Dmitri Mouratov, un Nobel de la Paix acquis au prix du sang

Dimitri Mouratov répondant aux questions des journalistes devant le modeste siège de son journal, Novaïa Gazeta, à Moscou. (Photo, AFP)
Dimitri Mouratov répondant aux questions des journalistes devant le modeste siège de son journal, Novaïa Gazeta, à Moscou. (Photo, AFP)
Dès l'annonce du prix Nobel, Dimitri Mouratov a été littéralement assailli par les journalistes devant le modeste siège de son journal à Moscou. (Photo, AFP)
Dès l'annonce du prix Nobel, Dimitri Mouratov a été littéralement assailli par les journalistes devant le modeste siège de son journal à Moscou. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 09 octobre 2021

Dmitri Mouratov, un Nobel de la Paix acquis au prix du sang

  • Colauréat du prestigieux prix, le journaliste dirige depuis 25 ans l'emblématique Novaïa Gazeta, un des rares médias d'investigation restants en Russie
  • Le journal paie son engagement pour la liberté d’expression au prix fort : six de ses journalistes ou contributeurs ont été tués depuis sa création en 1993
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Dimitri Mouratov répondant aux questions des journalistes devant le modeste siège de son journal. En face, des photos de la plus célèbre journaliste de ce journal, Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006. (Photo, AFP)

 

MOSCOU : Le journaliste russe Dmitri Mouratov, colauréat du prix Nobel de la paix, dirige depuis 25 ans l'emblématique Novaïa Gazeta, un des rares médias d'investigation restants en Russie dont l'engagement a coûté la vie à plusieurs de ses collaborateurs.

La remise du prix à M. Mouratov intervient au lendemain du 15e anniversaire de l'assassinat de la plus célèbre journaliste de ce journal, Anna Politkovskaïa, un crime prescrit depuis jeudi sans que le commanditaire ait été retrouvé.

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Hier encore, le journal commémorait la disparition d'Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques de la guerre sanglante en Tchétchénie et assassinée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble. (Photo, AFP)

 

Elle intervient aussi en pleine vague de répression visant l'opposition, les médias indépendants et les ONG critiques du Kremlin accusés, c'est selon, d'extrémisme ou d'être des "agents de l'étranger".

M. Mouratov, âgé de 59 ans, a dédié son prix à Novaïa Gazeta et à "ceux qui sont morts en défendant le droit des gens à la liberté d'expression".

"Je suis le mauvais bénéficiaire" de ce prix, a lancé M. Mouratov devant la presse, en le dédiant aux six journalistes et contributeurs assassinés de la publication, dont Anna Politkovskaïa. Ils ont "donné leur vie pour leur travail", a-t-il ajouté.

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L'ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, copropriétaire du journal, s'est félicité d'une "très bonne nouvelle" pour la presse mondiale, rendant hommage à M. Mouratov, "un homme merveilleux, courageux et honnête. (Photo, AFP)

 

M. Mouratov a aussi affirmé qu'il aurait remis cette distinction à Alexeï Navalny, opposant emprisonné et bête noire de Vladimir Poutine.

"J'aurais voté pour la personne sur laquelle pariaient les bookmakers, et cette personne a tout l'avenir devant elle. Je veux dire Alexeï Navalny", a souligné M. Mouratov.

Il a promis de reverser une partie de la somme accompagnant le Nobel pour soutenir les "médias indépendants et autonomes" de Russie.

Ce prix "est arrivé au moment juste", alors que "de multiples et puissantes forces en Russie veulent qu'il n'y ait plus de presse dans le pays, mais seulement de la propagande", a estimé Kirill Martynov, adjoint de M. Mouratov, en saluant un soutien "extrêmement important".

Selon lui, ce Nobel permettra de protéger davantage Novaïa Gazeta d'une éventuelle fermeture par les autorités.

L'ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, copropriétaire du journal, s'est félicité d'une "très bonne nouvelle" pour la presse mondiale, rendant hommage à M. Mouratov, "un homme merveilleux, courageux et honnête.

Avec son regard clair et son visage rond mangé par une barbe grise, M. Mouratov a des allures de père tranquille. Mais derrière ces dehors débonnaires se cache un caractère pugnace.

"Nous n'irons nulle part, nous ne sommes pas des agents de l'étranger, nous ne recevons pas de financements étrangers", martelait ainsi M. Mouratov en mars dans un entretien avec l'AFP.

