Retour de l'électricité au Liban grâce à l'initiative du gazoduc arabe?

Des manifestants sont rassemblés devant le siège de la compagnie d'électricité du Liban à Beyrouth, alors que des crises successives menacent de plonger ce pays qui traverse une grande difficulté financière dans l'obscurité totale. (AP)
Des manifestants sont rassemblés devant le siège de la compagnie d'électricité du Liban à Beyrouth, alors que des crises successives menacent de plonger ce pays qui traverse une grande difficulté financière dans l'obscurité totale. (AP)
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Publié le Mardi 12 octobre 2021

Retour de l'électricité au Liban grâce à l'initiative du gazoduc arabe?

  • L'accord sur le gazoduc arabe conclu avec l'Égypte, la Jordanie et la Syrie apporte aux Libanais une lueur d'espoir
  • Dimanche dernier, le réseau public d'électricité s'est complètement effondré au Liban, pour la deuxième fois depuis le début du mois

DUBAÏ: Le Liban est plongé dans l'obscurité cette semaine. Deux grandes centrales électriques du pays ont cessé de fonctionner avant que l'armée ne fasse un don de gasoil de ses stocks. Cette coupure de courant est le dernier épisode de la série de catastrophes qui s’abat sur l'ensemble des infrastructures du pays, et notamment sur le secteur de l'électricité.

Dans ce pays dont les besoins en énergie sont estimés à 3 000 mégawatts (MW), la production d'énergie est tombée sous la barre des 200 MW. Ainsi, le Liban a été plongé dans le noir. Un mois s’est écoulé depuis que la compagnie d'électricité du pays, Électricité du Liban (EDL), a averti qu’une panne d'électricité «totale et intégrale» se produirait si de nouvelles provisions de carburant n'étaient pas assurées.

Par ailleurs, cette baisse de la production d'électricité survient quelques semaines après l'accord des ministres de l'Énergie égyptien, jordanien, libanais et syrien qui vise à acheminer du gaz naturel de l'Égypte vers le Liban. Si elle se concrétisait, cette initiative fournirait au pays une alimentation en électricité qui pourrait atteindre dix-sept heures par jour.

À l'heure actuelle, les Libanais subissent des interruptions de courant allant jusqu'à vingt-deux heures par jour, alors que leurs dirigeants déploient d’importants efforts dans le but de réunir les capitaux étrangers nécessaires pour importer du carburant. Les opérateurs des générateurs privés sont, eux aussi, minés par la hausse vertigineuse des coûts du gasoil et des réparations.

«Nous espérons importer du gaz dans les plus brefs délais. Nos pays ont coopéré par le passé et cette coopération est pour nous une chose naturelle», déclarait le mois dernier l'ancien ministre libanais de l'Énergie Raymond Ghajar.

À l’issue d'une réunion qui s’est tenue au début du mois au Caire avec son homologue égyptien Tarek al-Moulla, M. Ghajar a précisé que l'Égypte avait proposé de fournir des quantités supplémentaires de gaz. De son côté, M. Moulla a suggéré qu'un accord pourrait voir le jour «dans les semaines à venir».

Cette initiative s'inscrit dans le cadre des actions menées par les États-Unis pour acheminer le gaz naturel via le gazoduc arabe qui part d'Arich, dans la péninsule du Sinaï, en Égypte, traverse la Jordanie et la Syrie et rejoint le Liban.

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L'ancien ministre libanais de l'Énergie Raymond Ghajar, la ministre jordanienne de l'Énergie, Hala Zawati, le ministre syrien du Pétrole et des Ressources minérales, Bassam Tohme, et son homologue égyptien, Tarek al-Moulla. (Reuters)

«Nous avons fait un grand pas dans la bonne direction, mais il faut en faire davantage», confie à Arab News Laury Haytayan, responsable de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord au Natural Resource Governance Institute (Institut de gouvernance des ressources naturelles), dont le siège se situe à New York. Elle explique la nécessité de former des comités techniques dans chacun de ces pays, dont la mission sera de contrôler l’état de l'oléoduc.

Selon M. Ghajar, le Liban négocie avec la Banque mondiale afin de financer l'importation de gaz naturel égyptien, qui alimentera le pays en électricité à hauteur de 450 MW.

«Pour produire 450 MW d'électricité, l'Égypte devra fournir au Liban près d’1 milliard de mètres cubes ou 670 000 tonnes de gaz», explique à Arab News Marc Ayoub, spécialiste de la politique énergétique à l'Institut Issam Farès de politiques publiques et d’affaires internationales de l'université américaine de Beyrouth (AUB). «L'Égypte peut sans doute fournir ce volume grâce aux grandes quantités de gaz identifiées ces dernières années.»

«Le total de la production d'énergie et la quantité de gaz requise dépendront en outre de la performance des centrales électriques libanaises», précise-t-il.

