En Egypte, la littérature carcérale, un genre qui se perpétue

Le militant et blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah donne une interview à son domicile, le 17 mai 2019, l (Photo, AFP)
Le militant et blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah donne une interview à son domicile, le 17 mai 2019, l (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

En Egypte, la littérature carcérale, un genre qui se perpétue

Le militant et blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah donne une interview à son domicile, le 17 mai 2019, l (Photo, AFP)
  • Alaa Abdel Fattah, 39 ans dont sept passés en prison sous le régime de Hosni Moubarak, sort cette semaine un livre en anglais
  • Pour Elliott Colla, professeur de littérature arabe à l'Université de Georgetown, «on ne peut pas comprendre l'Egypte si on ne comprend pas ce qui se passe dans ses prisons»

LE CAIRE: Derrière leurs barreaux, les militants égyptiens continuent de se faire entendre: avec poèmes ou écrits qu'ils font sortir lors de rares visites, ils rejoignent une « littérature de la prison » devenue un genre à part entière dans le monde arabe.  

Le plus célèbre d'entre eux, Alaa Abdel Fattah, 39 ans dont sept passés en prison sous le régime de Hosni Moubarak puis sous tous les pouvoirs qui se sont succédé en Egypte jusqu'à celui, actuel, du président Abdel Fattah al-Sissi, sort cette semaine un livre en anglais.  

Publié par une maison d'édition britannique, « You have not yet been defeated », (Tu n'as pas encore été vaincu) l'ouvrage --une compilation d'écrits jetés sur papier depuis la  « révolution » de 2011 qui a renversé Moubarak-- a même été préfacé par l'auteure canadienne Naomi Klein.  

« Ses écrits ont des tonalités différentes: technique, passionnée ou poétique », raconte sa mère Laila Soueif, figure de proue des droits humains en Egypte. « La forme peut différer mais au fond, il ne parle que d'une chose: la justice », explique-t-elle encore.   

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L'activiste et blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah à côté de sa mère Laila Soueif et de sa sœur Mona Seif à Gizeh, le 17 mai 2019 (Photo, AFP)

De Nasser à Sissi  

La dernière fois que cette professeure de mathématiques a vu son fils, il venait d'être amené en fourgon blindé de sa prison de haute sécurité à un tribunal d'exception qui, après plus de deux années de détention préventive, lui notifiait enfin la raison de son enfermement: « diffusion de fausse nouvelle ».  

Pour Elliott Colla, professeur de littérature arabe à l'Université de Georgetown, « on ne peut pas comprendre l'Egypte si on ne comprend pas ce qui se passe dans ses prisons ».  

Déjà sous Gamal Abdel Nasser, figure de proue du monde arabe des années 1950 jusqu'à sa mort en 1970, les prisons d'Egypte ont vu défiler leur lot d'écrivains tenant la chronique de la vie de détenu d'un régime impitoyable avec son opposition.  

Les célèbres Sonallah Ibrahim ou Gamal Ghitani ont laissé des écrits terribles, mais « si les prisons de Nasser étaient effrayantes, les gens pouvaient publiquement exprimer leur solidarité avec les détenus et leur envoyer des livres, de la nourriture ou des vêtements », raconte M. Colla. « C'est très différent sous Sissi ».  

Cet universitaire a également traduit les poèmes d'un compagnon d'infortune d'Alaa Abdel Fattah, Ahmed Douma, à partir de morceaux de papiers passés en douce à des avocats.  

Ce militant aujourd'hui âgé de 36 ans a été l'une des figures de la « révolution » de 2011. Deux ans plus tard, il était emprisonné pour six chefs d'inculpation différents et est depuis à l'isolement.  

Son livre, « Curly » (« Frisé » en anglais), publié par une maison d'édition égyptienne, a été exposé à la Foire internationale du livre du Caire en juillet. Puis rapidement retiré pour « raison de sécurité ».  

Poèmes au parloir  

« On était heureux parce qu'Ahmed avait un but avec ce projet de publication », se rappelle son frère Mohamed qui lui a envoyé un exemplaire du livre édité en prison. Il ne sait pas si son colis est finalement parvenu à son destinataire, dit-il.  

« Mais il a vite déchanté en apprenant que son livre était interdit à la Foire du livre ».  

D'espérances en désillusions, la famille Douma a aussi cru à une fin heureuse quand elle a appris au début du mois qu'Ahmed pouvait demander une libération conditionnelle car il avait purgé la moitié de sa peine.  

