Macron et Badinter exhortent à «l’abolition universelle» de la peine de mort

Macron et Badinter exhortent à «l’abolition universelle» de la peine de mort
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Publié le Samedi 09 octobre 2021

Macron et Badinter exhortent à «l’abolition universelle» de la peine de mort

  • «La peine de mort est vouée à disparaître dans le monde car elle est une honte pour l’humanité», a affirmé Robert Badinter, l'ancien garde des Sceaux
  • «La révolution que vous avez portée s’est ancrée dans la vie de la Nation française sans que n’augmente, comme le prédisaient alors vos opposants, la criminalité sanglante» a appuyé Macron

PARIS: Emmanuel Macron et Robert Badinter ont lancé samedi un vibrant appel à "l’abolition universelle" de la peine de mort, le chef de l'Etat annonçant une "rencontre au plus haut niveau" début 2022 pour "convaincre" les pays qui l'appliquent encore.

"La peine de mort est vouée à disparaître dans le monde car elle est une honte pour l’humanité", a affirmé Robert Badinter, l'ancien garde des Sceaux qui avait fait adopter l'abolition il y a juste 40 ans, le 9 octobre 1981. 

"Vive l'abolition universelle!", a-t-il conclu d'une voix de stentor qui a résonné sous la coupole du Panthéon, où était célébré l'anniversaire d'une loi ayant marqué la France et la présidence de François Mitterrand.

L'ancien avocat et garde des Sceaux âgé de 93 ans a été longuement applaudi par les quelque 200 invités, avant qu'Emmanuel Macron ne lui réponde, saluant sa "passion, en rien altérée par le temps" et sa "capacité d’indignation".

"La révolution que vous avez portée s’est ancrée dans la vie de la Nation française sans que n’augmente, comme le prédisaient alors vos opposants, la criminalité sanglante", a souligné le chef de l'Etat.

Promesse de campagne de François Mitterrand malgré une opinion majoritairement hostile, l'abolition a été votée par l'Assemblée nationale le 18 septembre 1981, puis le 30 septembre par le Sénat. La mise au rebut de la guillotine était promulguée le 9 octobre, quatre ans après la dernière exécution.

En 1981, la France était "le 35ème Etat à abolir la peine de mort", a rappelé Emmanuel Macron. Depuis, "106 Etats ont à ce jour emprunté cette voie quand 50 autres respectent un moratoire de droit ou de fait sur les exécutions", s'est-il félicité.

Mais, a-t-il aussitôt ajouté, "en France et en Europe, des voix que l’on croyait étouffées ressortent des tréfonds de l’Histoire pour appeler au rétablissement" de la peine capitale.

Alors que la question n'était plus guère débattue au niveau politique, elle s'est invitée dans la pré-campagne de la présidentielle lorsque le polémiste et potentiel candidat Eric Zemmour s'est déclaré "philosophiquement" "favorable" à la peine de mort. "Je ne pense pas qu'on ait bien fait" de l'abolir, a-t-il ajouté le mois dernier.

«Inéluctable»

Robert Badinter a cependant jugé improbable un retour de la peine capitale en Europe, où "aujourd'hui, il n’y aurait pas un magistrat qui se prononcerait" en sa faveur "dans les juridictions internationales".

L'objectif est surtout de "mener un nouveau combat", celui de "l'abolition universelle" alors que "483, un nombre certainement sous-évalué, exécutions" ont été perpétrées dans le monde en 2020, selon Emmanuel Macron.

"483 meurtres d’Etat administrés par 33 régimes politiques qui ont pour la plupart en commun un goût partagé pour le despotisme, le rejet de l’universalité des droits de l’Homme, mais pas uniquement", a-t-il dénoncé. La peine de mort est notamment encore en vigueur en Chine, aux Etats-Unis, en Iran et dans une trentaine de pays africains.

Emmanuel Macron a annoncé que, dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022, la France allait organiser "à Paris avec l’ONG Ensemble contre la peine de mort, une rencontre au plus haut niveau rassemblant les sociétés civiles des Etats appliquant encore la peine de mort ou un moratoire afin de convaincre leurs dirigeants de l’importance et de l’urgence de l’abolir".

Puis, lors de la prochaine Assemblée générale de l'ONU, "la France, avec ses partenaires de l’UE", mobilisera "autour d’une résolution pour que, chaque année, les Etats n’ayant pas aboli la peine de mort communiquent à l’ONU le nombre de condamnations prononcées et le nombre d’exécutions pratiquées", a-t-il ajouté.

Présent au Panthéon, Matthew Godberg, le président de la Coalition mondiale contre la peine de mort, qui regroupe 165 ONG dans le monde, s'est félicité de ces annonces, se disant persuadé que l'abolition de la peine capitale était "à terme inéluctable".

Dix-sept Français, dont une femme, sont toujours condamnés à mort à l'étranger et actuellement détenus dans six États: une en Algérie, un en Chine, un aux États-Unis, un en Indonésie, onze en Irak et deux au Maroc, selon Ensemble contre la peine de mort.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».