Cigare au Miel, de Kamir Aïnouz: l’émancipation des femmes face au patriarcat

Pour son premier long métrage, Kamir Aïnouz aborde la biculturalité, le poids des traditions et les voix de l’émancipation. Photo fournie.
Pour son premier long métrage, Kamir Aïnouz aborde la biculturalité, le poids des traditions et les voix de l’émancipation. Photo fournie.
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Cigare au Miel, de Kamir Aïnouz: l’émancipation des femmes face au patriarcat

  • Pour son premier long métrage, Kamir Aïnouz aborde la biculturalité, le poids des traditions et les voix de l’émancipation
  • Kamir Aïnouz: «Le patriarcat est un système de domination masculine qui se transmet paradoxalement beaucoup par les femmes, de génération en génération»

PARIS: «Le cinéma, c’est ma passion, ma vocation.» Kamir Aïnouz s’est intéressée très jeune au septième art. Avec sa mère, elle assistait à la projection de films dans son quartier. Plus tard, le cinéma est devenu sa grande passion. «Ce film représente une part autobiographique, il est inspiré de mon parcours. Comme Selma, l’héroïne, je suis une Franco-Algérienne passée par la phase école de commerce», nous raconte-t-elle lors de notre rencontre.

Après une courte expérience professionnelle dans la finance internationale (Bloomberg, Londres et New York), elle s’oriente vers l’écriture et la réalisation cinématographique en suivant des formations à l’USC (School of Cinematic Arts) et à l’Ucla (University of California à Los Angeles). Kamir Aïnouz a eu deux expériences dans le domaine du cinéma en devenant stagiaire pour Laura Ziskin, productrice de Spider-Man ainsi qu’avec Wam Film, la filiale américaine fondée par Alain Chabat.

Après une expérience aux métiers de scénariste et réalisatrice de près d’une décennie, Kamir Aïnouz revient à Paris. L’envie de se consacrer au cinéma devient plus concrète, plus forte. Se nourrissant en partie de sa propre histoire, son projet de réalisation prend forme. «Née à Paris d’une famille algérienne, j’ai toujours ressenti de cette alliance entre les deux cultures. Très attachés à l’Algérie, mes parents m’y emmenaient souvent», nous raconte la réalisatrice.

«Les histoires de ma famille, transmises par ma mère, ne ressemblaient pas à ce que j’apprenais au collège et au lycée. L’histoire de l’Algérie n’était pas la même. L’idée m’est venue de raconter ce que je sais de l’histoire de ma famille. Mon envie de cinéma s’est cristallisée autour de mon envie d’écrire mes propres récits, nourris par cette dichotomie entre tout ce que j’entendais à la maison sur la colonisation et ce que je lisais, j’apprenais et voyais à la télévision.»

Confrontation des cultures

Sorti en salle le 6 octobre 2021, Cigare au Miel, le premier film de l’auteure, scénariste et réalisatrice, dont les personnages sont interprétés, entre autres, par Zoé Adjani, Amira Casar, Lyes Salem, Louis Peres et Idir Chender, traite des sujets sociaux liés au patriarcat, à l’émancipation de la femme dans un monde de confrontation des cultures et de questionnement sur les identités nationales. Cette double culture ou biculturalité, débat récurrent en France, représente-t-elle, aujourd’hui, un atout ou un obstacle pour l’émancipation épanouie et assumée des femmes?

cigare au miel
Cigare au miel raconte les effets du patriarcat sur la vie des femmes. Photo fournie.

Pour son premier long métrage, Kamir Aïnouz aborde la biculturalité, le poids des traditions et les voix de l’émancipation. La quête de liberté, l’évocation subtile du désir, la violence à l’égard du corps des femmes, la conciliation de la double culture, l’importance de la sauvegarde des traditions des origines, de ses racines sans renoncer à celles qui sont adoptées et/ou en maturation, telles sont les principales thématiques dans lesquelles Kamir Aïnouz nous plonge dans son premier long métrage.

cigare au miel
Cigare au miel. Photo fournie.

En un mot, Cigare au miel raconte les effets du patriarcat sur la vie des femmes. L’emprise de la masculinité, qui peut être subtile, suggérée ou assumée, explique que la domination du mâle dans la société sévit encore aujourd’hui et détermine et/ou entrave encore le destin des femmes.

