Procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris: la parole aux accusés

Croquis de l’intervention du père d’une des victime des attentats du 13 novembre 2015, le 28 septembre à Paris (Photo, AFP).
Croquis de l’intervention du père d’une des victime des attentats du 13 novembre 2015, le 28 septembre à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 31 octobre 2021

Procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris: la parole aux accusés

  • La cour a clos vendredi cinq semaines de dépositions de parties civiles, qui ont plongé tous les acteurs du procès dans l'horreur et la réalité crue des attaques
  • La cour commencera mardi midi avec le principal accusé et le plus volubile d'entre eux: Salah Abdeslam

PARIS: Après les parties civiles, place aux accusés: au procès des meurtriers attentats du 13 novembre 2015 à Paris, la cour d'assises spéciale interroge à partir de mardi Salah Abdeslam et ses coaccusés sur leurs trajectoires de vie avant ces attaques.

La cour a clos vendredi cinq semaines de dépositions de parties civiles, qui ont plongé tous les acteurs du procès dans l'horreur et la réalité crue des attaques.

"Il s'agissait là d'une étape importante de ce procès. Durant ces cinq semaines, Salah Abdeslam était présent chaque jour à l'audience, a entendu chacune des parties civiles, et nous étions à ses côtés pour écouter ces douloureux récits", soulignent ses avocats Olivia Ronen et Martin Vettes. 

A l'exception du seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, qui s'est à plusieurs reprises adressé aux parties civiles qui déposaient à la barre, justifiant les attentats, les 13 autres accusés ont semblé comme absents de cette longue séquence. 

Dans le box, seuls deux hommes, accusés à des degrés divers d'avoir participé à la préparation des attaques, ont manifesté leur "compassion" avec les parties civiles, protestant également de leur innocence. 

"Très sincèrement, j'en peux plus. Je suis très peiné par tout ce que j'ai entendu", a lancé Yassine Atar le 30 septembre. 

Deux semaines plus tard, c'est Farid Kharkhach qui a demandé la parole. "Ces témoignages sont bouleversants. Ils me font saigner le cœur. (...) Je veux préciser qu'on est contre cette idéologie, je ne suis pas un terroriste".

Avec l'examen de la personnalité des quatorze accusés présents - six autres, dont cinq sont présumés morts, sont jugés par défaut - le procès entre dans une nouvelle phase. 

La cour commencera mardi midi avec le principal accusé et le plus volubile d'entre eux: Salah Abdeslam.  

"C'est une étape incontournable et essentielle du procès", remarque Adrien Sorrentino, l'un des avocats de la défense.

L'examen des parcours des accusés - personnalité, histoires familiales, scolaires, professionnelles et éventuellement passé judiciaire - permet notamment "l'appréciation de la peine qui pourrait être prononcée", poursuit M. Sorrentino. 

«Rien de personnel»

Seules quatre journées sont consacrées à la personnalité des 14 accusés. 

"A première vue, cela nous paraît court", estiment Olivia Ronen et Martin Vettes. "On peut également s'interroger sur la décision d'exclure l'aspect religieux de cet interrogatoire de curriculum vitae, alors même qu'elle fait partie intégrante de la personnalité" de Salah Abdeslam. 

Le Franco-Marocain, aujourd'hui âgé de 32 ans, ne sera pas non plus questionné sur les crimes "terroristes" qui lui sont reprochés et pour lesquels il encourt la perpétuité. Cela n'interviendra qu'à partir de janvier. 

Dès le premier jour du procès, le 8 septembre, il s'était présenté comme un "combattant de l’État islamique". Salah Abdeslam, incarcéré à l'isolement total et sous vidéosurveillance constante depuis cinq ans et demi, s'était ensuite octroyé la parole pour dénoncer ses conditions de détention. 

Le 15 septembre, invité par le président de la cour Jean-Louis Périès à faire une déclaration "succincte" résumant sa position sur les faits, Salah Abdeslam avait glacé la salle d'audience: "On a visé la France, des civils, mais il n'y avait rien de personnel".

Il avait blâmé les "avions français qui ont bombardé l’État islamique, les hommes, les femmes, les enfants".  

"François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l’État islamique en Syrie", avait asséné le principal accusé. 

Après Salah Abdeslam, la cour examinera mardi la personnalité de son ami d'enfance Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles en mars 2016.

Depuis le début du procès, on ne l'a entendu qu'une seule fois parler spontanément, quand il s'est plaint des "contraintes" de sécurité imposées selon lui par les gendarmes. 

"J'ai envie de parler avec mon pote" Salah Abdeslam, avait éructé Mohamed Abrini, en pleine audition de rescapés du Bataclan. 

"Ça fait six ans que j'ai pas vu mon pote, je lui parle. Je lui parle quand je veux", avait-il insisté. 

Il s'était fait reprendre par la cour, qui a depuis décidé de séparer les deux hommes jusqu'alors côte-à-côte dans le box. 


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.