Réchauffement: Des migrants climatiques par millions

Le village Sitio Pariahan aux Philippines, submergé par les eaux après le passage d'un cyclone (Photo, AFP).
Le village Sitio Pariahan aux Philippines, submergé par les eaux après le passage d'un cyclone (Photo, AFP).
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Réchauffement: Des migrants climatiques par millions

  • Typhons, ouragans, sécheresses, incendies : les habitants de zones frappées par ces catastrophes naturelles sont obligés de les quitter
  • Le statut de migrant climatique n’est pas encore authentifié par le droit international, mais pourrait le devenir à mesure que le nombre de déplacés augmentera

Principal enjeu du sommet de la COP 26 qui se tiendra prochainement à Glasgow, le réchauffement climatique entraîne déjà des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. Typhons, ouragans, sécheresses, incendies : les habitants de zones frappées par ces catastrophes naturelles sont obligés de les quitter.

Le statut de migrant climatique n’est pas encore authentifié par le droit international, mais pourrait le devenir à mesure que le nombre de déplacés augmentera.

Tour d’horizon des régions du monde particulièrement affectées par le phénomène.

Graphique montrant les pays les plus touchés par les déplacements de population liés aux catastrophes naturelles (AFP).

Le réchauffement s’accentue en Asie

L'Asie a connu son année la plus chaude jamais enregistrée en 2020, a indiqué mardi l'ONU.

Dans son rapport annuel, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué que l'ensemble de la région a été touchée par le changement climatique.

"Les conditions météorologiques extrêmes et le changement climatique en Asie ont causé en 2020 la perte de milliers de personnes, déplacé des millions d'autres et coûté des centaines de milliards de dollars", a indiqué l'OMM dans un communiqué.

"Le développement durable est menacé. L'insécurité dans les domaines de l'alimentation et de l'eau, les risques sanitaires et la dégradation de l'environnement sont en hausse", a-t-elle souligné.

A Dhaka, des Bangladeshi tentent de lutter contre l'érosion des bords de la rivière Manikgonj (Photo, AFP).

Le Bangladesh sous la tourmente

Selon les experts, le Bangladesh, pays de 170 millions d'habitants pourrait connaître, à cause du changement climatique, le plus important déplacement humain de l'histoire.

La nature a toujours malmené ce pays de basse altitude où s'entrecroisent des rivières boueuses au fond du golfe du Bengale.

Mais les phénomènes tels que les cyclones sont de plus en plus fréquents, selon les scientifiques. Des prévisions de plus en plus précises permettent généralement une évacuation à temps des populations. Mais avec les inondations toujours plus nombreuses et l'érosion fluviale, la vie de beaucoup d'habitants devient intenable.

Selon le Centre international de surveillance des déplacements, près de 5 millions de Bangladais ont été déplacés à l'intérieur du pays entre 2008 et 2014, s'installant la plupart du temps à Dacca ou Chittagong.

Selon la Banque mondiale, 13,3 millions d'autres pourraient suivre d'ici 2050.

Camp de déplacés en Afghanistan (Photo, AFP).

Famines en Afghanistan

Selon le Programme alimentaire mondial, plus de la moitié de la population afghane - soit 22,8 millions de personnes -, connaît désormais une insécurité alimentaire aiguë, en raison des effets combinés de la guerre, du réchauffement climatique et des crises économique et sanitaire.

C'est le chiffre le plus élevé depuis que l'ONU a commencé à analyser ces données en Afghanistan il y a dix ans.

Dans la province de Badghis, où le manque de pluie a ravagé les champs, et privé les bêtes d'eau et de nourriture, ce pourcentage monte à 90%, selon l'ONG Acted.

Dans un rapport de 2016, l'ONU notait déjà une inquiétante baisse des pluies dans le nord et des effets du changement climatique "déjà ressentis par des millions d'agriculteurs et d'éleveurs" à travers le pays.

Les habitants n'y sont pas pourtant pour grand-chose dans le réchauffement climatique. Selon des chiffres de la Banque mondiale de 2018, un Afghan émet en moyenne 0,2 tonne métrique de CO2 par an, contre environ 15 pour un Américain.

Campement de fortune en Somalie peuplé de déplacés internes (Photo, AFP).

Entre sécheresses et inondations, la Somalie se vide de ses habitants

Ces dernières années, les désastres naturels - et non les conflits - ont été la principale cause des déplacements en Somalie, qui, en plus d'être ravagé par la guerre, est un pays classé parmi les plus vulnérables au réchauffement climatique.

