«Pourquoi ne pouvons-nous aller à l'école ?» les rêves brisés des lycéennes afghanes

Une fillette afghane rentre chez elle après l'école, dans la région de Chashma Dozak, dans la province de Badghis, le 16 octobre 2021. (Hoshang Hashimi / AFP)
Une fillette afghane rentre chez elle après l'école, dans la région de Chashma Dozak, dans la province de Badghis, le 16 octobre 2021. (Hoshang Hashimi / AFP)
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Publié le Dimanche 17 octobre 2021

«Pourquoi ne pouvons-nous aller à l'école ?» les rêves brisés des lycéennes afghanes

  • Le 18 septembre, les nouveaux dirigeants islamistes de l'Afghanistan ont permis le retour des enseignants masculins et des garçons de treize ans et plus dans les écoles secondaires, mais il n'a pas été question d'enseignantes ni de jeunes filles
  • Des jeunes filles ont été autorisées à retourner dans quelques lycées - comme dans la province de Kunduz, dans le Nord - mais la grande majorité d'entre elles n'ont pas accès aux cours

KABOUL, Afghanistan : Le lycée d'Amena a été attaqué à la bombe en mai, des dizaines de ses camarades sont mortes, mais cela n’avait pas dissuadé cette adolescente afghane de poursuivre ses études.

Aujourd'hui, comme la plupart des élèves du secondaire dans le pays, les talibans lui interdisent de retourner en cours.

"Je voulais étudier, voir mes amis et bâtir mon avenir, mais maintenant je n'y ai plus droit", se lamente cette jeune fille de seize ans, rencontrée par l'AFP à son domicile dans l'Ouest de Kaboul.

"Depuis l'arrivée des talibans, je suis triste et en colère", dit-elle.

Le 18 septembre, les nouveaux dirigeants islamistes de l'Afghanistan ont permis le retour des enseignants masculins et des garçons de treize ans et plus dans les écoles secondaires. Mais il n'a pas été question d'enseignantes ni de jeunes filles.

Les talibans ont par la suite déclaré que les filles plus âgées pourraient retourner dans les écoles secondaires, qui étaient déjà en grande partie divisées par sexe, mais seulement une fois que "la sécurité" et une ségrégation plus stricte entre les sexes seraient assurées.

Des jeunes filles ont été autorisées à retourner dans quelques lycées - comme dans la province de Kunduz, dans le Nord - mais la grande majorité d'entre elles n'ont pas accès aux cours dans ce pays d'environ 39 millions d'habitants, y compris à Kaboul.

Les écoles primaires, quant à elles, ont rouvert leurs portes à tous les enfants.

- "Pourquoi ne pouvons-nous pas étudier ?" -

Amena vit non loin du lycée Sayed Al-Shuhada, où 85 personnes - principalement des jeunes filles - ont trouvé la mort dans des attentats à la bombe revendiqués par le groupe Etat islamique.

"Des filles innocentes ont été tuées", dit Amena, les yeux au sol, emplis de larmes. "J'ai vu de mes yeux des filles mourantes et blessées. Malgré ça, je voulais retourner à l'école".

Amena devait entrer en Seconde et étudier ses matières préférées comme la biologie. Au lieu de cela, elle est recluse dans la maison familiale, avec quelques livres et "rien à faire de spécial".

Elle rêvait de devenir journaliste mais "maintenant il n'y a plus d'espoir en Afghanistan".

Ses frères et sœurs aînés l'aident à la maison, et de temps en temps, elle reçoit l'aide d'un psychologue qui vient voir sa jeune sœur, encore traumatisée par l'attentat contre l'école.

"Mon frère rapporte des livres d'Histoire et je les lis", dit Amena. "Et je regarde toujours les informations". Elle ne comprend pas pourquoi les filles sont interdites d'école secondaire.

"Les filles ont aussi le droit d'étudier. Elles constituent la moitié de la société. Il n'y a pas de différence entre nous", ajoute-t-elle.

Après l'invasion américaine qui a chassé les talibans en 2001, des progrès significatifs ont été réalisés dans l'éducation des filles. Le nombre d'écoles a triplé et le taux d'alphabétisation des femmes a presque doublé pour atteindre 30% - cependant, le changement était largement limité aux villes.