Au Liban, la production maximale d'électricité ne dépasse pas les 2 000 MW, un chiffre bien inférieur aux 3 400 MW requis lors de l’été 2017, période durant laquelle la demande a atteint son point culminant. Cependant, l'estimation du volume d'électricité produit est trompeuse: l'inefficacité du réseau fait perdre près de 50% de la production.

Le gazoduc arabe se trouve confronté à un autre défi de taille: l'état de l'infrastructure industrielle dans chaque pays concerné.

En Syrie, pays déchiré par la guerre civile depuis dix ans, ces infrastructures doivent être réparées en toute urgence pour que le gaz parvienne au Liban. C’est en 2010 que le gaz égyptien a cessé d’être acheminé par la Syrie.

«Ils ont promis de transporter le gaz dans les plus brefs délais», explique Mme Haytayan. «Mais que signifie exactement cette déclaration et combien de temps faudra-t-il réellement attendre avant que tout soit mis en œuvre?», s’interroge-t-elle.

Washington semble avoir accordé son approbation tacite à la solution du gazoduc arabe, en dépit des sanctions américaines contre la Syrie liées au Caesar Syria Civilian Protection Act (la loi César) de 2019, qui interdit les transactions financières avec les institutions syriennes.

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Au mois d’avril, la capitale du Liban, Beyrouth, a été plongée dans l'obscurité après l'arrêt de ses principales centrales électriques, dans un contexte de pénurie de carburant. (AFP)

«Cette démarche a reçu l'appui de l'ambassadeur des États-Unis au Liban. Cependant, la confirmation officielle du Trésor américain est indispensable», fait savoir Mme Haytayan.

Il convient toutefois de convenir des modalités de paiement exactes dans la mesure où chaque pays d'entrée impose des charges au transport du gaz. «Avant la guerre de Syrie, ils prélevaient par exemple un pourcentage du gaz transporté au lieu d'imposer des paiements en espèces», précise-t-elle.

Le gaz était autrefois acheminé vers la centrale électrique de Deir Ammar, au Liban. Si l'accord prend effet, il sera nécessaire de la rénover: elle fonctionne au carburant liquide depuis plusieurs années.

Si cet accord devait être mis en œuvre, ce ne serait pas la première fois que le Liban importe du gaz d'autres pays. «En 2004, année où le gazoduc arabe a été achevé, nous importions du gaz de l'étranger», rappelle Roudi Baroudi, expert en pétrole et en gaz, dans un entretien qu’il a accordé à Arab News.

Si le Liban avait su profiter du partenariat du gazoduc arabe, la trésorerie de l'État aurait économisé près de 5 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro) sur dix-huit ans. «Si l'on suppose que le prix du baril de pétrole se situe entre 50 et 60 dollars», précise M. Baroudi.

L'Égypte, la Jordanie et la Syrie seraient probablement disposées à accorder des prêts au Liban, du moins à court terme, estime M. Baroudi. Il précise par ailleurs que «le plus important, à présent, est de nouer des liens diplomatiques avec tous ces pays».

Pour tirer parti de l'approvisionnement via le gazoduc, M. Baroudi conseille de convertir les autres centrales électriques du Liban pour qu'elles fonctionnent au gaz. «Les centrales de Zahrani, Jiyé et Zouk doivent être converties et reliées au réseau», préconise-t-il.

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«Nous espérons que la communauté internationale financera des projets essentiels dans les secteurs public et privé afin de relancer le processus économique», déclare pour sa part le président libanais, Michel Aoun.

Par ailleurs, le Liban envisage de racheter à la Jordanie son surplus d'électricité, ce qui permettrait de fournir près de trois heures d'électricité par jour. «Grâce au recours aux énergies renouvelables, la Jordanie a produit ces dernières années un surplus d'électricité qu'elle cherche à vendre aux pays voisins», indique Mme Haytayan.

Dans ce contexte, le Liban a conclu un accord avec l'Irak au mois de février dernier qui porte sur l'échange d'un million de tonnes de pétrole irakien contre des produits dérivés compatibles avec les centrales électriques du Liban.

On ignore à ce jour quand les Libanais pourront bénéficier de ces échanges. En proie à la crise financière la plus grave de son histoire, le Liban a graduellement augmenté le prix du carburant au cours des derniers mois, la Banque centrale ne possédant plus les moyens de financer les importations de carburant.

Nombreux sont ceux qui estiment que la dernière flambée des prix, qui sera probablement suivie d'autres hausses au cours des prochaines semaines, sera suivie par la suppression définitive des subventions aux carburants accordées par le gouvernement.

Les fortes pénuries de carburant ont placé ce petit pays méditerranéen au bord de l'effondrement sur le plan humanitaire; les hôpitaux peinent à approvisionner en électricité les respirateurs et autres équipements de survie.

Faire le plein d'un véhicule de taille moyenne équivaut au salaire minimum (675 000 livres libanaises, soit environ 385 euros), alors que près de 80% des Libanais vivent en-dessous du seuil de pauvreté.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.