Les Brésiliens, y compris les Arabes parmi eux, restent divisés sur Bolsonaro

Les segments les plus conservateurs de la communauté arabe continuent de soutenir le président brésilien d'extrême droite, Jair Bolsonaro. (AFP)
Les segments les plus conservateurs de la communauté arabe continuent de soutenir le président brésilien d'extrême droite, Jair Bolsonaro. (AFP)
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Les Brésiliens, y compris les Arabes parmi eux, restent divisés sur Bolsonaro

  • La diversité de la population arabe fait que les opinions sur le président d'extrême droite varient considérablement
  • Alors que ses opinions sur la Palestine irritent beaucoup, certains soutiennent toujours sa politique intérieure

Avec un taux d'approbation de seulement 33%, le président brésilien d'extrême droite, Jair Bolsonaro, a été confronté à des manifestations de rue organisées par l'opposition dans plusieurs villes du pays ces derniers mois.

Des manifestants réclamant sa destitution l'accusent de mal gérer la pandémie; plus de 600 000 personnes dans le pays sont décédées de la Covid-19.

Ils sont également mécontents qu'il n'ait pas réussi à sortir le pays d'une crise économique persistante qui a aggravé l'inflation et entraîné une augmentation du nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté à 27,4 millions.

Les communautés arabes du Brésil ont perçu les manifestations de manières différentes. L’une des populations immigrées les plus importantes du pays, les immigrés arabes et leurs descendants représentent 12 millions de personnes, soit près de 6% des 210 millions d'habitants du Brésil, selon une étude de 2020.

Alors que les groupes de défense des droits palestiniens ont été actifs dans la mobilisation des manifestations contre Bolsonaro, des segments plus conservateurs de la communauté arabe continuent de le soutenir. Mais même parmi ceux-ci, les critiques se multiplient.

«Nous avons une communauté assez diversifiée, qui est le résultat de différentes vagues d'immigration», déclare Soraya Smaili, professeur de pharmacologie, fille d'immigrants libanais arrivés au Brésil dans les années 1950 et l'une des fondatrices de l'Institut de la culture arabe, connu sous le nom d'Icarabe.

«Il y a eu un premier afflux de Syriens et de Libanais à la fin du XIXe siècle. D'autres grands groupes sont arrivés après la Seconde Guerre mondiale et au cours des décennies suivantes.»

Cette première vague d'Arabes de Syrie et du Liban s'est installée au Brésil au cours des dernières décennies de l'Empire ottoman, et la plupart d'entre eux étaient chrétiens. Les Arabes arrivés depuis les années 40 ont des origines plus diverses, et certains sont musulmans.

Chacun de ces groupes réagit différemment aux questions concernant les pays du Moyen-Orient, précise Smaili.

«En général, les Arabes brésiliens qui sont là depuis longtemps ont tendance à se sentir moins insultés par les actions de Bolsonaro concernant la question palestinienne, par exemple», explique-t-elle.

Les liens étroits très médiatisés du président brésilien avec Benjamin Netanyahu, l'ancien Premier ministre israélien, ont une énorme influence sur la façon dont certains Arabes brésiliens le perçoivent.

Lors de la campagne présidentielle de 2018, Bolsonaro s'est engagé à transférer l'ambassade du Brésil en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. Bien que cela ne soit pas encore fait à l’heure actuelle, son annonce a été considérée par de nombreux Arabes comme une insulte.

Toujours en 2018, il a déclaré qu'il fermerait l'ambassade de Palestine à Brasilia, au motif que «la Palestine n'est pas un pays».

«C’est surtout parmi les communautés palestiniennes géographiquement denses, comme celles qui existent dans les villes de Santana do Livramento et Foz do Iguacu, que ces positions ont suscité une grande opposition», déclare Yasser Fayad, médecin et membre du mouvement de libération palestinien de gauche Ghassan Kanafani.

