L’exposition  Dragon et phénix du Louvre Abu Dhabi explore les échanges entre la Chine et le monde islamique

Les chefs-d'œuvre exposés comprennent la rare coupe en or de la dynastie Yuan (1279-1368) du Louvre Abu Dhabi avec une anse en forme de dragon, en provenance de Chine, qui pourrait avoir été réalisée pour un dignitaire nomade. (Photo Fournie)
Les chefs-d'œuvre exposés comprennent la rare coupe en or de la dynastie Yuan (1279-1368) du Louvre Abu Dhabi avec une anse en forme de dragon, en provenance de Chine, qui pourrait avoir été réalisée pour un dignitaire nomade. (Photo Fournie)
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

L’exposition  Dragon et phénix du Louvre Abu Dhabi explore les échanges entre la Chine et le monde islamique

Les chefs-d'œuvre exposés comprennent la rare coupe en or de la dynastie Yuan (1279-1368) du Louvre Abu Dhabi avec une anse en forme de dragon, en provenance de Chine, qui pourrait avoir été réalisée pour un dignitaire nomade. (Photo Fournie)
  • La deuxième exposition internationale de l'année s’intéresse aux échanges artistiques entre les deux civilisations sur un période de huit cents ans
  • Cette exposition est l’événement le plus important du Louvre Abu Dhabi en 2021, explique le conservateur en chef du musée

DUBAÏ: Au cours de la dernière décennie, le monde a vu la Chine étendre sa présence économique dans la région du Golfe. Elle est devenue le plus grand partenaire commercial et investisseur étranger dans de nombreux pays du Moyen-Orient. 

Cependant, on a tendance à oublier que les relations de l’Empire du milieu avec le monde arabe remontent à l'Antiquité, à l'époque de la Route de la soie et de la naissance de l'islam dans la péninsule Arabique. 

Grâce aux explorateurs arabes, comme Ibn Battouta au XIVᶱ siècle, et à l'expansion des activités commerciales en Europe, les échanges commerciaux et culturels ont prospéré entre la Chine et le monde arabe. 

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L'exposition comprend plus de 200 chefs-d'œuvre du Louvre Abu Dhabi, en partenariat avec le musée Guimet à Paris. (Photo fournie) 

Ce que de nombreux analystes appellent la «nouvelle Route de la soie» de la Chine est, par essence, un retour à ce passé commun, mis en avant par l'exposition Dragon et phénix: des siècles d'échanges entre les mondes chinois et islamique, présentée au Louvre Abu Dhabi jusqu'au 12 février 2022. 

L'exposition rassemble plus de 200 chefs-d'œuvre du Louvre Abu Dhabi, en partenariat avec le musée Guimet à Paris, et présente les échanges culturels et artistiques entre les deux civilisations durant plus de huit cents ans jusqu'au XVIIIᶱ siècle. 

L'exposition rend hommage au dragon, représentant la Chine, et au phénix, qui fait référence au monde islamique, avec des objets datant de l'établissement des premières colonies marchandes arabes dans la ville commerçante de Canton au VIIIᶱ siècle. 

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Le dragon, animal fabuleux. (Photo fournie) 

Les objets lèvent le voile sur les voyages de commerçants et d'explorateurs du monde arabe à travers l'Asie centrale et l'océan Indien jusqu'en Chine et en Asie du Sud-Est. 

L’exposition Dragon et phénix: des siècles d'échanges entre les mondes chinois et islamique a été organisée par Sophie Makariou, présidente du musée Guimet, en collaboration avec Souraya Noujaim, directrice scientifique, en charge de la conservation et des collections, et Guilhem André, conservateur en chef du Louvre Abu Dhabi pour les arts asiatiques et médiévaux. 

«L'exposition donne aux visiteurs la possibilité de comparer des œuvres d'art de différentes régions, placées côte à côte, reliées par des similitudes esthétiques et symboliques impressionnantes», indique André à Arab News

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L'exposition comprend également des peintures, de l'argenterie, de la céramique, de la verrerie, des manuscrits et des tissus de luxe. (Photo fournie) 

«Les œuvres semblent similaires à première vue, mais lorsque vous découvrez leur histoire et leur provenance, vous êtes conscient des nombreuses sources d'inspiration et d'échanges culturels entre les mondes chinois et islamique. Chacun de ces objets, ainsi que les matériaux utilisés, représentent des supports d'échange artistique entre ces grandes cultures», précise-t-il. 

