Le gouvernement britannique prié de tenir sa promesse de prêt conforme à la charia

Muslim Census a constaté que sur les 36000 répondants de son enquête, environ 10% n'avaient pas suivi d'études supérieures en raison d'un manque d'options alternatives de financement. (Getty Images)
Muslim Census a constaté que sur les 36000 répondants de son enquête, environ 10% n'avaient pas suivi d'études supérieures en raison d'un manque d'options alternatives de financement. (Getty Images)
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Publié le Mardi 19 octobre 2021

Le gouvernement britannique prié de tenir sa promesse de prêt conforme à la charia

  • Enquête: Des milliers de musulmans ne poursuivent pas d’études universitaires chaque année parce qu'ils ne peuvent pas accéder à des financements conformes à la charia
  • La mise en œuvre d’un système de prêt islamique est une «question de priorité politique», a indiqué un expert à Arab News

LONDRES: Des députés, des militants et des professionnels de la finance islamique remettront mardi une lettre au Premier ministre britannique, Boris Johnson, l'exhortant à prendre des mesures qui mettraient fin à l'exclusion annuelle de milliers de musulmans britanniques de l'enseignement supérieur.

Une enquête du Muslim Census publiée lundi a révélé que des milliers de jeunes musulmans britanniques choisissaient chaque année de ne pas aller à l'université en raison du fait que les prêts sur lesquels ils comptent pour financer leurs études comprennent un intérêt.

«Il existe un besoin réel et généralisé d'ASF (Financement alternatif des étudiants), et son absence conduit à un accès inégal à l'université», lit-on dans la lettre signée par Lord Sharkey; le député David Timms; le PDG d’Islamic Finance Guru, Ibrahim Khan; Rizwan Yusoof de la National Zakat Foundation; et Asha Hassan, militante pour le financement des étudiants.

Il est interdit aux musulmans dans leur religion d'emprunter ou de prêter de l'argent pour lequel sont payés des intérêts. Cela signifie que les étudiants musulmans britanniques sont obligés de payer jusqu'à 9 000 £ (12 361 $) par an pour leurs études, ainsi que de couvrir tous leurs frais de subsistance.

Muslim Census a constaté que sur les 36 000 répondants de son enquête, près de 10% n'avaient pas suivi d'études supérieures en raison d'un manque d'options alternatives de financement.

Un sur six a autofinancé ses études, ce qui «a entraîné de sévères restrictions quant au choix de l’université et aux cours suivis», a-t-il expliqué.

Extrapolés à l'ensemble de la population musulmane du Royaume-Uni, ces résultats signifient que plus de 4 000 étudiants potentiels abandonnent chaque année les études universitaires, tandis que près de 6 000 sont contraints de s'autofinancer.

En 2013, le Premier ministre alors en fonction, David Cameron, s'est engagé à lutter contre l'inégalité d'accès à l'éducation pour les musulmans, déclarant: «Plus jamais un musulman en Grande-Bretagne ne devrait se sentir incapable d'aller à l'université parce qu'il ne peut pas obtenir un prêt d’étudiant uniquement à cause de sa religion.»

Mais près de dix ans depuis que cette promesse a été faite pour la première fois, les musulmans sont toujours obligés de choisir entre poursuivre des études ou s'en tenir aux principes de leur religion, a déclaré Hassan à Arab News.

«C’est vraiment important pour notre communauté, mais nous avons jusqu’à présent eu l’impression de ne pas avoir voix au chapitre. Cette lettre est, espérons-le, une chance que le Premier ministre voie qu'il s'agit d'un grand problème», a-t-elle déclaré.

«Il y a des milliers et des milliers d'étudiants qui ont le niveau requis et l'ambition, et qui aspirent à un mieux-être. Cependant, parce qu'ils ne souhaitent pas faire de compromis sur leurs convictions religieuses, ils n'ont aucune option», a-t-elle ajouté.

«Quatre musulmans sur cinq qui contractent des prêts se sentent en conflit avec cela, mais ils se trouvent dans une position où ils sentent qu'ils ne peuvent rien faire d'autre à ce sujet.»

Omar Shaikh, directeur général du UK Islamic Finance Council, a indiqué à Arab News que la création d'un système de financement pour les musulmans britanniques était «réalisable» et que sa création était une question de politique et non pas de pratique.

«L'UKIFC a été désigné par le ministère de l'Éducation pour mettre au point un système détaillé qui soit efficacement applicable et qui fonctionne de manière équivalente avec le système existant de prêts pour étudiants», a-t-il affirmé.

«Après divers séminaires et à la suite de contributions de la Student Loans Co., de spécialistes de la charia, du ministère de l'Éducation et d’avocats, nous avons réussi à créer une structure pragmatique viable. Nous savons que cela peut être fait et que ce n'est pas onéreux», a-t-il ajouté.

«C’est maintenant une question de priorité politique. Nous attendons avec impatience que le gouvernement fasse progresser les choses, et nous félicitons le ministère de l'Éducation d'avoir mené cette politique intégrative.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.