Cinq millions de morts du Covid: une barre symbolique et des scénarios ouverts

Plus de 6 000 personnes originaires de 45 pays affirment qu'elles ou leurs proches ont été contaminés dans la station d'Ischgl ou les environs en raison de négligences et d'une gestion chaotique. (AFP)
Plus de 6 000 personnes originaires de 45 pays affirment qu'elles ou leurs proches ont été contaminés dans la station d'Ischgl ou les environs en raison de négligences et d'une gestion chaotique. (AFP)
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Publié le Lundi 01 novembre 2021

Cinq millions de morts du Covid: une barre symbolique et des scénarios ouverts

  • La surveillance génomique permet de «repérer l'émergence de variants assez tôt et de savoir s'ils sont plus dangereux, plus transmissibles et si l'immunité fonctionne toujours»
  • «Ce virus va continuer de circuler. Ce qu'on vise aujourd'hui, ça n'est plus son élimination mais une protection contre les formes graves», poursuit Arnaud Fontanet

PARIS: Le monde s'apprête à passer la barre des 5 millions de morts officiels de Covid, bilan sans doute sous-estimé. Après ce seuil symbolique, des questions persistent sur la suite de la pandémie, dont les réponses dépendront largement de la vaccination.

Combien de morts?

Le nombre réel de morts de Covid dans le monde est vraisemblablement bien supérieur à 5 millions, décompte fondé sur les bilans officiels quotidiens de chaque pays. En prenant en compte la surmortalité liée à la Covid, il pourrait être deux à trois fois plus élevé, prévient l'OMS.


Selon une estimation de la revue The Economist, la Covid a causé quelque 17 millions de décès.


"Ce bilan me paraît plus crédible", dit à l'AFP Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique français.


Quel qu'il soit, il est inférieur à celui d'autres pandémies: on estime que la grippe dite "espagnole" de 1918-1919 - également causée par un virus alors inédit - a tué de 50 à 100 millions de personnes, et en 40 ans, le sida a provoqué plus de 36 millions de décès.


Pour autant, la Covid a fait "beaucoup de morts dans un temps très court", relève Jean-Claude Manuguerra, virologue à l'Institut Pasteur.


Et "cela aurait pu être beaucoup plus dramatique sans les mesures prises, d'abord la restriction de la circulation des personnes puis la vaccination", selon Arnaud Fontanet.

A-t-on atteint un palier?

En général, l'émergence d'un nouveau virus se déroule en deux phases, explique le Pr Fontanet.


D'abord une "phase explosive épidémique": le virus pénètre avec fracas au sein d'une population qui n'avait jamais été en contact avec lui. Ensuite, une phase où il "rentre dans le rang" car une immunité de population s'est constituée: on dit alors qu'il circule de façon endémique.


Avec la Covid, "c'est la première fois dans l'histoire des pandémies qu'on fait un tel effort à l'échelle mondiale pour accélérer cette transition" entre les deux phases, selon Arnaud Fontanet.


Une accélération due à la vaccination: "elle a permis à la population d'acquérir une immunité de façon artificielle contre un virus qu'elle ne connaissait pas, et donc de faire en 18 mois ce que normalement on fait en trois à cinq ans, avec beaucoup plus de morts".


C'est pourquoi la suite des événements variera selon le niveau de vaccination des pays et l'efficacité des vaccins qu'ils utilisent, prévoit l'épidémiologiste: "On est sans doute à quelques mois d'un moment où il y aura un matelas partout. Ce qui est difficile à dire, c'est s'il sera suffisamment épais".


"Ce virus va continuer de circuler. Ce qu'on vise aujourd'hui, ça n'est plus son élimination mais une protection contre les formes graves", poursuit Arnaud Fontanet.


"L'idée, c'est que la Covid n'amène ni à l'hôpital ni au cimetière", résume Jean-Claude Manuguerra.

Ces dirigeants mis en cause dans la gestion de la pandémie

Le bilan de la pandémie de Covid-19 aurait-il pu être moins lourd avec d'autres décisions? Partout dans le monde, des dirigeants sont mis en cause pour leur gestion de la crise sanitaire.

 

France: ex-ministre de la Santé mise en examen 

En France, troisième pays le plus endeuillé d'Europe (plus de 117 000 morts), l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, démissionnaire en février 2020, a été mise en examen en septembre 2021 par la Cour de justice de la République (CJR) pour "mise en danger de la vie d'autrui", en raison de sa gestion de l'épidémie.


Elle a été placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour "abstention volontaire de combattre un sinistre".


La CJR, seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions, mène également une instruction concernant son successeur Olivier Véran et l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.

