Le futur CHU de Nantes sera construit sur une île, un choix contesté

Une photo montre une pancarte illustrant la conception du projet sur le chantier du futur CHU de Nantes le 6 octobre 2021, à Nantes, dans l'ouest de la France. LOIC VENANCE / AFP
Une photo montre une pancarte illustrant la conception du projet sur le chantier du futur CHU de Nantes le 6 octobre 2021, à Nantes, dans l'ouest de la France. LOIC VENANCE / AFP
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Le futur CHU de Nantes sera construit sur une île, un choix contesté

  • L'implantation du futur CHU de Nantes sur une île en plein centre-ville continue de susciter inquiétudes et scepticisme
  • Parmi les griefs : le manque de parkings, les risques d'inondations, les nuisances sonores des avions atterrissant à l'aéroport Nantes Atlantique, ou encore la découverte de bombes non explosées de la Seconde guerre mondiale lors du terrassement

NANTES, France : Un terrain étroit en bord de Loire, potentiellement inondable et difficile d'accès. L'implantation du futur CHU de Nantes sur une île en plein centre-ville continue de susciter inquiétudes et scepticisme, même si le chantier a démarré pour une livraison prévue en 2026.

"Les travaux sont loin d'être très très avancés", indique Bernard Le Mével, ancien directeur du Centre régional de lutte contre le cancer de Nantes, mais le permis de construire a été délivré en juillet 2019 et la direction du CHU annonce la pose d'une première pierre "fin novembre, début décembre".

"Le choix du site va entraîner des surcoûts absolument incroyables, qui pourraient être consacrés à l'achat de matériel", regrette M. Le Mével, membre du "Collectif Stop Transfert", un groupe hétérogène d'anciens médecins, de représentants de la CGT, d'Attac ou encore d'élus LR et LFI.

En juillet, ils ont publié une tribune "Nous accusons!", dans laquelle ils dénoncent l'implantation du CHU sur l'île de Nantes, au détriment de Laënnec, un site plus spacieux, à une dizaine de km au nord du centre-ville. Ils assurent que l'hôpital sera "saturé dès le départ, interdisant toute possibilité d'expansion", ou encore que le budget du projet "est largement sous-estimé".

Le manque de parkings, les risques d'inondations, les nuisances sonores des avions atterrissant à l'aéroport Nantes Atlantique, ou encore la découverte de bombes non explosées de la Seconde guerre mondiale lors du terrassement, figurent aussi parmi leurs griefs.

Toutes ces inquiétudes "se sont exprimées au moment de l'enquête publique, au moment de l'élaboration du permis de construire. C'est derrière nous, le permis de construire est signé, il n'y a pas eu de recours (...) le projet va se faire", tranche de son côté Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l'Agence régionale de santé des Pays de la Loire.

« Tout a été prévu »

"Il n'y a aucun risque", abonde Philippe El Saïr, directeur général du CHU, où travaillent quelque 12.000 salariés.

"Toutes les réponses ont été apportées (...) les installations techniques de l'hôpital, par exemple, ne seront pas en sous-sol, seront à des niveaux supérieurs, même si une crue millénaire se produit, tout a été prévu", poursuit-il.

Ce projet "a du sens, parce que ce projet va améliorer les conditions de travail des soignants, parce que ce projet va permettre de continuer à avoir des médecins de grande qualité", explique pour sa part la maire PS de la ville, Johanna Rolland.

Selon les porteurs du projet, l'installation en centre-ville sera un facteur d'attractivité pour ce "quartier de la santé", qui réunira au même endroit plusieurs sites de l'actuel CHU vieillissant et sera constitué de l'hôpital, d'un pôle d'enseignement, d'instituts de recherche et d'entreprises.

Le projet "a maturé dès 2006", insiste M. Coiplet, soulignant que s'il fallait "repartir à zéro, alors là, on se retrouve dans 30 ans!".

Mais les rebondissements se multiplient, montrant selon les opposants, que le projet est mal engagé.

L'État a augmenté sa participation de 175 millions d'euros l'hiver dernier, portant son financement à 400 millions pour ce projet désormais chiffré à 1,2 milliard d'euros, et plusieurs surcoûts sont liés au choix du terrain, estiment les opposants.

"Il faut revoir toutes les lignes de tramway parce qu'en voiture, c'est très compliqué de circuler parce que vous êtes sur une île tout simplement, et du fait des caractéristiques du sous-sol, on est obligés de mettre des pieux à trente mètres de profondeur pour soutenir" le bâtiment, explique Laurence Garnier, sénatrice et chef de file de l'opposition LR au conseil municipal.

Le triple vitrage pour limiter le bruit des avions, ou encore la dépollution liée aux bombes non explosées sont aussi citées en exemple de coûts supplémentaires.

Par ailleurs, contrairement à ce qui avait été annoncé, la totalité des activités ne seront pas sur l'île de Nantes, mais un "pôle de longévité" sera créé à Laënnec. Enfin, il y a quelques semaines, le quotidien Presse Océan révélait que le contrat de maîtrise d'oeuvre du futur CHU avait été résilié en mars, faisant craindre aux opposants des retards de livraison.