Mais l'administration pénitentiaire leur a annoncé le prix à payer pour déposer la demande de conditionnelle: six millions de livres égyptiennes, soient près de 330 000 euros.  

Pour le moment, Ahmed Douma est donc toujours dans une cellule où il a déjà attrapé deux fois le Covid-19, assure son frère.  

Dans un de ses poèmes écrits à l'isolement, le militant affirme: « pas de temps pour la dépression, aucune chance à la tristesse, le torrent se déverse ».  

C'est Ahmed tout craché, jure son frère. « Aux audiences au tribunal, on était les deux seuls à sourire et même à rire des deux côtés de l'épaisse plaque de verre » du box des accusés, raconte-t-il: « Tous les autres autour pleuraient mais nous, on a le même caractère ».  

Dans un pays qui compte aujourd'hui 60 000 détenus d'opinion, selon des ONG de défense des droits humains, et a connu des générations d'intellectuels formés dans les prisons, ces écrits sont loin d'être isolés, assure M. Colla.   

« La littérature de la prison n'est pas un art mineur dans la littérature arabe moderne, dit-il. Dans certains endroits, elle est même le genre dominant des meilleures productions. » 


ilmi, le PNU lance un programme d’études muséales

Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
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  • Nouveaux cours de microcertification ouverts à tous les diplômés du secondaire et de premier cycle
  • Le programme comprend des cours d’arabe, d’anglais, en personne, à distance, à long et à court terme

RIYAD : Un nouveau programme d’études muséales en Arabie saoudite a ouvert ses portes pour l’inscription, offrant des cours de microcertification et de longue durée.

Il est le résultat d’un partenariat entre ilmi, un centre d’apprentissage des sciences, de la technologie, de la lecture, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques, et l’Université Princess Nourah bint Abdulrahman.

ilmi — qui signifie « mes connaissances » en arabe — est un centre de science et d’innovation qui vise à autonomiser les jeunes en Arabie saoudite.

Une initiative d’ONG philanthropique créée par la princesse Sara bint Mashour bin Abdulaziz, épouse du prince héritier Mohammed bin Salman, ilmi est incubée, soutenue et financée par la Fondation Mohammed bin Salman, Misk, et opère en partenariat avec Mohammed bin Salman Nonprofit City.

Le programme d’études muséales comprend des microdiplômes, des diplômes, des cours mineurs et des cours au choix.

Il est ouvert aux jeunes diplômés du secondaire et de l’université désireux d’obtenir des postes de niveau d’entrée dans les musées, ainsi qu’aux professionnels à la recherche de nouveaux ensembles de compétences et de carrières.

Créé par ilmi et des experts du PNU d’Arabie saoudite et du monde entier, le programme offre un mélange d’apprentissage en ligne et en personne, ainsi que des options de scolarité en arabe et en anglais.

Les cours de microcrédit combineront l’apprentissage en ligne et en personne et sont offerts aux candidats de plus de 18 ans.

Les cours comprennent des études d’impact sur les musées, l’éducation et la sensibilisation aux musées, une introduction aux technologies muséales, les bases de la gestion des musées et l’intégration de la technologie numérique.

Les cours proposés aux étudiants du PNU comprennent une introduction aux musées facultatifs et aux mineurs spécialisés dans les musées et la technologie numérique, la conception d’expositions et le développement de contenu.

Un diplôme de deux ans en gestion de musée sera également disponible pour les étudiants du PNU et les jeunes diplômés du secondaire.

Les inscriptions pour le premier cours en ligne sur les microtitres de compétences commencent ce mois-ci : Principes fondamentaux de la gestion des musées.

Tous les autres cours de microdiplômes auront lieu en mai et juin, avec les programmes de diplôme, mineur et électif commençant en septembre au début de l’année académique 2024/25.

Les diplômés du programme peuvent également postuler pour travailler aux côtés d’experts ilmi alors qu’ils conçoivent et lancent des programmes d’apprentissage uniques et informels à travers le Royaume.

Pour plus d’informations et pour vous inscrire, cliquez ici.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Saudi Cinema Encyclopedia imprime le premier lot de livres de cinéma

L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
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  • Lancement initial de 22 titres dans le cadre du plan de sortie de 100 livres d’ici la fin de l’année
  • La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Saudi Film Festival, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année

RIYAD : L’Encyclopédie du cinéma saoudien, une initiative lancée par la Saudi Cinema Association, débutera avec une première sortie de ses 22 premiers livres, écrits par un groupe international d’auteurs, comme premier lot de publications.