"Nous resterons vivre et travailler en Russie", insistait-il, alors que nombre d'opposants et de journalistes s'exilaient dans la foulée de l'incarcération en janvier du principal adversaire du Kremlin, Alexeï Navalny.

Le Nobel de la paix récompense l'engagement d'une vie : Dmitri Mouratov avait déjà reçu plusieurs récompenses pour son combat en faveur de la liberté d'expression, comme le Prix international de la liberté de la presse du Comité pour la protection des journalistes en 2007 et la Légion d'honneur française en 2010.

Le Kremlin, pourtant souvent égratigné par Novaïa Gazeta, a rendu hommage au "talent" et au "courage" de M. Mouratov.

Ce dernier est né en 1961 à Kouïbychev, une ville de la Volga rebaptisée Samara après la chute de l'URSS.

Il découvre sa vocation de journaliste en travaillant à la pige pour quelques publications locales pendant ses études de philologie à l'Université d'Etat de Moscou.

Après avoir fait ses armes au sein du quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda, il participe, en 1993, à la fondation de Novaïa Gazeta, avec notamment le soutien financier du dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, lui-même prix Nobel de la paix.

Le Kremlin a rendu hommage au "talent" et au "courage" de Mouratov...

Sous la houlette de Dmitri Mouratov, Novaïa Gazeta, qu'il dirige de façon quasi continue depuis 1995, s'impose en machine à scoops.

Corruption, affaires impliquant le pouvoir : ce journal se penche sur tous les thèmes délicats, y compris ceux qui, avec l'arrivée à la présidence de Vladimir Poutine en 2000, deviennent inabordables pour les autres médias, notamment la guerre en Tchétchénie.

Aujourd'hui encore, désormais tri-hebdomadaire, il continue de publier de longs articles d'investigation au ton mordant, quitte à être dans le collimateur des autorités.

Novaïa Gazeta enquête ainsi sur les mystérieux mercenaires du groupe Wagner, des soldats de l'ombre de la Russie, ou la répression des homosexuels en Tchétchénie, s'attirant les foudres du dirigeant de cette république du Caucase russe, Ramzan Kadyrov, connu pour sa brutalité.

Lourd tribut

Cet engagement, le journal le paie au prix fort : six de ses journalistes ou contributeurs ont été tués depuis sa création en 1993.

Le cas le plus retentissant fut celui d'Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques de la guerre sanglante du Kremlin en Tchétchénie et assassinée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble. Les commanditaires de ce crime n'ont toujours pas été identifiés.

Ebranlé par ce meurtre, M. Mouratov a envisagé de fermer le journal, qui lui semblait "dangereux pour la vie des gens", confiait-il en mars à l'AFP.

Mais face à la détermination de sa rédaction, il décide de continuer.

Un autre collaborateur du journal, Igor Domnikov, a été tué en 2000, un assassinat commandité par un homme d'affaires visé dans une enquête journalistique.

Selon Novaïa Gazeta, Iouri Chtchekotchikhine, qui écrivait notamment sur la corruption et la Tchétchénie, est lui mort empoisonné en 2003 mais les autorités ont classé le dossier estimant qu'il n'y avait aucune preuve qu'un crime avait été commis.

L'année 2009 est particulièrement sanglante avec trois collaborateurs de la rédaction tués. L'avocat Stanislav Markelov et la pigiste de Novaïa Gazeta Anastassia Babourova ont été tués par balles en pleine rue par un militant d'extrême droite en 2009.

Enfin, Natalia Estemirova, proche d'Anna Politkovskaïa, a été enlevée et tuée en 2009 aussi. Elle représentait l'ONG de défense des droits humains Memorial en Tchétchénie et contribuait au journal, dénonçant les exactions commises par les autorités locales, sous contrôle de Ramzan Kadyrov, dans sa guerre sanglante contre des combattants indépendantistes puis jihadistes.

Respecté, le journal Novaïa Gazeta n'en reste pas moins relativement marginal en Russie et lu essentiellement par l'intelligentsia libérale.

Chaque numéro s'écoule aujourd'hui à quelque 80000 exemplaires. Le mois dernier, le site internet de Novaïa Gazeta a enregistré 17 millions de visiteurs.

 

 

 

 

 

 

 


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.