Entreprises: les gros retards de paiement augmentent en France selon une étude

Une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%). (AFP).
Une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%). (AFP).
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  • Les entreprises des trois régions de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine) ont des retards moyens inférieurs à 10 jours
  • L'Ile-de-France est "très au-dessus de la moyenne nationale, avec 17,4 jours

PARIS: Une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%) souligne mardi l'étude semestrielle Altares, mais les gros retards (plus de 30 jours) augmentent, comme dans le reste de l'Union.

Ainsi, la proportion des bons payeurs français "est à son plus haut historique", souligne Altares, mais les retards supérieurs à 30 jours sont passés de 5,7% à 7,6% en un an.

En particulier, "la situation se tend fortement chez les PME et les TPE": au cours du 1er semestre, les sociétés de 10 à 49 salariés sont restées sous 11,5 jours de délai, mais celles de 50 à 200 salariés ont allongé leurs retards de plus d'une journée (12,4 jours au deuxième trimestre contre 11,2 au T2 2022).

Chez les TPE, c'est l'inverse: les structures de plus de 3 salariés se maintiennent aux environs de 11,5 jours tandis que les plus petites repassent à 12,2 jours au 2e trimestre.

Les ETI (Entreprise de taille intermédiaire) et grandes entreprises de plus de 1.000 salariés "ne confirment pas" pour leur part l'amélioration engagée l'an dernier: les délais réduits à 16,5 jours à l'été 2022 avoisinent désormais 18 jours.

Les entreprises des trois régions de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine) ont des retards moyens inférieurs à 10 jours. Ces retards sont de 12,7 jours dans les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, de 13,4 jours en Corse.

L'Ile-de-France est "très au-dessus de la moyenne nationale, avec 17,4 jours. Les entreprises des autres régions ont 10 à 12 jours de retard en moyenne.

L'étude constate par ailleurs qu'en Europe, "le plafond des treize jours de retard" en moyenne est "difficile à briser".

Altares distingue de "bons élèves", Pays-Bas et Allemagne, avec des retards moyens de respectivement 4,1 jours et 6,2 jours, et Belgique, qui accuse cependant une proportion de grands retardataires au plus haut (6,4%) depuis deux ans.

Les pays latins sont "à la traîne", indique l'étude, avec notamment 24 jours de retard moyen au deuxième trimestre au Portugal où plus de 15% des entreprises présentent des retards de plus de 30 jours.

Pour Thierry Millon, directeur des études d'Altares, "les entreprises européennes tentent de résister aux vents contraires" et "un clivage se creuse entre des entreprises plus nombreuses à tenir leurs engagements contractuels et d’autres plus nombreuses également à décaler leurs règlements de plus d’un mois".


Secret défense: Audience en appel mercredi sur les poursuites visant un journaliste

La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans (Photo, AFP).
La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans (Photo, AFP).
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  • La cour d'appel de Paris étudiera mercredi les poursuites pour divulgation du secret défense visant le journaliste Alex Jordanov
  • Deux anciens policiers, dont Malik Naït-Liman, désignés par l'enquête comme ses sources, ont aussi été mis en examen

PARIS: La cour d'appel de Paris étudiera mercredi les poursuites pour divulgation du secret défense visant le journaliste Alex Jordanov, auteur d'un livre sur le renseignement intérieur et qui demande leur annulation.

La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans.

La justice reproche au premier, brièvement otage en Irak en 2004, d'avoir dangereusement levé le voile, dans son livre "Les guerres de l'ombre de la DGSI" (Nouveau Monde éditions), sur la cuisine interne du principal service de renseignement travaillant sur l'Hexagone.

Fin juin 2022, M. Jordanov avait été mis en examen par une magistrate instructrice parisienne pour diverses infractions, parmi lesquelles l'appropriation et la divulgation de secret défense.

Deux anciens policiers, dont M. Naït-Liman, désignés par l'enquête comme ses sources, ont aussi été mis en examen pour des infractions d'atteinte au secret de la défense nationale.

Dans sa requête en nullité, M. Jordanov dénonçait via son avocat William Bourdon "une atteinte non nécessaire et disproportionnée à la liberté d'expression, au droit à l'information sur des questions d'intérêt public majeur et au droit à la protection des sources journalistiques" de son client.

Pour l'avocat, les investigations menées, et notamment les perquisitions au domicile du journaliste, l'ont été principalement "dans le but d'identifier (ses) sources".

«Caractère de gravité»

Ce secret des sources est pourtant protégé de manière extensive. La loi de 1881 sur la liberté de la presse prévoit qu'il ne peut y être porté atteinte "directement ou indirectement" qu'en cas d'"impératif prépondérant d'intérêt public" et via des "mesures strictement nécessaires et proportionnées".