Les sécheresses, fréquentes et sévères, ainsi que les inondations, ont déplacé plus de trois millions de Somaliens depuis 2016, selon des données du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). 

Le phénomène est en train de vider des zones entières de l'intérieur de la Somalie, faisant croître d'immenses camps à l'extérieur des villes. 

Les communautés pastorales avaient pour tradition de donner des noms aux plus grandes sécheresses, espacées d'à peu près une décennie. 

"Mais maintenant (...) les sécheresses sont tellement fréquentes qu'elles n'ont plus de nom", affirme à l'AFP la ministre régionale de l'Environnement du Somaliland, Shukri Haji Ismail.

Les pluies torrentielles provoquées par le typhon Goni ont particulièrement affecté le village de San Francisco aux Philippines (Photo, AFP).

Les Philippines face aux typhons

Aux Philippines, ce sont les typhons, de plus en plus fréquents, qui affectent la population.

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont fui lorsque le typhon Goni a déferlé sur l'archipel en novembre dernier, classé parmi les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. 

Dans la province d'Albay, surnommée "capitale des catastrophes", les familles passent plusieurs jours dans des abris à chaque saison des pluies.

Bill Bontigao, militant climatique, voit le typhon Goni comme un "signal d'alarme" révélateur de l'urgence à préparer la région à des cyclones plus violents.

Les plantations de cardamome de cette région du Guatemala ont été devastées par la crue de la rivière Cerro Azul (Photo, AFP).

L’Amérique centrale en danger

En octobre et novembre 2020, deux puissants ouragans, Eta et Iota, ont frappé successivement l'Amérique centrale faisant au moins 200 morts et d'énormes dégâts sur les infrastructures et les cultures.

Lazaro Yat, un indigène maya Q'eqchi' de 42 ans, reste marqué à jamais par ces journées de déluge où les eaux de la rivière Azul qui traverse son village ont débordé, inondant routes, maisons, cultures et pâturages.

Avec le réchauffement de la surface des océans, lié au changement climatique, les ouragans deviennent plus puissants, selon les scientifiques qui prévoient une augmentation du nombre d'ouragans de catégorie 4 et 5. 

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus d'un million de personnes ont été déplacées à l'intérieur et à l'extérieur de l'Amérique centrale par l'impact d'Eta et Iota.

Alex Guerra, directeur de l'Institut de recherche sur le changement climatique au Guatemala, explique que les catastrophes liées au réchauffement de la planète sont un "déclencheur" croissant de migration irrégulière dans la région. 

Des milliers de personnes, principalement des Salvadoriens, des Guatémaltèques et des Honduriens, tentent chaque année de rejoindre les Etats-Unis.

Ils fuient la pauvreté et la violence, et "l'événement climatique donne le coup de pouce final pour que les gens décident de migrer", explique-t-il à l'AFP.

Un récent rapport de la Banque mondiale prévient que les effets du changement climatique pourraient entraîner le mouvement de 216 millions de personnes d'ici 2050, dont 17 millions en Amérique latine.

Des pompiers luttent contre un incendie en Californie (Photo, AFP).

Migrants climatiques en Californie

La Californie se trouve désormais confrontée à un phénomène qu'on associait jusqu'à présent aux atolls du Pacifique menacés par la montée des eaux ou aux zones arides des pays en voie de développement. 

Huit des dix plus gros incendies jamais recensés en Californie se sont déclarés depuis 2017. En 2020, le plus grand d'entre eux a détruit à lui seul 417.000 hectares, soit plus de trois fois la superficie de la mégapole de Los Angeles.

"Comme les feux de forêts provoquent des déplacements massifs de population et que ces incendies sont exacerbés par le changement climatique, je pense qu'on peut commencer à considérer ces déplacements à grande échelle comme un aspect des migrations climatiques", estime Rebecca Miller, chercheuse à l'université de Californie du Sud (USC) au sein du projet "West on Fire".

Selon le Centre de surveillance des déplacements internes, une ONG norvégienne, les feux de forêt ont déplacé en moyenne plus de 200.000 personnes chaque année au cours de la dernière décennie. Près de trois de ces déplacés sur quatre se trouvaient aux Etats-Unis, en grande majorité en Californie.

Les feux record de l'an dernier, qui ont consumé plus de 17.000 km² au total selon les pompiers californiens, ont provoqué le déplacement plus ou moins long de quelque 600.000 habitants.

"J'avais l'impression d'élever mes enfants dans une zone sinistrée. Tout était brûlé autour de nous", déplore Jessica Distefano, qui a fini par quitter le nord de cet Etat américain pour l'Idaho.

(Avec AFP).


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.