France 2030 et l'environnement: «mirage technologique» ou «souveraineté écologique»?

Des activistes de Greenpeace ont investi la grue du chantier de la cathédrale Notre Dame de Paris pour faire passer leur message: entre les exigences des écologistes et les réalités de la compétitivité économique internationale, il est souvent difficile à trancher, alors que la planète des hommes va vers la catastrophe. (Photo, AFP)
Des activistes de Greenpeace ont investi la grue du chantier de la cathédrale Notre Dame de Paris pour faire passer leur message: entre les exigences des écologistes et les réalités de la compétitivité économique internationale, il est souvent difficile à trancher, alors que la planète des hommes va vers la catastrophe. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 13 octobre 2021

France 2030 et l'environnement: «mirage technologique» ou «souveraineté écologique»?

  • Les militants verts critiquent un plan centré sur l’économie et le manque d'ambition sur la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre
  • Greenpeace dénonce un «festival de fausses solutions» visant à « repousser la vraie transition» plutôt que d'orienter l'économie vers moins de consumérisme

PARIS : "Fausses solutions" ou "mirage technologique" qui ne fixe pas de cap vers une économie verte... Les défenseurs de l'environnement dénoncent le plan France 2030 alors que le gouvernement vante un moyen de "garantir la souveraineté écologique" du pays.

A six mois de la présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé 30 milliards d'euros d'investissements sur cinq ans pour développer la compétitivité industrielle et les technologies d'avenir en France.

La moitié environ "est consacrée à la transition écologique, soit 20 points de plus que dans le plan de relance" post-Covid, explique le ministère de la Transition écologique (MTE), qui y voit la "marque de la volonté du gouvernement d'investir toujours plus" dans cette voie.

Objectif, "garantir notre souveraineté écologique", en agissant sur "trois axes, décarbonation de l'industrie, des mobilités et de l'énergie".

Mais alors que les experts climat de l'ONU ont encore sonné l'alarme en août sur l'accélération du réchauffement climatique et de ses conséquences et qu'une conférence climat cruciale s'ouvre dans moins de trois semaines, les militants de l'environnement ne sont pas convaincus. Ils dénoncent l'aspect selon eux productiviste et le manque d'ambition sur la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre.

"Le Président de la République cède un peu plus au mirage du tout technologique supposé résoudre, comme par magie, les crises écologiques", regrette la Fondation de Nicolas Hulot, l'ancien ministre de l'Ecologie de M. Macron qui avait claqué avec fracas la porte du gouvernement.

Tout en se félicitant de "certains objectifs (...) de réindustrialisation et de relocalisation des emplois", la FNH dénonce une "stratégie productive qui fait l'impasse sur la nécessaire sobriété".

"Macron candidat enterre la transition écologique", dénoncent les Amis de la Terre, fustigeant un "enfumage autour d'investissements qui ignorent totalement les besoins de la transition écologique" et ne porteront des fruits "qu'après 2030, soit bien trop tard pour atteindre nos engagements" de réduction des émissions.

"Festival de fausses solutions et de voeux pieux", abonde Greenpeace, dénonçant pêle-mêle des mesures (petits réacteurs nucléaires, avion vert ou hydrogène nucléaire) visant à "repousser sans cesse la vraie transition" plutôt que "d'orienter l'économie vers plus de sobriété et d'investir dans les solutions qui existent déjà".

France Nature Environnement, qui fédère plus de 5800 associations, regrette de son côté un plan à l'enjeu "manifestement plus économique qu'environnemental malgré l'urgence climatique et écologique", malgré des "pas dans le bon sens".

Hors monde militant, certains pointent aussi un déficit de vision d'ensemble sur la mise en oeuvre concrète des engagements de la France, alors même que la justice administrative a récemment retoqué à plusieurs reprises la politique du gouvernement en la matière.

Benoît Leguet, directeur du centre de recherche Institute for Climate Economics (I4CE), se félicite ainsi d'un plan qui "répond à la question du financement de la décarbonation de l’industrie". "Mais il faut aussi fixer un cap à tout le reste de l'économie".

"La France a des objectifs climatiques pour 2030, elle doit clarifier les moyens pour les atteindre", poursuit l'expert, également membre du Haut Conseil pour le Climat, organisme indépendant d'évaluation de la politique climatique publique française.

"Comment va être financé le déploiement des technologies existantes? Comment va être financé l'accompagnement des ménages, des entreprises, des collectivités locales" dans cette transition interroge-t-il, y voyant "un sujet pour la présidentielle".

"L'action du gouvernement ne se limite absolument pas à ce plan", répond le ministère, qui se défend d'être "techno-béat" et rappelle les mesures sociétales - limitation de la durée des vols intérieurs, rénovation énergétique des logements ou même menus végétariens - de la récente loi climat et résilience.

"Mais qu'on le veuille ou non, la décarbonation va poser des questions", comme la sécurité de l'approvisionnement énergétique, qui auront "mécaniquement une forte dimension technologique".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.