Washington cherche à prévenir l'escalade des tensions sur Taïwan

Sous l'autorité de Xi Jinping, la Chine a modernisé son armée ces dernières années au point qu'elle apparaît aujourd'hui capable d'envahir Taïwan. Le président chinois, qui devrait briguer l'an prochain un troisième mandat, a réaffirmé récemment que la réunification de Taïwan avec la Chine continentale était "inéluctable". (Photo, AFP)
Sous l'autorité de Xi Jinping, la Chine a modernisé son armée ces dernières années au point qu'elle apparaît aujourd'hui capable d'envahir Taïwan. Le président chinois, qui devrait briguer l'an prochain un troisième mandat, a réaffirmé récemment que la réunification de Taïwan avec la Chine continentale était "inéluctable". (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 23 octobre 2021

Washington cherche à prévenir l'escalade des tensions sur Taïwan

  • Jen Psaki et Lloyd Austin tempèrent les propos de Biden sur une intervention militaire américaine pour défendre l’île en cas d'attaque chinoise
  • Depuis 1979, les USA ont adopté une politique dite «d'ambiguïté stratégique», en s'abstenant de dire quelles circonstances les amèneraient à défendre l'île

WASHINGTON : Les Etats-Unis ont semblé soucieux vendredi de prévenir une escalade des tensions avec la Chine, assurant que la politique américaine à l'égard de Taïwan n'avait pas changé au lendemain de l'engagement de Joe Biden à défendre l'île en cas d'agression chinoise.

Le président américain "n'annonçait pas de changement dans notre politique", a assuré la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.

"Nous respecterons nos engagements pour permettre à Taïwan de se défendre et nous continuerons à nous opposer à tout changement unilatéral du statu quo", a-t-elle ajouté.

Elle faisait ainsi écho aux propos, tenus plus tôt vendredi depuis le siège de l'Otan à Bruxelles, du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

"Comme nous l'avons fait dans le passé sous de multiples administrations, nous continuerons d'aider Taïwan avec tous les types de capacités militaires dont il aurait besoin pour se défendre lui-même", avait-il souligné.

"Nous restons donc concentrés sur ces mesures. Et je ne vais pas m'engager dans des spéculations d'aucune sorte en ce qui concerne Taïwan", a-t-il ajouté.

Interrogé jeudi sur la possibilité d'une intervention militaire américaine pour défendre Taïwan en cas d'attaque de la Chine, Joe Biden avait répondu par l'affirmative: "Oui, nous avons un engagement en ce sens", avait-il affirmé.

La déclaration du président américain paraissait contredire la politique de longue date des Etats-Unis dite "d'ambiguïté stratégique". En vertu de celle-ci, Washington aide Taïwan à construire et renforcer ses défenses mais sans promettre explicitement de venir à son aide en cas d'attaque.

La Chine considère l'île de 23 millions d'habitants, qu'elle ne contrôle pas, comme une de ses provinces en attente de réunification avec le reste du pays, et les propos de Joe Biden ont été mal accueillis à Pékin.

"Sur les questions liées à ses intérêts fondamentaux, comme sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Chine ne laissera aucune place au compromis", a affirmé Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Nous exhortons la partie américaine (...) à agir avec prudence sur la question de Taïwan et de s'abstenir d'envoyer des mauvais signaux aux militants indépendantistes taïwanais afin de ne pas nuire gravement aux relations sino-américaines", a-t-il ajouté.

Le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price s'est abstenu de répondre à Pékin. "Nous ne pouvons pas être plus clairs sur notre position", s'est-il contenté de dire vendredi.

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis s'engagent à défendre Taïwan. Joe Biden avait déjà fait cet été une promesse similaire, parlant "d'engagement sacré" à défendre les alliés de l'Otan, au Canada et en Europe, et "de même avec le Japon, la Corée du Sud et Taïwan".

Déjà en 2001, George W. Bush avait déclaré qu'il défendrait Taïwan "quoi qu'il en coûte".

Les nouveaux propos de M. Biden, qui a une grande expérience des relations internationales et siégeait à la commission des Affaires étrangères du Sénat lors de l'adoption en 1979 de la loi sur les relations avec Taïwan, pourraient n'être qu'une réaffirmation de l'ambiguïté stratégique américaine.

"Je soupçonne que Biden ne cherchait pas à annoncer un quelconque changement", déclare à l'AFP Richard McGregor, chercheur du cabinet de recherche australien Lowy Institute.

"Soit il n'a pas fait attention à ce qu'il disait, soit il a délibérément voulu prendre un ton plus dur, en raison de la façon dont Pékin a renforcé son harcèlement militaire de Taïwan ces derniers temps."

Les incursions d'avions de guerre chinois se sont multipliées récemment dans la zone d'identification de défense aérienne (Adiz) de l'île, notamment lorsqu'un nombre record de 149 vols ont traversé la zone de défense aérienne du sud-ouest de Taïwan en quatre jours, alors que la Chine célébrait sa fête nationale.

Interrogé sur le fait de savoir si les Etats-Unis seraient en mesure de faire face au développement des programmes militaires en Chine, Joe Biden a également répondu par l'affirmative.

"La Chine, la Russie et le reste du monde savent que nous disposons de la plus puissante capacité militaire du monde", a-t-il ajouté.

Il a cependant réitéré sa volonté de ne pas s'engager dans une nouvelle guerre froide avec Pékin.

Les deux pays s'opposent frontalement sur beaucoup de dossiers mais la question taïwanaise est souvent considérée comme la seule susceptible de provoquer une confrontation armée.

Taïwan jouit d'un système politique démocratique. Le territoire insulaire est dirigé depuis 1945 par un régime (la "République de Chine") qui s'y était replié après la victoire des communistes en Chine continentale en 1949, à l'issue de la guerre civile chinoise.

Les Etats-Unis reconnaissent depuis 1979 la République populaire de Chine, au détriment de Taïwan mais le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à l'île pour sa défense.

Le président chinois Xi Jinping a cependant réaffirmé récemment sa volonté de parvenir à une réunification "pacifique".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.