Les chefs-d'œuvre exposés incluent la rare coupe en or de la dynastie Yuan (1279-1368) du Louvre Abu Dhabi avec une anse en forme de dragon en provenance de Chine, qui pourrait avoir été réalisée pour un dignitaire nomade. 

Un autre point fort de l’exposition est le Panni Tartarici (ou tissus tartares) – un tissu de soie mongol avec des fils d'or – provenant de la collection Guimet. 

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L'exposition sera accompagnée d'un programme culturel, incluant des projections de films à voir en famille le week-end. (Photo fournie) 

Une section présente également des peintures et des calligraphies de Wen Zhengming (1470-1559), Dong Qichang (1555-1636) et Zha Shibiao (1615-1698) prêtées par le musée Guimet. Ces œuvres correspondent aux magnifiques lettres en arabe découvertes dans une sélection de manuscrits enluminés du Coran. 

L'exposition comprend également des peintures, de l'argenterie, de la céramique, de la verrerie, des manuscrits et des tissus de luxe. 

«Partout où existent des routes commerciales, on trouve des échanges artistiques et culturels en parallèle», explique André. «À chaque exposition, nous espérons que les visiteurs repartiront avec la conviction qu'en tant qu'êtres humains, nous avons plus en commun que nous ne le pensons, historiquement et encore de nos jours. Des expositions comme celle-ci nous permettent de retracer les routes d'échange et d'inspiration entre les peuples et les cultures, qui existent depuis des milliers d'années et continueront d'être des sources d'influence.» 

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Vase avec dragons et nuages. (Photo fournie) 

L'exposition sera accompagnée d'un programme culturel, incluant des projections de films à voir en famille le week-end. 

Le conservateur en chef du musée affirme que cette exposition était l’événement le plus important du Louvre Abu Dhabi en 2021. «Avec l'ouverture de l'Expo 2020, il s'agit d'une année charnière pour les Émirats arabes unis en termes d'échanges culturels», assure-t-il. 

En 2022, le Louvre Abu Dhabi présentera une exposition de l'artiste local Ahmed al-Arif. À partir d'octobre, les activités et programmes éducatifs comprendront des visites express quotidiennes pour adultes, des événements interactifs Take Me to Asia («Emmène-moi en Asie») avec des éducateurs du musée, des activités «#MakeandPlay» inspirées de l'exposition, ainsi que des master class. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Kesha porte les lunettes de la créatrice libanaise Karen Wazen

Kesha portait des lunettes Blaze à monture œil-de-chat avec des verres plats. (Instagram/AFP)
Kesha portait des lunettes Blaze à monture œil-de-chat avec des verres plats. (Instagram/AFP)
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  • Kesha a publié une petite vidéo sur sa célèbre chanson Your Love Is My Drug
  • Karen Wazen, la fondatrice de la marque basée à Dubaï, a partagé le clip de Kesha dans sa story avec ses 8,2 millions d’abonnés

DUBAÏ: La chanteuse et compositrice américaine Kesha portait, cette semaine, des lunettes de soleil noires signées Karen Wazen

Kesha portait les lunettes Blaze à monture œil-de-chat avec des verres plats. Les branches latérales sont particulièrement épaisses et ornées du logo doré de la marque. 

Kesha a publié une petite vidéo de synchronisation labiale (techniques destinées à faire en sorte que semblent synchronisés, d'une part, le mouvement des lèvres d'une personne, et d'autre part, les paroles qu'elle est censée prononcer) sur sa célèbre chanson Your Love Is My Drug, tout en passant un moment agréable à Coachella, le festival de musique annuel organisé en Californie. Elle a fait un tour en hélicoptère, vêtue d’un T-shirt gris chic et d’un jean noir. 

Karen Wazen, la fondatrice de la marque basée à Dubaï, a partagé le clip de Kesha dans sa story avec ses 8,2 millions d’abonnés. En hommage à Kesha, elle a même enregistré une vidéo de synchronisation labiale sur un autre couplet de la même chanson, portant des lunettes Blaze marron. 

