Les États-Unis et Israël étudient un «plan B» pour faire face à l’Iran

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid (à gauche), accompagné du secrétaire d’État, Antony Blinken (à droite), et du ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, le Cheikh Abdallah ben Zayed, lors d’une conférence de presse conjointe au département d’État à Washington, le 13 octobre 2021 (Photo, AFP)
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid (à gauche), accompagné du secrétaire d’État, Antony Blinken (à droite), et du ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, le Cheikh Abdallah ben Zayed, lors d’une conférence de presse conjointe au département d’État à Washington, le 13 octobre 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 14 octobre 2021

Les États-Unis et Israël étudient un «plan B» pour faire face à l’Iran

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid (à gauche), accompagné du secrétaire d’État, Antony Blinken (à droite), et du ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, le Cheikh Abdallah ben Zayed, lors d’une conférence de presse conjointe au département d’État à Washington, le 13 octobre 2021 (Photo, AFP)
  • M. Blinken affirme que les États-Unis ne soutiennent pas les efforts de normalisation avec la Syrie d’Assad
  • Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis se rendra bientôt en Israël

WASHINGTON: Les États-Unis et Israël ont déclaré mercredi qu’ils étudiaient un «plan B» pour faire face à l’Iran au cas où la République islamique ne retournerait pas de bonne foi à la table des négociations pour sauver l’accord historique de 2015 sur le nucléaire. 

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, ont indiqué que les négociations entre les deux pays ont commencé dans le but de trouver d’autres options au cas où l’Iran rejetterait une offre de revenir à l’accord si les États-Unis le rejoignent. Ils n’ont pas précisé quelles pourraient être ces options, mais un large éventail d’options non diplomatiques pourrait être envisagé, allant du renforcement des sanctions à des opérations secrètes ou militaires. 

Ces propos constituent une rare confirmation de la part des États-Unis qu’ils examinent ce qu’il convient de faire en cas d’échec de la diplomatie avec l’Iran. Israël n’a jamais fait partie de l’accord sur le nucléaire – dont l’ex-président américain Donald Trump s’est retiré en 2018 – et son ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou est un opposant virulent à cet accord négocié par l’administration Obama. 

Le secrétaire d’État et M. Lapid ont tenu ces propos lors d’une conférence de presse conjointe au département d’État avec le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, au cours de laquelle tous trois sont convenu d’essayer de développer les accords d’Abraham. Ces accords, conclus sous le mandat du président Trump, ont permis de normaliser les relations entre Israël et les Émirats arabes unis, ainsi qu’avec d’autres États arabes. 

Leurs propos interviennent alors que l’Iran a laissé entendre qu’il était prêt à reprendre les négociations indirectes avec les États-Unis à Vienne, sans toutefois fixer de date. L’Iran a également continué à faire fi des limites imposées par l’accord à ses activités nucléaires. 

M. Blinken a réaffirmé que le délai pour que l’Iran revienne à l’accord se rapproche, mais a refusé de donner une date limite. «Le temps presse», a-t-il affirmé. «Nous sommes prêts à nous tourner vers d’autres options si l’Iran ne change pas de cap, et ces consultations avec nos alliés et partenaires en font partie.» 

«Nous examinerons toutes les options pour faire face au défi posé par l’Iran», a assuré M. Blinken. «Nous continuons de croire que la diplomatie est la manière la plus efficace d’y parvenir. Cependant, il faut être deux pour s’engager dans la diplomatie et, jusque-là, l’Iran ne s’est pas montré prêt à le faire.» 

M. Lapid, quant à lui, a été plus direct, réitérant les avertissements d’Israël qui entend agir, par la force militaire si nécessaire, pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. 

«Il y a des moments où les nations doivent recourir à la force pour protéger le monde du mal», a-t-il lancé. «Si un régime terroriste s’apprête à se doter de l’arme nucléaire, nous devons agir. Nous devons faire savoir clairement que le monde civilisé ne le permettra pas. Si les Iraniens ne pensent pas que le monde est sérieux dans sa volonté de les arrêter, ils feront la course à la bombe. Israël se réserve le droit d’agir à tout moment et de n’importe quelle manière. Ce n’est pas seulement notre droit, c’est aussi notre responsabilité.» 

M. Blinken a réaffirmé l’opposition des États-Unis à la normalisation des relations avec le président syrien, Bachar al-Assad, qui est de plus en plus accepté par les nations arabes qui ont conclu qu’il avait gagné la guerre civile brutale. 

«Ce que nous n’avons pas fait et ce que nous n’avons pas l’intention de faire, c’est d’exprimer notre soutien aux efforts visant à normaliser les relations, à réhabiliter M. Assad, à lever une seule sanction contre la Syrie ou à changer notre position pour nous opposer à la reconstruction de la Syrie, tant qu’il n'y aura pas de progrès irréversibles vers une solution politique, ce qui, selon nous, est nécessaire et vital», a souligné M. Blinken. 

Il a également mentionné que l’administration Biden comptait poursuivre son projet de réouverture du consulat américain à Jérusalem dans le cadre des efforts visant à renforcer les liens avec les Palestiniens.  

M. Blinken a réitéré sa promesse de procéder à la réouverture du consulat, qui avait traditionnellement servi de base pour les relations diplomatiques avec les Palestiniens avant d’être fermé par le prédécesseur du président Joe Biden, Donald Trump, en 2018. 

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdallah Ben Zayed, a annoncé qu’il se rendrait bientôt en Israël, ajoutant que son pays était impressionné par le développement des relations bilatérales. 

M. Ben Zayed a en outre rappelé qu’il ne pouvait être question de paix au Moyen-Orient si Israël et les Palestiniens n’étaient pas «en bons termes». 

Il a souligné qu’une relation plus harmonieuse entre les Émirats arabes unis et Israël encouragerait les Israéliens et les Palestiniens à voir «que cette voie fonctionne et qu’elle vaut non seulement l’investissement, mais aussi le risque». 

L’année dernière, Israël et les Émirats arabes unis ont accepté de normaliser leurs relations, entraînant un changement majeur dans la politique du Moyen-Orient, qui est passée de la question palestinienne à la lutte contre l’Iran. 

En ce qui concerne le conflit au Yémen, les Émirats souhaitent qu’il soit résolu, «mais ce qui nous enfonce dans cette situation, c’est le manque de volonté et d’engagement de la part des Houthis», a noté M. Ben Zayed, faisant référence au mouvement aligné sur l’Iran qui a évincé le gouvernement internationalement reconnu de la capitale Sanaa en 2014 et qui détient désormais la majeure partie du nord du Yémen et les principaux centres urbains. 

«Nous travaillons tous très dur, entre amis, pour que les Yéménites aient une vie meilleure. Mais en même temps, nous devons veiller à ne pas nous retrouver dans une situation où nous aurions un autre Hezbollah menaçant la frontière de l’Arabie saoudite», a-t-il déclaré, faisant allusion au puissant groupe chiite aligné sur l’Iran au Liban. 

(Avec AP, AFP et Reuters) 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.