Rencontre à Doha entre les talibans et des représentants de l'UE et de Washington

La délégation talibane à Doha, le 12 octobre (Photo, AFP).
La délégation talibane à Doha, le 12 octobre (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 12 octobre 2021

Rencontre à Doha entre les talibans et des représentants de l'UE et de Washington

  • Les représentants américains et européens ont entamé mardi matin une réunion avec des délégués des talibans
  • Le pays est au bord d'une grave crise humanitaire, un tiers de la population afghane étant menacée de famine selon les Nations unies

DOHA: Des responsables de l'Union européenne et des Etats-Unis tiennent mardi au Qatar une réunion avec des dirigeants talibans au moment où ces islamistes radicaux au pouvoir en Afghanistan poursuivent leurs efforts diplomatiques pour obtenir un soutien international.

Arrivé au pouvoir en Afghanistan en août, le nouveau régime n'a été reconnu par aucun pays. Confronté à la paralysie de l'économie et l'imminence d'une grave crise humanitaire dans ce pays entièrement dépendant de l'aide internationale après vingt ans de guerre, il s'évertue à rompre son isolement diplomatique.

Les représentants américains et européens ont entamé mardi matin une réunion avec des délégués des talibans, selon un photographe de l'AFP. C'est la première rencontre tripartite de ce genre depuis la prise de Kaboul par les talibans.

Après un entretien avec des représentants américains durant le weekend à Doha, Amir Khan Muttaqi, ministre taliban par intérim des Affaires étrangères, avait annoncé lundi une rencontre le lendemain avec des "représentants de l'UE".

"Nous voulons des relations positives avec le monde entier. Nous croyons en des relations internationales équilibrées. Nous pensons qu'une telle relation équilibrée peut sauver l'Afghanistan de l'instabilité", avait-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Eviter un «effondrement»

La rencontre à Doha inclura aussi des représentants des Etats-Unis, a déclaré la porte-parole de l'UE, Nabila Massrali.

Selon Mme Massrali, ces entretiens devraient "permettre aux Etats-Unis et aux Européens d'aborder des problèmes" tels que la liberté de déplacement pour les personnes désirant quitter l'Afghanistan, l'accès à l'aide humanitaire et les droits des femmes.

Lundi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé des promesses non tenues par les talibans à l'égard des femmes et des filles. Il les a exhortés à "remplir leurs obligations en vertu du droit international des droits humains et du droit humanitaire."

Autre sujet devant être abordé selon la représentante européenne: les moyens pour empêcher l'Afghanistan de devenir un sanctuaire pour les groupes "terroristes".

Un attentat suicide revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a fait vendredi plus de 60 morts dans le nord-est du pays, le plus meurtrier depuis le départ des troupes américaines du pays le 30 août.

"Il s'agit d'un échange informel, au niveau technique. Il ne constitue pas une reconnaissance du +gouvernement par intérim+", a en outre insisté Mme Massrali. 

L'UE cherche avant tout à prévenir un "effondrement" de l'Afghanistan, a déclaré de son côté le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en amont des discussions de mardi. "Nous ne pouvons pas nous contenter de regarder et d'attendre. Nous devons agir, et rapidement", a-t-il ajouté.

Samedi à Doha, les talibans avaient rencontré des responsables américains pour les premières discussions directes avec Washington depuis leur prise du pouvoir à la mi-août. Leur chef de la diplomatie a appelé les Etats-Unis à établir de "bonnes relations" et à ne pas "affaiblir l'actuel gouvernement en Afghanistan".

Après avoir accueilli pendant des années les pourparlers entre les talibans et les Etats-Unis, le Qatar continue de jouer un rôle de médiateur incontournable entre le mouvement islamiste et les chancelleries occidentales.

Réunion G20

De leur côté, les dirigeants du G20 devaient tenir mardi un sommet virtuel pour discuter de la situation humanitaire et sécuritaire dans ce pays. La liste des participants à cette réunion, organisée par l'Italie, n'a pas encore été rendue publique.

Les Etats-Unis ont envahi l'Afghanistan en 2001 et fait chuter le régime des talibans, en réponse aux attentats du 11-Septembre planifiés par Al-Qaïda depuis l'Afghanistan, alors contrôlé par les talibans. Les troupes américaines se sont retirées fin août dernier, au terme d'un accord avec les talibans.

La prise de pouvoir des talibans a entraîné l'évacuation d'Afghanistan de plus de 100.000 personnes qui redoutaient des exactions ou des actes de vengeance de la part des nouveaux maîtres du pays.

Mardi, l'Espagne devait organiser un deuxième vol d'évacuations. Lundi, 84 personnes avaient été évacuées du Pakistan vers une base à Madrid. 

L'Afghanistan reste économiquement paralysé depuis l'arrivée des talibans au pouvoir, et le gel de tous les avoirs du pays et des aides internationales qui maintenaient son économie sous perfusion.

Le pays est au bord d'une grave crise humanitaire, un tiers de la population afghane étant menacée de famine selon les Nations unies.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com