Karen Wazen a créé sa première collection de lunettes en décembre 2018. La première série comprenant cinq styles différents était disponible en acétate et en acier inoxydable et dans une large gamme de couleurs. 

Moins d’un an après le lancement officiel de sa marque, ses créations ont été distribuées par le grand e-commerçant Farfetch, qui est devenu la première plate-forme en ligne à proposer sa collection de lunettes éponyme. 

Avec une gamme de nuances élégantes à son actif, la marque By Karen Wazen a suscité l’intérêt de célébrités internationales, dont la superstar Beyoncé, la chanteuse anglo-albanaise Dua Lipa, la star de télé-réalité Kourtney Kardashian et sa mère Kris Jenner, le mannequin français Cindy Bruna, la chanteuse Becky G, les actrices Lucy Hale, Emma Stone et Naomi Watts, ainsi que la jet-setteuse Paris Hilton, pour n’en nommer que quelques-unes. 

En février, la créatrice a élargi les horizons de sa marque en dévoilant sa première collection de bijoux. Elle a présenté des boucles d’oreilles et des bracelets en forme du signe de l’infini, disponibles en argent et en or. 

Karen Wazen fait partie des personnalités les plus influentes de la région. 

En plus de diriger son entreprise, cette mère de trois enfants a participé à de nombreux publireportages régionaux pour des marques prestigieuses, notamment Prada, Ralph Lauren, Louis Vuitton et Cartier. 

En 2020, l’influenceuse a également été désignée comme l’un des principaux soutiens du Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR). 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Malak Mattar vise à sensibiliser Gaza avec l’exposition de Venise

Malak Mattar espère faire la lumière sur les atrocités qui se déroulent dans sa ville natale de Gaza sur la scène internationale. (Fournie)
Malak Mattar espère faire la lumière sur les atrocités qui se déroulent dans sa ville natale de Gaza sur la scène internationale. (Fournie)
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  • L’artiste palestinienne espère que son exposition à Venise, coïncidant avec la biennale, sensibilisera davantage aux horreurs perpétrées à Gaza
  • Elle est consciente que ses œuvres pourraient susciter la controverse. C’est généralement le cas à la Biennale, qui est réputée pour aborder les questions sociopolitiques et dont le thème cette année est « Les étrangers partout ». 

DUBAÏ : Dans le monde de l’art cette semaine, tous les regards seront tournés vers Venise. La ville italienne inaugurera la 60e édition de sa biennale éponyme, sans doute l’événement artistique le plus prestigieux au monde, le 20 avril. Parallèlement à la biennale, une exposition intime du peintre palestinien Malak Mattar sera inaugurée, qui espère faire la lumière sur les atrocités qui se déroulent dans sa ville natale de Gaza sur la scène internationale. 

Les parents de Mattar et deux frères et sœurs plus jeunes ont récemment été évacués en toute sécurité de Gaza vers l’Égypte. « Un fardeau a été levé, mais j’y ai encore des membres de ma famille », explique-t-elle à Arab News depuis Alexandrie, où elle a été réunie avec sa famille. « Les six derniers mois ont été un cauchemar, pour être honnête. La situation dure depuis si longtemps parce que les gens sont devenus engourdis et désensibilisés. » 

Ce ne sera pas la première fois que Mattar, 24 ans, expose son travail en Italie, mais son exposition à la galerie Ferruzzi de Venise lors de l’ouverture de la biennale est une étape importante de sa carrière, qui va de force en force.  
 

"Prématurément volé",  “Prematurely Stolen,” 2023. (Anthony Dawton)
“Prematurely Stolen,” 2023. (Anthony Dawton)

« C’est peut-être l’exposition la plus importante que j’aie jamais faite de ma vie », dit-elle. Tout a commencé par une rencontre fortuite lors de sa précédente exposition à Londres. 

Dyala Nusseibeh, directrice d’Abu Dhabi Art et figure éminente de la scène artistique régionale, était présente et a ensuite proposé au jeune artiste de monter une exposition à Venise. « Je lui ai dit : « Bien sûr, faisons-le. » J’étais si heureuse », se souvient-elle. « Je suis reconnaissante à Dyala d’avoir rendu cela possible en peu de temps. » 

Son exposition, qui se déroule jusqu’au 14 juin, s’intitule « The Horse Fell off the Poem ». Il présente une peinture à grande échelle et sept dessins au fusain plus petits, montrant des images poignantes de victimes. Le titre de l’émission est basé sur l’une des œuvres du poète et écrivain de résistance palestinien Mahmoud Darwish.

