014. Mossoul était contrôlée par Al-Qaïda depuis 2009. De mémoire, personne ne pouvait parler de politique ni discuter d'idées laïques ou libérales. Tout le monde avait peur», confie-t-il à Arab News en marge de la réunion.

«Tout le monde, moi compris, essayait juste de suivre le rythme de la vie ici et, le jour des élections, nous allions voter pour un parti de notre origine ethnique pour nous protéger et protéger nos droits.»

«Après 2017, il y a eu une sorte de révolution à Mossoul. Les jeunes ont commencé à ressentir un sentiment de liberté et ils ont bénéficié de davantage de liberté d'expression. Ils ont pu faire entendre leur opinion et exprimer leurs opinions en public.»

Toutefois, même aujourd’hui, le Khutwa Club et ses invités sont parfois intimidés par des pressions qui se développent dans l'environnement politique trouble de l'Irak.

 

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Une banderole électorale accrochée au mur d'un bâtiment endommagé à Mossoul, la deuxième ville irakienne, le 3 octobre 2021, peu avant les élections législatives. (AFP)

 

«Nous recevons parfois des menaces de la part de certains partis politiques et de certains groupes armés, mais nous trouvons toujours un moyen de contourner ce problème», souligne Amer. «Certaines de ces menaces sont proférées dans un langage dur qui s’en prend non seulement à notre club, mais aussi à nos idées et aux critiques que nous faisons des partis politiques.»

Sur l’estrade, les candidats indépendants plaident en faveur d'un système plus salubre, plus juste et plus transparent en Irak, qui supprimerait la corruption, les groupes armés et l'ingérence étrangère. Néanmoins, sans le soutien d’un puissant appareil de parti, leur chance d'entrer au Parlement ou d’apporter un changement significatif reste infime.

Asil al-Agha, 41 ans, est à Mossoul l'une des rares candidates aux élections. Ancienne membre du conseil provincial de Ninive, candidate à l'Iraq Renaissance and Peace Bloc, Al-Agha est une militante chevronnée; mais elle n'est que trop consciente du fait qu'elle doit manœuvrer dans les limites d'un système imparfait.

«Une grande partie des gens souffrent ici de la pauvreté et du manque d'emplois», déclare-t-elle à Arab News dans son bureau, situé près du campus universitaire de Mossoul. «Les politiciens sauront en profiter: ils vont promettre des emplois et de l'argent afin d’acheter des votes.»

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Une banderole électorale accrochée au mur d'un bâtiment endommagé à Mossoul, la deuxième ville irakienne, le 3 octobre 2021, peu avant les élections législatives. (AFP)

Al-Agha ajoute: «L'une des choses dont les gens souffrent le plus ici est la politique bureaucratique et la corruption dans les départements de l'État, où les citoyens sont exploités et forcés de payer des pots-de-vin – et ne parlons pas de la santé: nous n'avons pas d'hôpitaux publics capables de prodiguer les soins nécessaires.»

«Même si j’accédais à Bagdad, il serait très difficile de travailler sur ces questions. Je dois être forte et disposer d’une alliance politique puissante susceptible de faire pression sur les autres afin de faire reconnaître nos droits. Un politicien solitaire ne peut rien faire seul. C'est pourquoi je me présente avec un parti, et non en indépendante.»

Les élections irakiennes de 2018, les premières depuis la défaite de Daech, ont connu le taux de participation le plus bas jamais enregistré dans le pays. Compte tenu de la santé précaire de la démocratie irakienne, un changement de l'intérieur apparaît comme le seul espoir de ces jeunes Irakiens instruits, désabusés par les échecs de la révolution d'octobre 2019.

«Nous pensons que le seul moyen pour parvenir au changement est d'entrer dans la vie politique et de participer aux élections afin de choisir les bonnes personnes pour diriger le gouvernement», déclare Amer pour clore l'événement organisé au Club Khutwa.

«C'est la seule option disponible.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le carnaval des dattes dynamise l’économie à Buraidah

Le carnaval des dattes de Buraidah a été lancé vendredi au cœur de la ville des dattes, Buraidah. (SPA)
Le carnaval des dattes de Buraidah a été lancé vendredi au cœur de la ville des dattes, Buraidah. (SPA)
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  • Le festival se tiendra jusqu’au 9 octobre
  • Les agriculteurs et commerçants présentent plus de 100 variétés de dattes de Qassim

BURAIDAH: Le carnaval des dattes de Buraidah a été lancé vendredi au cœur de la ville des dattes.

Organisé par le Centre national des palmiers et des dattes, en collaboration avec le ministère saoudien de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture, et sous la supervision du gouvernorat de Qassim, le festival se poursuivra jusqu’au 9 octobre.

Les agriculteurs et commerçants y présentent plus de 100 variétés de dattes de la région de Qassim, dont les célèbres Sukkari, Barhi et Saqi.

Le carnaval propose une programmation riche en activités et événements : expositions sur les industries de transformation, participation des familles productrices, artisanat autour du palmier, soirées culturelles mêlant poésie et patrimoine, ainsi que des représentations de groupes folkloriques traditionnels.

Un espace dédié aux enfants avec des activités de dessin est également prévu, en plus d’un large éventail de programmes conçus pour divertir et rassembler tous les publics.

À noter : la précédente édition du carnaval avait généré près de 3,2 milliards de riyals saoudiens (environ 85 millions de dollars) de ventes, avec une moyenne de 2 000 véhicules transportant des dattes chaque jour.

L’événement avait également attiré plus de 800 000 visiteurs, témoignant de son succès croissant et de son impact économique significatif.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com