Procès 13-Novembre, «six ans que je tourne autour de ma peine»

"Je suis revenue quasiment tous les jours. C'est très dur mais je repars souvent galvanisée par ce qu'il se passe : des gens qui s'étreignent, des mains qui se touchent, des gens qui s'enlacent". (Photo, AFP)
"Je suis revenue quasiment tous les jours. C'est très dur mais je repars souvent galvanisée par ce qu'il se passe : des gens qui s'étreignent, des mains qui se touchent, des gens qui s'enlacent". (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 22 octobre 2021

Procès 13-Novembre, «six ans que je tourne autour de ma peine»

  • Aurélie est allée «1 000 fois au Bataclan» avec Matthieu, et comme tant d'autres passés à la barre, ils avaient leurs habitudes dans la salle : au fond, à droite, près de l'entrée. «Il n'avait aucune chance»
  • Avec ce procès, elle veut «comprendre». «Ça fait six ans que je tourne autour de ma peine. Matthieu n'est pas que mort, il a été assassiné lors d'une tuerie de masse»

PARIS : Aurélie Silvestre avait 34 ans, un fils de trois ans et un "gros ventre" de femme enceinte quand son compagnon est décédé au Bataclan le 13 novembre 2015. Au procès où elle est venue pour "comprendre", elle a raconté son histoire "une dernière fois".


"J'ai beaucoup hésité à témoigner", commence à la barre Aurélie Silvestre, qui a déjà relaté son histoire dans un livre. "Je me suis dit que j'allais la raconter une dernière fois, avant de refermer ce chapitre".


Depuis quatre semaines, des dizaines et des dizaines de parties civiles, rescapés et proches de victimes, se succèdent devant la cour d'assises spéciale pour décrire leur 13-Novembre. 


Aurélie, fine blonde aux grandes lunettes, était en couple "depuis quinze ans" avec Matthieu Giroud, prof d'histoire-géographie à la fac. 


En novembre 2015, ils ont un fils "qui court dans l'appartement", attendent un bébé - ils savent depuis une semaine que ce sera une fille. Ils sont heureux, "c'est presque un peu gros", se disent-ils parfois. 


A 21H46, depuis le Bataclan, Matthieu envoie un message à Aurélie : "ça c'est du Rock n' roll". Une minute après, l'attaque commence, elle fera 90 morts dans la salle de concert.


Dès qu'elle est prévenue des événements, Aurélie "sait". Elle est allée "1 000 fois au Bataclan" avec lui, et comme tant d'autres passés à la barre, ils avaient leurs habitudes dans la salle : au fond, à droite, près de l'entrée. "Il n'avait aucune chance".   


Elle n'aura confirmation du décès de son compagnon que le lendemain soir. Au pas de son père qui craque sur le parquet devant sa chambre, elle comprend. "Je lui demande s'il est mort, il n'a qu'à dire +oui+".

«Casser toutes les assiettes»

Puis elle raconte le quotidien qui reprend le dessus. Seule "avec son gros ventre" et son fils, dans son "salon vide". Les "yaourts préférés" de son conjoint qui périment dans le frigo, ses habits dans le panier à linge sale, les "trois assiettes" qu'elle pose machinalement sur la table du dîner, et les larmes qu'elle cache à son fils en en rangeant une. 


"J'ai failli casser toutes les assiettes pour n'en laisser que deux et ne pas revivre cette douleur", dit-elle.


"Mon fils lui, a tout de suite fait son deuil. Le soir du 14 novembre, il a fait la liste des choses qu'il ne pourrait plus faire avec son papa : manger un kiwi le matin, monter sur ses épaules quand il est fatigué, jouer au foot le samedi après-midi".


Au mois de mars, elle accouche de sa fille, "une nuit aussi belle que la nuit du 13-Novembre avait été horrible". "Elle est toute chaude, elle est belle, et j'ai la conviction profonde que nous allons vivre, et vivre bien".


Avec ce procès, elle veut "comprendre". "Ca fait six ans que je tourne autour de ma peine. Matthieu n'est pas que mort, il a été assassiné lors d'une tuerie de masse".

Presque tous les jours

Au premier jour le 8 septembre, elle n'était "pas sûre" de pouvoir rentrer dans le palais de Justice de Paris. Dans la grande salle d'audience, elle s'est assise tout au fond. Elle a vu ces rangées de nuques ornées des "cordons verts et rouges", ceux des parties civiles, s'est demandée "quels drames étaient les leurs".


"Pour la première fois", dit-elle, elle "touche du doigt la dimension collective" du 13-Novembre. 


"Je suis revenue quasiment tous les jours. C'est très dur mais je repars souvent galvanisée par ce qu'il se passe : des gens qui s'étreignent, des mains qui se touchent, des gens qui s'enlacent". 


A ses enfants, aujourd'hui âgés de 9 et 5 ans, elle raconte des morceaux du procès. Les parties civiles qui ont donné à manger aux accusés un soir où l'audience s'éternisait. L'histoire du frère rugbyman qui a sauvé sa soeur des balles en la plaquant au sol devant Le Carillon. 


Celle du policier qui s'est allongé sur le corps d'un jihadiste dont la ceinture n'avait pas explosé, pour protéger les otages du Bataclan. Celle de l'homme qui est resté aux côtés d'une femme alors qu'il ne la connaissait pas, parce qu'elle était trop terrifiée pour s'enfuir.


"Je remplis mes cuves d'humanité", sourit Aurélie, dont la voix a à peine tremblé pendant sa déposition mais qui a ému toute la salle.  


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

Short Url
  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Short Url
  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.