"Route de la mort", "Death Road"
  "Route de la mort " "Death Road"2023. (Anthony Dawton)

« (Darwish) fait partie de notre identité individuelle et collective, dit Mattar. Nous avons grandi avec ses poèmes, sa voix et son histoire. Il était si proche de nous, comme un membre de la famille. Je me souviens encore de son décès (en 2008) et c’était vraiment difficile. Ses poèmes sont intemporels et vous pouvez toujours vous y identifier, surtout maintenant. » 

Auparavant appelée « Last Breath », la peinture à grande échelle a été rebaptisée « No Words ». L’image en noir et blanc représente des scènes infernales et troublantes de perte, de chaos, de détérioration et de mort. Mattar ne se retient pas.  

« Le cheval a un symbolisme et une place dans l’époque actuelle de la guerre », a déclaré Mattar à Arab News. « Son rôle n’est plus de transporter des fruits et des légumes, mais d’être une ambulance. Il y a une force et une dureté pour un cheval, et c’est ainsi que je vois Gaza; je ne vois pas cela comme un point faible. Dans ma mémoire, je pense que c’est un endroit qui aime la vie. Il se remet toujours sur pied après chaque guerre. » 

« Je vois des oiseaux » ,"I see birds" 2024  (Anthony Dawton)
 « Je vois des oiseaux », " I see birds" 2024  (Anthony Dawton)

Elle est consciente que ses œuvres pourraient susciter la controverse. C’est généralement le cas à la Biennale, qui est réputée pour aborder les questions sociopolitiques et dont le thème cette année est « Les étrangers partout ». 

« Toute réaction est bonne, qu’elle soit négative ou positive, dit M. Mattar. Si le travail ne suscite aucune réaction, alors le travail n’est pas efficace. » 

Mattar pense que ses œuvres sont exposées à un moment où la liberté d’expression sur la Palestine est limitée, ce qui a également affecté le monde de l’art. Au cours des derniers mois, une exposition universitaire américaine d’œuvres de l’artiste palestinienne vétéran Samia Halaby a été annulée, la maison de vente aux enchères Christie’s a retiré quelques peintures du peintre libanais Ayman Baalbaki d’une vente (l’une d’elles représentait un homme dans un keffiyeh rouge et blanc), et il y a eu des appels du grand public pour annuler le pavillon national israélien à la Biennale de Venise. 

« Le monde de l’art est si noir et blanc, dit Mattar. Il n’y a pas de liberté d’expression. Il y a toujours des contraintes. Il est donc important que « No Words » soit présenté (au même endroit et en même temps) à la Biennale. Le génocide se poursuit. Ce n’est pas fini. (Ces œuvres) ne sont pas le reflet d’une époque qui s’est déjà produite - cela se passe en ce moment. Le meilleur moment pour le leur montrer est maintenant. » 

 

 

 

 


Chants, danses et Coran: en Ethiopie, la ville d'Harar célèbre Shuwalid, festival séculaire

Des jeunes femmes vêtues d'habits traditionnels se reposent après un défilé lors de la célébration du festival Shuwalid à Harar, le 16 avril 2024. (Photo Michele Spatari AFP)
Des jeunes femmes vêtues d'habits traditionnels se reposent après un défilé lors de la célébration du festival Shuwalid à Harar, le 16 avril 2024. (Photo Michele Spatari AFP)
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  • Shuwalid - «fête de Shuwal», mois du calendrier musulman succédant à celui de Ramadan - marque la fin de six jours supplémentaires de jeûne observés par certains musulmans à l'issue du mois sacré
  • Sur la scène dressée sur chacune des deux placettes, des membres des mosquées, vêtus de blanc, scandent joyeusement en choeur les sourates

HARAR, Ethiopie : Psalmodiant des sourates au rythme obsédant des tambours, hommes, femmes et enfants dansent en tapant des mains. Les habitants d'Harar, ville fortifiée d'Ethiopie figée dans le temps, célèbrent Shuwalid, fête gardienne des traditions séculaires toujours vivantes de cette petite communauté.