Dans ses réquisitions écrites, dont l'AFP a eu connaissance, le parquet général a requis la confirmation de la procédure, justifiant l'atteinte au secret des sources, via des perquisitions "essentielles pour la répression des infractions" et "indispensables à la manifestation de la vérité", car ce dossier a un "évident caractère de gravité".

Lors de sa mise en examen, le journaliste avait reçu un large soutien de la profession.

Le ministère public a également demandé la confirmation de la procédure concernant M. Naït-Liman qui dénonçait une démesure de moyens judiciaires dans le but de "le compromettre".

Mercredi, un juge doit par ailleurs se prononcer sur la validité de saisies réalisées, dans le cadre d'une autre affaire d'atteinte au secret défense, lors de la perquisition de la journaliste Ariane Lavrilleux, qui collabore pour le média d'investigation Disclose.


Carburants: L'exécutif maintient la pression sur les distributeurs

Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de «l'indemnité carburant travailleur», non sans revenir sur quelques promesses (Photo, AFP).
Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de «l'indemnité carburant travailleur», non sans revenir sur quelques promesses (Photo, AFP).
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  • Emmanuel Macron avait annoncé dimanche l'abandon de l'idée de vente à perte, rejetée par l'ensemble des distributeurs
  • Désireux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement entendait «battre le fer quand il était chaud», aux dires d'un conseiller ministériel

PARIS: A défaut de les convaincre de vendre à perte, le gouvernement maintient la pression sur les distributeurs de carburants en les réunissant mardi à Matignon pour leur demander de vendre "à prix coûtant" et alléger ainsi la facture des Français à la pompe, mais sa marge est étroite.

"Chacun doit prendre sa part", a insisté Elisabeth Borne qui a convié raffineurs, distributeurs et fédérations professionnelles rue de Varenne à 17H30 dans le but de "faire la transparence sur leurs marges et demander leur réduction".

Emmanuel Macron avait annoncé dimanche l'abandon de l'idée de vente à perte, rejetée par l'ensemble des distributeurs, et chargé sa Première ministre de réunir "cette semaine" les représentants de la filière.

Pourtant de l'aveu même des acteurs du secteur, l'impact de la vente à prix coûtant risque d'être "assez marginal", étant donné qu'elle est déjà pratiquée par les enseignes et que la grande distribution vend les carburants avec des marges de "quelques centimes", rappelle Patrice Geoffron, professeur à l'université Paris-Dauphine et directeur de l'équipe énergie-climat.

La tenue de cette rencontre, au lendemain d'un Conseil de planification écologique, illustre une nouvelle fois la difficulté de l'exécutif à concilier réduction des émissions polluantes et préservation du pouvoir d'achat grevé par la flambée des prix des carburants fossiles.

«Atterrissage»

Sur le pouvoir d'achat, "l'écologie est la réponse", a répondu Emmanuel Macron dimanche. Tout en affirmant que "la bagnole, (...) moi je l'adore".

Lundi, il a défendu une écologie "souveraine", "compétitive" et "juste", promettant de "reprendre le contrôle" du prix de l'électricité" face aux oppositions qui l'accusent de laisser la facture exploser, sans évoquer celle des carburants.

L'idée de vente à perte n'aura donc vécu qu'une semaine après son annonce par la Première ministre, accueillie avec circonspection voire réticence y compris au sein de la majorité.

Désireux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement entendait "battre le fer quand il était chaud", aux dires d'un conseiller ministériel, en conviant dès mardi les distributeurs.

Car "ce n'est pas le point d’entrée qui compte mais l'atterrissage", avance ce conseiller. "Si on trouve un calendrier, des volumes" lors de cette réunion à Matignon, "c’est positif", ajoute-t-il.

Mais "monter le ton" auprès de la grande distribution, réputée coriace dans les négociations, "est d'autant plus efficace que c’est crédible", prévient un autre conseiller.

Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de "l'indemnité carburant travailleur", non sans revenir sur quelques promesses.

La mesure devrait d'abord coûter environ 500 millions d'euros, alors que le gouvernement présente mercredi un budget d'économies visant à désendetter le pays.

Cette aide n'a pas ensuite convaincu les opposants du chef de l’État, qui dénoncent une "politique du chèque" et réclament en chœur des baisses de taxes.

«Solidarité»

L'abandon de la vente à perte sonne aussi comme un désaveu du président à l'égard de sa Première ministre, avec laquelle il a déjà connu des frictions.

Une ministre évoque "un truc monté pour (contrarier) la Première ministre" mais n'exclut pas non plus que l'exécutif ait "voulu faire un coup en allant vite".

Mme Borne "a le cuir épais", assure un conseiller. Et "elle s’en sort pas trop mal du fait que ça n’a pas été très commenté" puisque les caméras étaient braquées la semaine dernière sur le roi Charles III et le pape, avance un autre.

Un cadre de la majorité ne voit pas de dissension entre les deux têtes de l'exécutif car la proposition de vente à perte était "forcément tamponnée par le président".

Ce n'est donc ni la défaite de Mme Borne ou de l'exécutif mais davantage "une défaite de la solidarité qu’on souhaite mettre en place face à l'inflation", selon lui.