Grâce à l'Initiative verte, la transition vers l'énergie propre commence dans le Royaume

Des visiteurs marchent sous les palmiers de la "Riyad Oasis", dans le désert de Thumamah à la périphérie de la capitale saoudienne, le 1er février 2021.  (Fayez Nureldine / AFP)
Des visiteurs marchent sous les palmiers de la "Riyad Oasis", dans le désert de Thumamah à la périphérie de la capitale saoudienne, le 1er février 2021. (Fayez Nureldine / AFP)
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Publié le Samedi 23 octobre 2021

Grâce à l'Initiative verte, la transition vers l'énergie propre commence dans le Royaume

Grâce à l'Initiative verte, la transition vers l'énergie propre commence dans le Royaume
  • Le lancement de la SGI sera l'occasion de présenter les aspects logistiques complexes de la plantation d'arbres dans la terre aride du Moyen-Orient, mais aussi de souligner ses bénéfices en termes de réduction des émissions de CO2
  • Au cours des prochaines décennies, les hydrocarbures occuperont une place essentielle dans le bouquet énergétique mondial, mais la transition vers des sources d'énergie moins polluantes est déjà engagée

La Saudi Green Initiative (Initiative verte saoudienne ou SGI) est lancée en grande pompe aujourd'hui. Elle appuiera le message que le Royaume transmettra le mois prochain  lors de la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques: au cours des prochaines décennies, les hydrocarbures occuperont une place essentielle dans le bouquet énergétique mondial, mais la transition vers des sources d'énergie moins polluantes est déjà engagée et mérite d'être soutenue sans délai, pour le bien du Royaume et du monde entier.

La SGI (Initiative verte saoudienne) renforcera le positionnement de l'Arabie saoudite en tant que pays vert. Elle montrera au monde, qui se montre parfois sceptique, que le plus grand producteur de pétrole du monde peut se placer à l'avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique.

En effet, le savoir-faire ancestral du Royaume en matière de production de pétrole lui confère des atouts indéniables pour mener à bien cette lutte. Le Royaume reconnaît que le pétrole et le gaz constituent les carburants les plus puissants que l'humanité ait jamais développés. Cependant, il est tout aussi conscient que l'utilisation irresponsable de ces ressources risque de nuire à l'économie mais aussi à l'environnement.

La Vision 2030 tient compte de cette réalité. Son objectif est de libérer l'économie du Royaume d'Arabie saoudite de sa dépendance au pétrole et de continuer à alimenter l'économie mondiale avec les hydrocarbures dont celle-ci aura besoin pendant la période de transition.

Bien évidemment, une grande proportion des hydrocarbures produits par le Royaume peut être réaffectée à des usages non combustibles, principalement à l'industrie pétrochimique. Cette approche fait partie, depuis un certain temps, de la stratégie industrielle du pays et a reçu un coup de pouce non négligeable par la fusion entre Saudi Aramco et SABIC (Saudi Basic Industries Corporation, NDRL). L'Arabie saoudite constitue désormais une puissance considérable dans l'industrie chimique dans le monde.

Toutefois, la SGI (Initiative verte saoudienne)  sera l'occasion de dévoiler l'autre facette de la problématique des hydrocarbures. Le Royaume souhaite prouver que, outre le fait qu'il utilisera le pétrole à des fins non combustibles, il parviendra également à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les procédés industriels à base d'hydrocarbures et par la production d'électricité.

Pour ce faire, le Royaume annoncera de nouveaux objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdelaziz ben Salmane, vient de déclarer lors d'un forum à Moscou que l'Arabie saoudite allait bientôt réduire ses émissions de gaz à effet de serre de manière « spectaculaire ». La SGI (Initiative verte saoudienne) apportera des chiffres précis à ces nouveaux objectifs.

Voilà qui devrait permettre à l'Arabie saoudite de répondre aux critiques de certains écologistes qui lui reprochent, ainsi qu'à d'autres pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil, de faire la sourde oreille aux Contributions déterminées au niveau national (NDC) prévues par l'Accord de Paris. Le Royaume servira de modèle aux pays producteurs d'hydrocarbures et ce, en assumant pleinement sa responsabilité en matière des Contributions déterminées au niveau national (NDC).

Les autres volets de la SGI (Initiative verte saoudienne) sont connus. Lors du lancement de l'initiative en mars, le prince héritier Mohammad ben Salmane s'est engagé à faire progresser le Royaume vers un objectif ambitieux : la suppression totale de l'utilisation des liquides (pétrole) dans la production d'électricité dans tout le pays d'ici à 2030, date à laquelle les énergies renouvelables couvriront 50% des besoins du Royaume, le reste étant fourni par le gaz naturel.

Pour un pays habitué à consommer du pétrole en grande quantité et à bon marché pour produire de l'électricité, le royaume envoie au reste du monde le message suivant : l'Arabie saoudite est sérieuse. La transition vers l'énergie propre commence chez nous.

Les autres volets de la SGI (Initiative verte saoudienne) ne sont pas moins ambitieux. Le plus spectaculaire est sans doute le projet de planter 10 milliards d'arbres dans le Royaume au cours des prochaines décennies. Cette démarche  s'inscrit en effet dans le cadre de la Middle East Green Initiative (Initiative pour un Moyen-Orient vert), qui prévoit la plantation de 50 milliards d'arbres dans la région.

Face à l'ampleur de cette initiative, on pouvait s'attendre à une certaine dose de scepticisme. Le lancement de la SGI (Initiative verte saoudienne) sera l'occasion de présenter les aspects logistiques complexes de la plantation d'arbres dans la terre aride du Moyen-Orient, mais aussi de souligner ses bénéfices en termes de réduction des émissions de CO2.

Par ailleurs, la SGI se penchera sur les technologies indispensables à la transition vers un monde plus écologique. Cela fait un certain temps que les technologies de captage, d'utilisation et de stockage du carbone occupent une place centrale dans les activités d'innovation et de Recherche et de développement expérimental (R&D) en Arabie saoudite ; la SIG sera l'occasion de mettre en lumière les toutes dernières avancées réalisées dans ce domaine.

Il en va de même pour le captage direct du CO2 dans l'atmosphère, ou l'élimination physique du CO2 de l'atmosphère. Cette technologie requiert des investissements financiers colossaux. Lors du lancement de la SGI (Initiative verte saoudienne), cette technologie sera probablement présentée en détail, ainsi que d'autres stratégies d'investissement visant à favoriser une transition plus rapide vers les énergies renouvelables, telles que l'énergie éolienne et solaire, et les carburants de substitution, comme l'hydrogène.

Frank Kane est un journaliste économique plusieurs fois primé qui habite Dubaï.

 

Twitter : @frankkanedubai

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.