La Fed dans les starting blocks, prête à réduire son soutien monétaire

La Maison Blanche n'a par ailleurs toujours pas annoncé si elle maintenait Jerome Powell à la tête de la Fed pour un second mandat de quatre ans à partir de février, ou si elle décidait de le remplacer. (AFP)
La Maison Blanche n'a par ailleurs toujours pas annoncé si elle maintenait Jerome Powell à la tête de la Fed pour un second mandat de quatre ans à partir de février, ou si elle décidait de le remplacer. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 31 octobre 2021

La Fed dans les starting blocks, prête à réduire son soutien monétaire

  • Un autre risque guette désormais: celui d'une inflation plus forte et plus durable que prévu, à cause des perturbations sur la chaîne mondiale d'approvisionnement couplée à une forte demande des consommateurs
  • Ces plans font craindre une nouvelle poussée d'inflation. L'administration Biden assure qu'ils vont contribuer à faire ralentir les prix en accroissant le potentiel de croissance de l'économie américaine

WASHINGTON: Le grand moment semble arrivé pour la banque centrale américaine: elle devrait annoncer la réduction du soutien qu'elle apporte aux marchés depuis le début de la crise, signe d'une reprise solide, et alors que l'inflation s'annonce plus tenace que prévu.


Tous les signaux sont au vert, pour que le comité monétaire de la Réserve fédérale (Fed), qui se réunit mardi et mercredi, décide de commencer à réduire ses achats d'actifs. Objectif: les ramener de 120 milliards de dollars par mois actuellement, à zéro d'ici le milieu de 2022.


La question "n'est pas si, mais à quelle vitesse, la Fed va (les) réduire", a ainsi commenté Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics.


Depuis mars 2020, la Fed inonde le marché de liquidités, en achetant chaque mois 80 milliards de bons du Trésor et 40 milliards de MBS (mortgage-backed securities), des produits financiers adossés à des prêts immobiliers.


Cela a permis d'éviter qu'une crise financière ne vienne se superposer à la crise économique, en fluidifiant le crédit et poussant les taux longs à la baisse. In fine, cela permet aux ménages de continuer à consommer, et aux entreprises de continuer à fonctionner et investir.


Mais, maintenant que la reprise économique est sur les rails, la Fed veut réduire progressivement ce soutien.

Inflation 
D'autant qu'un autre risque guette désormais: celui d'une inflation plus forte et plus durable que prévu, à cause des perturbations sur la chaîne mondiale d'approvisionnement couplée à une forte demande des consommateurs.


La hausse des prix sur un an a accéléré à 4,4% en septembre, au plus haut depuis 1991. Mais, comparée au mois précédent, elle est stable, à 0,3%.


Jusqu'à présent, le président de la Fed, Jerome Powell, a estimé que cette inflation était temporaire, mais resterait à un niveau élevé pendant encore plusieurs mois.


"Bien que la Fed ait été disposée à tolérer" l'inflation, les risques "nécessiteront une réponse plus tôt que la Fed ne l'anticipait", a relevé Tim Duy, professeur d'économie à l'Université de l'Oregon, dans un entretien à l'AFP.


Autrement dit, la Fed devra sans doute, selon lui, commencer plus tôt que prévu à relever ses taux directeurs.


Or, ses responsables veulent attendre d'avoir ramené à zéro les achats d'actifs, avant d'envisager de relever les taux, qui sont depuis mars 2020 dans une fourchette de 0 à 0,25%.


Certaines banques centrales ont déjà franchi le pas - en Norvège, Nouvelle-Zélande, au Brésil, ... La Banque centrale européenne (BCE), en revanche, a maintenu ses mesures de soutien, sa présidente Christine Lagarde demandant même à d'"être patients". 

A quel rythme ? 
En temps normal, une inflation forte et durable aurait déclenché une hausse des taux de la part de la Fed. Mais la reprise économique post-pandémie n'a rien d'habituel, et l'institution rechigne, craignant que cela pèse sur le marché de l'emploi qui lui n'est pas encore remis de la crise.


Ce dilemme devrait être au coeur de sa réunion: "il va y avoir un débat en interne", quant au rythme de la réduction des achats d'actifs, avertit Steve Englander, responsable de la macro-économie américaine pour Standard Chartered, et ancien économiste à la Fed.


D'un côté, explique-t-il, les "faucons monétaires", partisans d'une politique plus stricte, qui "veulent une marge pour accélérer, si l'inflation ne diminue pas". Autrement dit, ils veulent terminer la réduction des achats d'actifs le plus vite possible, pour pouvoir rapidement commencer à relever les taux directeurs.


En face, les "colombes" qui "disent +nous pouvons nous permettre d'attendre et voir comment les choses s'arrangent+", pour ne pas compromettre la reprise économique.


Le président américain Joe Biden compte sur quelque 3 000 milliards de dollars d'investissements en dépenses sociales et environnementales, et pour les infrastructures, pour assurer une croissance à long terme.


Ces plans font craindre une nouvelle poussée d'inflation. L'administration Biden assure au contraire qu'ils vont contribuer à faire ralentir les prix en accroissant le potentiel de croissance de l'économie américaine.


La Maison Blanche n'a par ailleurs toujours pas annoncé si elle maintenait Jerome Powell à la tête de la Fed pour un second mandat de quatre ans à partir de février, ou si elle décidait de le remplacer.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".