France: un village «comme les autres» pour les malades d'Alzheimer

Un membre du personnel avec une patiente atteinte d'Alzheimer après une coupe de cheveux dans le village traditionnel des Landes (Philippe LOPEZ / AFP)
Un membre du personnel avec une patiente atteinte d'Alzheimer après une coupe de cheveux dans le village traditionnel des Landes (Philippe LOPEZ / AFP)
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Publié le Dimanche 20 septembre 2020

France: un village «comme les autres» pour les malades d'Alzheimer

  • L'Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) a été conçu comme une bastide dans un village traditionnel des Landes
  • « Mais je la vois sereine, assez libre de ses choix... Elle est chez elle, elle appelle ça le village »

DAX : A la terrasse du café-restaurant, sur la place inondée de soleil, deux femmes âgées prennent un café en commentant les nouvelles, une scène d'un village du sud-ouest de la France qui serait banale si elle ne se passait dans un établissement conçu spécialement pour les malades d'Alzheimer.

A Dax, cet établissement unique en France a bravé l'épidémie de Covid-19 pour ouvrir au printemps et accueille 120 personnes, encadrées par autant de soignants et autant de bénévoles.

Inspiré des Pays-Bas, ce modèle sert aussi de laboratoire et est suivi de près par des équipes du Japon et d'Italie, des pays qui songent à adapter à leur tour des établissements expérimentaux.

L'Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) a été conçu comme une bastide, le village traditionnel des Landes. Sous les arcades de la place centrale, un salon de coiffure, une supérette, un coin bar, une salle de sport ou une médiathèque.

Les petits cheminements aux lignes douces, l'étang tout proche, les deux ânesses Junon et Janine qui vivent au milieu du village : tout inspire l'apaisement. Jusqu'aux bâtiments techniques construits en bois pour se faire oublier.

Quatre quartiers dispersés dans un écrin de verdure réunissent chacun quatre maisons. « Chaque villageois a sa chambre et vit à son rythme. Celui qui se lève à 006H00 (004H00 GMT) n'empêche pas l'amateur de grasse matinée de rester tranquille », explique Aurélie Bouscary, auxiliaire de vie.

Ce midi, elle réchauffe les plats pour les huit villageois de sa maison et les motive pour dresser le couvert du repas commun. Les assiettes ont été chinées chez les brocanteurs, et le buffet pourrait venir de n'importe quelle maison rurale des environs. 

« C'est le travail mené avec (l'association) France Alzheimer en amont qui a permis de mettre au point tous ces petits éléments qui renvoient les villageois à leur vie d'avant », explique à l'AFP la directrice, Pascale Lasserre-Sergent. 

Dix places sont réservées aux moins de 60 ans, et si la moyenne d'âge est de 79 ans, la plus jeune a 40 ans.

« Sereine... »

Sur la terrasse du restaurant, nos deux villageoises sont accompagnées d'une maîtresse de maison car ici, le personnel a du temps pour dialoguer, rassurer, partager, accompagner à la supérette...

« Cela reste un travail de soins », témoigne Aurélie, « mais c'est complètement différent. J'ai le sentiment de mieux faire mon travail ».

« Toutes ces personnes avaient doublé leur enfermement pendant le confinement. En s'installant ici depuis juin, elles ont pu prendre leurs aises et retrouver une liberté quotidienne apaisée », raconte Nathalie Bonnet, psychologue-gérontologue.

« Elles récupèrent de la motivation et retrouvent des gestes de la vie quotidienne. Comme il y a toujours quelqu'un à proximité pour atténuer leur syndrome anxio-dépressif avant qu'il ne prenne de l'ampleur, elles s'apaisent plus vite. Et de ce fait, les prescriptions de traitements anxiolytiques ou antidépresseurs peuvent être réduites », ajoute-t-elle.

Le village se veut un lieu ouvert et si les résidents ne peuvent dépasser la limite des 5 ha, les familles, les bénévoles et même les habitants des quartiers voisins sont les bienvenus.

Bien sûr, pour l'instant, le coronavirus a mis un frein à ces interactions, mais tout un chacun peut venir ici écouter un concert, participer à une fête de quartier ou même se faire couper les cheveux.

Ce village idyllique a un coût : 28 millions d'euros pour le construire, payés par le département, puis 6,7 millions chaque année pour le faire tourner. Comme la pension des résidents (65 euros par jour) reste celle d'un Ehpad normal, le département et l'Agence régionale de Santé doivent mettre la main à la poche.

Au restaurant, il y a aussi Melany Fournier qui est venue de Suisse voir sa tante, une élégante octogénaire, avec qui elle déjeune : « cela fait longtemps que je ne l'avais pas vue. J'avais un peu d'appréhension quand même », dit-elle. « Mais je la vois sereine, assez libre de ses choix... Elle est chez elle, elle appelle ça le village ».


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».