Petit-fils d'immigrants libanais arrivés au Brésil dans les années 40 en provenance d'une région frontalière avec la Palestine, Fayad est musulman et se sent profondément concerné par le sort des Palestiniens. Cela alimente sa désapprobation de l'administration Bolsonaro.

«L'extrême droite brésilienne imite ses homologues européens et nord-américains, et est donc antimusulmane», souligne-t-il.

Cela ne signifie pas, cependant, que tous les musulmans de la communauté arabe du Brésil rejettent totalement Bolsonaro, ajoute-t-il.

«Certains d'entre eux critiquent sa position sur la Palestine, mais pas sa politique intérieure», explique Fayad.

Reginaldo Nasser, professeur de relations étrangères à l'Université pontificale catholique de Sao Paulo, déclare à Arab News que les réfugiés de Syrie et d'autres pays qui font partie de la classe ouvrière au Brésil constituent l'un des groupes d'Arabes les plus systématiquement anti-Bolsonaro.

«Ils s’identifient aux exclus et aux pauvres, dit-il. De plus, ils ressentent quotidiennement l'impact des politiques de Bolsonaro qui compliquent leur accès au Brésil, leur intégration dans la société et leur recherche d’emploi.»

Nasser, dont les grands-parents sont originaires du Liban, ne pense pas que les Arabes du Brésil forment réellement une seule communauté, étant donné qu'il existe entre eux une grande diversité d'idées politiques et d'intérêts économiques. «Mais nous pouvons certainement affirmer que nombreux sont les jeunes qui sont plus conscients de la réalité du Moyen-Orient que leurs parents et grands-parents, ce qui façonne leurs opinions politiques», constate-t-il.

Ces différences politiques entre les Arabes brésiliens ont créé de grandes divisions lors de la dernière campagne présidentielle. La polarisation intense, notamment en 2018 et 2019, a même provoqué des conflits au sein des familles.

«La plupart de ma famille élargie a soutenu l'élection de Bolsonaro», déclare Nabil Bonduki, professeur d'architecture à l'Université de Sao Paulo. «Certains de ceux qui se sont opposés à lui ont décidé de quitter le groupe WhatsApp de la famille à l'époque.»

Maintenant, avec la baisse de popularité de Bolsonaro, nombre de ses partisans ne parlent tout simplement plus de politique, selon Bonduki, qui a été membre du conseil municipal de Sao Paulo pendant deux mandats pour le Parti des travailleurs de gauche.

Il précise que les Arabes brésiliens sont traditionnellement très présents dans la politique du pays, en tant que membres du Congrès, gouverneurs d'État et même président, dans le cas de Michel Temer, le fils d'immigrants libanais, qui était en poste d'août 2016 à décembre 2018.

«Bien que certains d'entre eux soient progressistes, la majorité a toujours été plus conservatrice», souligne Bonduki.

Le dernier adversaire de Bolsonaro aux élections de 2018 était Sao Paulo Mayer Fernando Haddad, membre du Parti des travailleurs et fils d'un immigré libanais.

Il n'y a pas eu d'études sur la façon dont les Arabes brésiliens ont tendance à voter. Cependant, les Brésiliens vivant en Israël ont majoritairement voté pour Bolsonaro, tandis que les suffrages exprimés en Palestine étaient majoritairement en faveur de Haddad.

De l'avis de Cheikh Jihad Hammadeh, vice-président de l'Union nationale des institutions islamiques, les Arabes brésiliens, en particulier les musulmans, sont touchés par l'atmosphère politique du pays comme tous les autres groupes sociaux.

Il déclare qu'il y a eu des débats politiques acharnés sur les groupes WhatsApp de ses communautés pendant et après l'élection présidentielle, et qu'il a dû intervenir parfois pour empêcher de nouveaux conflits.

«Nous disons toujours aux gens qu'ils doivent être respectueux, déclare Hammadeh. Chacun de nous peut avoir une opinion politique distincte. En tant que musulmans, nous devons respecter les opinions de chacun.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru su Arabnews.com


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.