Face au défi de l'inflation, la BCE reste zen

Christine Lagarde, présidente de la BCE (Photo, AFP).
Christine Lagarde, présidente de la BCE (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 octobre 2021

Face au défi de l'inflation, la BCE reste zen

  • La présidente de l'institution, Christine Lagarde, martèle qu'il faut éviter de «surréagir» à la poussée des prix en zone euro, surtout au moment où la reprise post-Covid reste fragile
  • Les marchés européens jugent probable une hausse des taux directeurs au troisième trimestre de 2022, un véritable tournant après une décennie de baisse continue

FRANCFORT: Les yeux rivés sur l'envolée de la courbe d'inflation, la Banque centrale européenne devrait conserver jeudi son cap expansif, jouant la prudence et l'attentisme quand d'autres grands argentiers annoncent la normalisation progressive de la politique monétaire.

La présidente de l'institution, Christine Lagarde, martèle qu'il faut éviter de "surréagir" à la poussée des prix en zone euro, surtout au moment où la reprise post-Covid reste fragile et bridée par la crise mondiale des chaînes logistiques.

Les marchés seront néanmoins à l'affût, jeudi, après la réunion du Conseil des gouverneurs, de tout indice sur la façon dont la banque compte gérer la sortie des énormes programmes de soutien accordés depuis le début de la pandémie.

Les marchés européens jugent probable une hausse des taux directeurs au troisième trimestre de 2022, un véritable tournant après une décennie de baisse continue dans un contexte d'inflation atone.

Mais la BCE s'est jusqu'ici gardée de dévoiler son calendrier malgré l'accélération des hausses de prix.

Le taux d'inflation, tiré par la flambée des coûts de l'énergie, a bondi en septembre à 3,4% sur un an, du jamais vu depuis 13 ans et bien au-dessus de l'objectif symétrique de 2% visé par la BCE sur le moyen terme.

Il devrait atteindre plus de 4% d'ici la fin de l'année, selon les experts.

Equilibrisme

Les banques centrales sont toutefois prises en étau entre retour de l'inflation et menaces sur la croissance.

L'activité a perdu en élan face à la persistance des pénuries de matériaux. En témoigne la baisse en octobre et pour le troisième mois consécutif des indices PMI du secteur privé en zone euro.

Au mieux, le PIB de la zone euro "ne devrait croître que légèrement au quatrième trimestre", prévoit Ralph Solveen, économiste chez Commerzbank. 

Ce cocktail réveille le spectre de la stagflation, combinaison de hausse de prix et de croissance atone, spirale funeste des années 1970.

Cette situation complique le travail des banques centrales : si elles resserrent prématurément leur politique accommodante, elles risquent de paralyser la reprise. Si elles attendent trop longtemps, elles auront plus de mal à dompter l'inflation.

Dans cet exercice d'équilibriste, la BCE semble moins pressée d'agir que ses homologues des pays développés.

Fin septembre, la banque centrale de Norvège a été la première du G10 à relever ses taux, suivie début octobre par la Banque de Réserve de Nouvelle-Zélande.

La Fed américaine prépare depuis plusieurs mois le terrain pour une annonce de réduction de ses achats d'actifs début novembre. Mais elle n'agira pas tout de suite sur ses taux bas.

Le calendrier s'accélère aussi à la Banque d'Angleterre, son gouverneur Andrew Bailey affirmant que l'institution pourrait "devoir agir" pour maîtriser l'inflation. Les investisseurs tablent sur un resserrement monétaire de la BoE avant la fin de l'année.

Avenir des achats de dettes

"Par contraste, la BCE semble plutôt zen", note Bruno Cavalier, économiste chez Oddo.

Avant de planifier une hausse des taux, la BCE voudra voir sa prévision d'inflation se situer pour 2022 et 2023 dans les clous de son objectif de 2%, ce qui n'est pas le scénario du moment. 

Ses responsables ne cessent d'insister sur le caractère transitoire de l'inflation, tout en reconnaissant qu'elle pourrait se prolonger si elle s'accompagnait d'une hausse des salaires. Un risque de spirale à laquelle la banque reste attentive.

Accompagner la sortie de la crise sanitaire implique aussi, pour l'institution de Francfort, de débattre de la fin de son programme d'achats massifs de dettes (PEPP) mis en place lors de la pandémie.

L'enveloppe de 1.850 milliards d'euros, qui a permis de financer le "Quoi qu'il en coûte" des Etats durant l'épidémie de Covid, doit expirer fin mars 2022.

Or, tout reste à discuter sur l'après "PEEP", avec le souci d'amortir un potentiel choc sur des marchés désormais habitués à des injections massives de liquidités.

Pour assurer une transition en douceur, la BCE a plusieurs options, allant de la mise en place d'un nouveau programme de rachats de dette au réaménagement de son dispositif d'assouplissement quantitatif (QE), grâce auquel elle rachète depuis 2015 des titres sur les marchés.

Cette discussion délicate est attendue pour la réunion du 16 décembre. 


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
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  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur l'excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.