Le projet vise à publier 100 livres dans sa première année, publiés par la maison d’édition Josour Al-Thaqafah.

La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Festival du film saoudien, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année.

L’objectif est d’établir un programme périodique pour la production de livres en arabe afin d’élever l’industrie cinématographique du Royaume d’amateur à une région connue pour son professionnalisme et sa spécialisation.

Abdulwhab Aloryad, directeur de la rédaction de l’Encyclopédie du cinéma saoudien et du bulletin du Festival du film saoudien « Saafa », a déclaré à Arab News que les livres ont été publiés pour améliorer les connaissances des cinéastes.

« Cette encyclopédie vise à ajouter à ce que le Saudi Film Festival a commencé et à être un contributeur actif dans le cinéma saoudien, renforçant les convictions des organisateurs du festival et leurs efforts pour créer une industrie cinématographique compétitive au niveau mondial », a-t-il déclaré.

« La série continuera d’être une icône dans la connaissance du cinéma, avec ses objectifs centraux de dévoiler les talents saoudiens et arabes dans la paternité, en présentant les derniers nouveaux livres en arabe, et le transfert de connaissances spécialisées dans ce domaine de diverses autres langues vers l’arabe pour être accessible à ceux qui s’intéressent à l’industrie cinématographique. »

« Depuis son lancement en 2008, le Saudi Film Festival a cru en son rôle authentique dans le développement culturel et intellectuel destiné aux professionnels de l’industrie cinématographique. Il s’est concentré sur le projet de connaissance et a conduit la roue de la création et de la traduction dans tous les domaines liés à l’industrie cinématographique afin d’élever toutes les étapes de l’industrie cinématographique.

« Partant de cette conviction, le festival a adopté un programme périodique pour la production de livres, présentant plus de 50 livres dans ses éditions précédentes qui mettent en lumière divers aspects de l’industrie cinématographique. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L'image d'une Palestinienne avec sa nièce décédée remporte le World Press Photo

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
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  • Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile
  • Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille

AMSTERDAM: L'image poignante d’une Palestinienne endeuillée tenant dans ses bras sa petite nièce, tuée lors d’une frappe israélienne dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, a remporté jeudi le premier prix du World Press Photo.

Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile qui a frappé leur maison à Khan Younis en octobre.

Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille enveloppé dans un tissu blanc.

La photo a été prise 10 jours après le début du conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

"C'était un moment puissant et triste et j'ai senti que l'image résumait au sens large ce qui se passait dans la bande de Gaza", a déclaré M. Salem, cité dans un communiqué du World Press Photo, prestigieux concours de photojournalisme.

"C'est une image vraiment profondément touchante", a affirmé Fiona Shields, présidente du jury. "Une fois que vous l'avez vue, elle reste en quelque sorte gravé dans votre esprit".

Message littéral et métaphorique

L'image est "comme une sorte de message littéral et métaphorique sur l'horreur et la futilité du conflit" et représente "un argument incroyablement puissant en faveur de la paix", a-t-elle ajouté.

La Sud-Africaine Lee-Ann Olwage, en tournage pour le magazine GEO, a remporté le prix "Histoire de l'année" avec son portrait intime d'une famille malgache vivant avec un parent âgé souffrant de démence.

"Cette histoire aborde un problème de santé universel à travers le prisme de la famille et des soins", ont déclaré les juges.

"La série d'images est composée avec chaleur et tendresse, rappelant au public l'amour et l'intimité nécessaires en période de guerre et d'agression dans le monde entier", ont-ils ajouté.

Le photographe vénézuélien Alejandro Cegarra a remporté le prix du projet "long terme" avec ses images monochromes de migrants et de demandeurs d'asile tentant de traverser la frontière sud du Mexique, prises pour le New York Times/Bloomberg.

Ayant lui même une expérience de migrant, M. Cegarra "a offert une perspective sensible centrée sur l'humain", mettant en avant la résilience des migrants, selon le jury.

Dans la catégorie "format ouvert", l'Ukrainienne Julia Kochetova a gagné avec son site Internet qui "associe le photojournalisme au style documentaire personnel d'un journal intime pour montrer au monde ce que signifie vivre avec la guerre comme réalité quotidienne".

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays. Les photos sont exposées dans l'église Nieuwe Kerk d'Amsterdam jusqu'au 14 juillet.