"Les femmes afghanes ont accompli de grandes réalisations au cours des vingt dernières années", estime Nasrin Hasani, une professeur de 21 ans, qui enseignait le pastho dans une école secondaire de Kaboul et qui aide maintenant les élèves du primaire.

Mais la situation actuelle a "sapé notre moral et celui des élèves", a-t-elle ajouté."Que je sache, l'Islam n'a jamais fait obstacle à l'éducation et au travail des femmes".

Mme Hasani n'a pas reçu de menaces directes de la part des talibans, mais Amnesty International a signalé qu'une professeur d'éducation physique avait reçu des menaces de mort et avait été convoquée devant un tribunal local parce qu'elle enseignait le sport aux filles et aux garçons.

La jeune femme s'accroche toutefois à l'espoir que les talibans de 2021 sont "un peu différents" de ceux qui étaient au pouvoir entre 1996 et 2001 et interdisaient aux femmes de sortir seules de chez elles.

- Des rêves enfouis -

Zainab, douze ans, se souvient du jour où les garçons ont pu retourner à l'école. Elle les regardait par la fenêtre, avec "un sentiment atroce".

"J'étais heureuse à l'école", confie-t-elle à l'AFP. "Je pouvais étudier toute la journée et rêver à l'avenir. Mais maintenant "les choses empirent de jour en jour".

"Si les écoles ne rouvrent pas bientôt, l'année scolaire sera finie et nous ne pourrons pas passer dans la classe supérieure l'an prochain"", ajoute l'adolescente, dont le prénom a été changé pour protéger son identité.

Malalay, la sœur de Zainab âgée de 16 ans, "ne sait pas comment exprimer" son désarroi. "J'éprouve des sentiments de désespoir et de peur", dit-elle entre deux sanglots, ajoutant qu'elle a désormais du mal à lire ses livres.

Elle occupe ses journées avec des tâches ménagères. "Nous ne sortons pas, nous n'allons pas à l'école, et tout va mal pour moi", dit-elle.

"Les hommes ne devraient pas me priver de mes droits. J'ai le droit d'aller à l'école et à l'université", dit-elle. "Il y a des moments où je ne veux pas pleurer devant ma mère parce qu'il y a beaucoup de pression. Tous mes rêves et mes projets sont maintenant enterrés. Dans la terre".


Nouvelle date pour la conférence sur l’État palestinien relancée par la France et l’Arabie saoudite

Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
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  • Initialement prévue du 17 au 20 juin, la conférence a été reportée après le lancement par Israël, le 13 juin, d'une guerre de 12 jours contre l'Iran
  • L'objectif de la conférence, reprogrammée pour les 28 et 29 juillet, est l'adoption urgente de mesures concrètes conduisant à la mise en œuvre d'une solution à deux États

NEW YORK : Une conférence internationale organisée et coprésidée par l'Arabie saoudite et la France pour discuter de la création d'un État palestinien, qui avait été reportée le mois dernier, a été reprogrammée pour la fin du mois.

"La conférence ministérielle sur la solution des deux États reprendra les 28 et 29 juillet ; les détails seront communiqués sous peu", ont confirmé des diplomates à Arab News vendredi.

Initialement prévu du 17 au 20 juin, l'événement, officiellement intitulé "Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", a été reporté après le lancement par Israël, le 13 juin, de son opération militaire de 12 jours contre l'Iran.

L'événement, convoqué par l'Assemblée générale des Nations unies, aura lieu au siège des Nations unies à New York. L'objectif est l'adoption urgente de mesures concrètes qui conduiront à la mise en œuvre d'une solution à deux États et mettront fin à des décennies de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Au moment du report, le mois dernier, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la conférence était repoussée pour des raisons logistiques et de sécurité, mais avait insisté sur le fait qu'elle se tiendrait "dès que possible".

Ce report ne "remet pas en cause notre détermination à aller de l'avant dans la mise en œuvre de la solution des deux États", avait-il ajouté

M. Macron devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France d'un État palestinien lors de cet événement. Cette semaine, il a exhorté les autorités britanniques à faire de même.

La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU. Elle bénéficie du statut d'observateur au sein de l'organisation, mais n'en est pas membre à part entière.

Lors d'une réunion préparatoire des Nations unies en mai, Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des affaires étrangères, a déclaré que la conférence intervenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endurait des souffrances inimaginables".

Elle a déclaré que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés des autres nations engagées dans des efforts diplomatiques pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".