Shuwalid - «fête de Shuwal», mois du calendrier musulman succédant à celui de Ramadan - marque la fin de six jours supplémentaires de jeûne observés par certains musulmans à l'issue du mois sacré.

Mardi soir, les placettes autour des deux sanctuaires au centre des festivités, à l'intérieur des murailles qui enserrent la vieille ville depuis le XVIe siècle, étaient noires de monde pour le premier Shuwalid depuis son inscription fin 2023 au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.

Sur la scène dressée sur chacune des deux placettes, des membres des mosquées, vêtus de blanc, scandent joyeusement en choeur les sourates.

Ils commencent à balancer en rythme le haut du corps. Plusieurs se lèvent et dansent.

Au pied de la scène, une partie de la foule reprend les chants, certains accompagnent le rythme du tambour en entrechoquant des plaquettes de bois. Des groupes de femmes dansent.

- Recherche de fiancé -

Les Harari se revendiquent du soufisme, courant mystique de l'islam qui se veut une voie spirituelle vers Dieu. Les soufi pratiquent le Zikir, répétitions de formules du Coran qui peuvent être notamment révisées, chantées et dansées.

«Shuwalid fait partie de nos traditions», sourit Aïcha Abdurahman, institutrice de 19 ans dont les mains sont décorées au henné, qui aime revêtir les habits traditionnels, «les chants, les danses». «Cela permet aussi de nous voir», notamment les Harari vivant hors de la ville: «Les gens viennent de partout».

«Cette année, Shuwalid est spécial, c'est le premier depuis son inscription par l'Unesco. Cela nous rend très heureux et très fiers», dit-elle.

Les femmes attirent particulièrement les regards avec leurs tuniques et voiles brodés de couleurs ou de brillants, le front ceint de parures étincelantes.

Les jeunes ont apporté un soin particulier à leur apparence. Car la tradition veut que Shuwalid soit aussi l'occasion de repérer et faire connaissance avec un(e) possible fiancé(e).

«Cela remonte au temps où jeunes garçons et filles étaient strictement séparés. Aujourd'hui, ils se connaissent déjà, mais la tradition perdure», explique Abdul Ahmed, guide et fin connaisseur de l'histoire de la ville et de ses traditions.

«Ce soir, on va chercher un fiancé, souhaitez-nous bonne chance», rigole Iman Mohamed, 20 ans, accompagnée de sa copine Gizman Abdulaziz du même âge: «Shuwalid, c'est le moment où garçons et filles font connaissance, c'est une opportunité une fois dans l'année. C'est pour cela qu'on s'est faite belle».

- 82 mosquées -

Quelques heures avant, des habitants de Harar Jugol - nom de la partie fortifiée de la ville d'Harar qui s'étend désormais au-delà des murailles - s'affairaient aussi à raviver de couleurs pastel certains murs chaulés de ses 368 étroites ruelles.

Située à 500 km à l'est de la capitale Addis Abeba, Harar Jugol est elle-même listée au Patrimoine mondial de l'Unesco.

Outre ses 82 mosquées - dont trois du Xe siècle - et ses 102 sanctuaires sur moins d'un demi kilomètre carré, elle est le témoin préservé de traditions urbanistiques africaines et islamiques.

On y trouve encore de nombreuses maisons traditionnelles harari dont «la conception intérieure est exceptionnelle», note l'Unesco. Elles sont constituées d'une seule pièce en escalier de deux ou trois larges marches, les plus âgés s'installant sur la partie la plus haute. Une mezzanine sert de couchage.

Capitale d'un royaume au XVIe siècle, puis émirat indépendant, longtemps carrefour commercial, Harar n'a été intégrée à l'Ethiopie qu'en 1887.

La vieille ville a peu changé au cours de son histoire. A la fin du XIXe siècle, des commerçants indiens ont bâti des demeures à véranda de bois venues s'ajouter à l'identité urbaine de la vieille ville.

Les Harari - une infime minorité des quelque 120 millions d'Ethiopiens - ont su maintenir leurs traditions et «l'organisation des communautés sur la base de systèmes traditionnels leur a permis de préserver leur héritage social et matériel, et notamment la langue harari», souligne l'Unesco.

Les célébrations ont continué toute la nuit et dans la matinée.