La guerre contre TikTok contrarie les ambitions de la tech chinoise

Short Url
Publié le Mercredi 16 septembre 2020

La guerre contre TikTok contrarie les ambitions de la tech chinoise

  • La menace d'interdiction de TikTok aux Etats-Unis contraint les géants chinois de la tech à repenser leur développement à l'international
  • Aux Etats-Unis, le président Donald Trump accuse, sans preuve, l'application de vidéos courtes TikTok d'espionnage potentiel au profit des services de renseignements chinois

PEKIN : La menace d'interdiction de TikTok aux Etats-Unis contraint les géants chinois de la tech à repenser leur développement à l'international, et risque de les obliger à se recentrer sur leur marché d'origine, estiment des experts.

Des smartphones aux infrastructures pour la 5G de Huawei, en passant par les jeux vidéo du groupe Tencent -- dont le très populaire PUBG -- et pléthore d'applications mobiles, les firmes chinoises ont réalisé ces dernières années une percée fulgurante à l'international.

Mais elles se retrouvent également de plus en plus menacées, dans un contexte d'accusations d'espionnage, en particulier aux Etats-Unis, et de tensions diplomatiques.

"La technologie devient de plus en plus un enjeu géopolitique" et pour un nombre croissant de pays "une priorité stratégique", déclare à l'AFP Dexter Thillien, analyste chez Fitch Solutions.

Ils "considèrent que l'innovation et les technologies ont un impact direct sur la sécurité nationale, l'économie et la stabilité sociale", analyse Alex Capri, chercheur pour la Fondation Hinrich, un organisme indépendant qui suit les évolutions du commerce mondial.

Après un différend frontalier meurtrier en juin avec la Chine, l'Inde a interdit près de 180 applications mobiles de son voisin, accusées d'être "préjudiciables à la sécurité de l'Etat". 

La décision écarte de fait les firmes chinoises du second plus gros marché mondial de l'internet en termes d'utilisateurs.

 "Techno-nationalisme"

Chaque pays "prend des mesures pour se renforcer", fait remarquer M. Capri, qui qualifie ce phénomène de "techno-nationalisme".

Aux Etats-Unis, le président Donald Trump accuse, sans preuve, l'application de vidéos courtes TikTok d'espionnage potentiel au profit des services de renseignements chinois. 

Le locataire de la Maison Blanche menace de l'interdire aux Etats-Unis au nom de la "sécurité nationale", à moins que les activités de la plateforme dans le pays ne soient revendues à une société américaine.

TikTok est utilisée chaque mois par 100 millions de personnes aux Etats-Unis -- soit environ un tiers de la population

Les firmes chinoises doivent ainsi trouver un difficile équilibre entre satisfaire les intérêts chinois et répondre aux exigences de pays étrangers, indique à l'AFP Larry Ong, analyste pour le cabinet SinoInsider.

Inévitablement, "les entrepreneurs chinois risquent d'y réfléchir à deux fois avant d'envisager de se développer à l'international", estime Nicolas Colin, co-fondateur de The Family, un incubateur de start-up européennes.

A la place, "plutôt que de risquer le même sort que TikTok, [ils] pourraient se recentrer sur le marché chinois", l'un des plus vastes et plus connectés au monde avec quelque 900 millions d'internautes, assure M. Colin.

Et ce spécialiste du numérique y voit un atout: les géants chinois de la tech connaissent déjà très bien leur marché, grand comme celui des Etats-Unis et de l'Europe réunis, où l'usage d'internet est "radicalement différent".

En Chine, les principaux géants mondiaux du numérique (Google, Facebook, Twitter...) sont bloqués derrière une "Grande muraille informatique" qui censure tout contenu jugé politiquement sensible.

TikTok a dans le pays une version spécifique, nommée Douyin. Son propriétaire, ByteDance, espère doubler d'ici l'an prochain le chiffre d'affaires de cette véritable poule aux oeufs d'or, actuellement à 5,1 milliards d'euros, a rapporté mardi l'agence Bloomberg.

'Frein à l'innovation'

Certains domaines innovants dans lesquels la Chine est à la pointe (voitures autonomes, intelligence artificielle, biotechnologies) offrent également aux géants chinois des technologies de nouveaux vecteurs de croissance.

Le moteur de recherche Baidu a ainsi lancé la semaine dernière à Pékin un service de taxis sans conducteurs, amené à révolutionner les transports.

Mais compte tenu de la dégradation des relations avec la Chine, les Etats-Unis vont probablement encore "accentuer leur pression sur les entreprises technologiques chinoises", prévient Larry Ong.

Et compte tenu de leur dépendance aux technologies américaines, certaines firmes chinoises risquent de "se battre pour leur survie" si elles font l'objet de sanctions de Washington, assure M. Ong citant l'exemple de Huawei.

Depuis mardi, le groupe chinois, sur liste noire américaine, ne peut plus utiliser de puces Kirin (du fabricant taïwanais TSMC) -- qu'il ne sait pas fabriquer en interne -- pour ses smartphones haut de gamme.

"Pékin fera tout son possible" pour soutenir ses géants, veut croire M. Thillien, évoquant des investissements massifs pour réduire la dépendance de la Chine aux technologies étrangères clés notamment les semi-conducteurs.

Le président chinois Xi Jinping a annoncé en mai une gigantesque enveloppe de 10.000 milliards de yuans (1.235 milliards d'euros) sur cinq ans à cet effet.

Mais la corruption et la faible protection de la propriété intellectuelle en Chine sont "un frein à l'innovation", estime Larry Ong. 


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.