Selma, l’héroïne, une jeune femme tourmentée

Le film relate l’histoire de Selma, une adolescente au seuil de l’âge adulte. Interprétée par la talentueuse Zoé Adjani qui crève l’écran, Selma, issue d’une famille aisée de Neuilly-sur-Seine, de père avocat et de mère médecin spécialiste, est une élève brillante qui intègre, en 1993, une grande école de commerce. Une période durant laquelle Selma fait face à de nombreux bouleversements d’ordres personnel, intime, familial et social.

cigare au miel
Cigare au miel. Photo fournie.

Forte et délicate, déterminée et respectueuse des valeurs, l’héroïne tente, avec pudeur et délicatesse, de remettre en cause l’ordre établi, en se réappropriant son rapport à son corps, à sa féminité, à sa sensualité, lesquelles se révèlent et s’épanouissent auprès des siens, de ses racines, en Kabylie.


 

EN BREF

Cigare au Miel, le premier film de Kamir Aïnouz, interprété par Zoé Adjani, Amira Casar et Lyes Salem, a été projeté aux festival de Venise 2020 – Giornate Degli Autori, festival des Arcs 2020, festival de Cabourg 2021 et festival d’Angoulême 2021. Le film a obtenu le Prix du meilleur long métrage au festival international d’Amman en 2021.

Le poids du patriarcat

Les parents de Selma attendent d’elle qu’elle soit studieuse et respectueuse des traditions. Mais qu’en est-il de ses attentes à elle? Ses perspectives seront-elles semblables à celles de ses ainées, plus particulièrement à celles de sa mère, à son âge, une brillante gynécologue qui abandonne sa carrière professionnelle pour se consacrer à sa famille?

Cigare au miel. Photo fournie.
Cigare au miel. Photo fournie.

«Le patriarcat est un système de domination masculine qui se transmet paradoxalement beaucoup par les femmes, de génération en génération», nous confie Kamir Aïnouz. Pour l’évoquer, je voulais deux comédiennes – Zoé Adjani et Amira Casar – qui aient la force et la finesse de déconstruire ce conditionnement, en faisant peu à peu émerger le lien d’amour profond qui les a véritablement construites», ajoute-elle.

Incarnée par Amira Casar, la maman de Selma est une femme instruite, fière et forte. Mais elle aussi vulnérable, car elle reste prisonnière des apparences dans une société codifiée. Mais le restera-t-elle longtemps? Devrait-elle s’engager dans de nouveaux défis dans un contexte particulièrement bouleversant de sa vie personnelle, familiale et sociale?

Pour trouver sa voix, Selma, quant à elle, doit se faire aux contradictions de ses parents, tantôt tolérants et ouverts, tantôt très exigeants quant au respect des traditions familiales, y compris celle qui concerne le mariage arrangé. Saura-t-elle se défaire des convenances et aller vers l’émancipation totale, celle que sa mère n’a pas pu atteindre?

Telle mère, telle fille ?

La mère de Selma est aussi dans la tourmente. Elle constate que sa fille vit des moments troublants: elle s’enferme et montre, parfois, de la docilité, puis vient la révolte. Cette situation complexe et anxiogène va permettre à la mère de revoir ses priorités, ses envies et ses engagements. Elle décide alors de retourner en Algérie, en pleine décennie noire, et d’y ouvrir un cabinet de gynécologie pour soigner les femmes. Cet engagement courageux, mais ô combien libérateur, représente parfaitement le contraste du personnage et de l’Algérie de l’époque. Cette décision de rupture n’est-elle pas mûrement réfléchie pour permettre à Selma de se libérer, elle aussi, de ses tourments, de se défaire des convenances et de prendre son envol vers une émancipation concrète et apaisée?

«Les mères ont les outils intellectuels pour se libérer, elles ont grandi avec cette quête, mais dans les actes, elles font exactement l’inverse avec leurs filles. Ce qui se passe dans leur cerveau est en contradiction directe avec ce qu’elles font, notamment en ce qui concerne leur corps», nous explique Kamir Aïnouz. Ce sont souvent des sources de drames et de tragédies, comme c’est le cas de Selma dans le film. Car si les mots et les actes ne sont pas alignés, cela ne peut créer que de la confusion et un manque de confiance en soi», conclut-elle.


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com