Brésil: enquête parlementaire sur Bolsonaro 

Au Brésil, deuxième pays le plus meurtri au monde avec plus de 600 000 morts, une commission d'enquête sénatoriale a demandé l'inculpation du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, notamment pour "crime contre l'humanité", l'accusant d'avoir "délibérément exposé" les Brésiliens à "une contamination de masse", avec notamment un discours anticonfinement et des retards dans l'achat de vaccins.


Le président crie à la "mascarade". Ses soutiens au Parlement devraient lui éviter l'ouverture d'une procédure de destitution, réclamée par plusieurs manifestations.

Royaume-Uni: enquête en 2022 

Au Royaume-Uni (plus de 140 000 morts), le Premier ministre Boris Johnson a annoncé l'ouverture en 2022 d'une enquête indépendante, réclamée par l'opposition, sur sa gestion très critiquée de la pandémie. 


Mi-octobre, un rapport parlementaire a pointé un confinement tardif et de "grosses erreurs" conduisant à l'"un des plus importants échecs de santé publique" du pays. "Des milliers de morts auraient pu être évitées" si les autorités n'avaient pas d'abord tablé sur une immunité collective.

Trump, président covido-sceptique 

L'ancien président américain Donald Trump a été très critiqué pour sa gestion de la pandémie, minimisant sa dangerosité puis moquant les mesures sanitaires pour enrayer sa propagation.

Son gouvernement a stoppé un plan de distribution générale de masques et contraint les autorités sanitaires à édulcorer leurs consignes pour encourager le retour à la normale. 

Les Etats-Unis ont payé le plus lourd tribut au monde à la pandémie (plus de 740 000 morts). 

Italie: enquête sur un haut responsable de l'OMS 

Le parquet de Bergame (Nord), épicentre de la première vague en Italie début 2020, a ouvert une enquête sur une éventuelle mauvaise gestion de la crise, prévue jusqu'en janvier 2022. 


L'Italien Ranieri Guerra, alors l'un des 11 directeurs généraux adjoints de l'Organisation mondiale de la santé, est accusé d'avoir fait enterrer un rapport, dont l'une des conclusions les plus accablantes était que l'Italie disposait d'un plan de préparation aux pandémies obsolète. Or, de 2014 à 2017, M. Guerra était directeur de la prévention au ministère italien de Santé.


M. Guerra affirme que le plan "avait été jugé encore valide en 2016" et qu'il avait "laissé une note pour qu'il soit mis à jour". Le parquet le soupçonne de faux témoignage.

Autriche: procès après un cluster 

En septembre, a débuté à Vienne le premier procès d'une série intentée par des familles endeuillées dans les Alpes autrichiennes au début de la pandémie, afin de savoir si les autorités auraient pu éviter la formation d'un cluster responsable de 32 décès, selon une association qui regroupe les procédures. 


Plus de 6 000 personnes originaires de 45 pays affirment qu'elles ou leurs proches ont été contaminés dans la station d'Ischgl ou les environs en raison de négligences et d'une gestion chaotique. 

Inde: vague féroce 

En avril-mai 2021, l'Inde a connu une féroce vague épidémique, avec des pics d'environ 400.000 contaminations et 4.000 décès quotidiens, et des malades agonisant aux portes d'hôpitaux saturés, à court d'oxygène et de fournitures médicales essentielles.


La gestion du gouvernement central a été très critiquée, y compris devant les tribunaux. 


Une commission établie par le gouvernement régional de Delhi doit remettre un rapport sur les décès consécutifs aux pénuries d'oxygène. 


Plusieurs responsables du parti du Premier ministre Narendra Modi et de l'opposition risquent un procès, accusés d'avoir indûment stocké des médicaments.

Quel avenir selon les pays?

Les spécialistes s'attendent à ce que le visage de la pandémie finisse par changer: schématiquement, les vagues se tasseraient dans les pays industrialisés fortement vaccinés et les flambées épidémiques concerneraient avant tout les non-vaccinés.


"Pour les pays industrialisés, je pense qu'on va vers des épidémies saisonnières de Covid, qui seront peut-être un peu plus sévères que les épidémies de grippe les premières années avant de rentrer dans le rang", juge Arnaud Fontanet, en soulignant que l'immunité globale se construit par couches: celle qu'apporte la vaccination s'ajoute à celle qu'apportent les infections naturelles.


D'autres pays comme la Chine ou l'Inde ont de fortes capacités de vaccination et pourraient tendre vers le même avenir.


Autre cas de figure: les pays qui avaient choisi une stratégie d'éradication du virus (dite "zéro Covid"), finalement mise en échec par la contagiosité du variant Delta. Ils mènent aujourd'hui une "course à la vaccination", note Arnaud Fontanet. Résultat: Australie et Nouvelle-Zélande rattrapent leur retard à marche forcée.


Enfin, les scénarios sont plus difficiles à entrevoir pour des régions aux capacités de vaccination incertaines, comme l'Afrique intertropicale.


Le "redémarrage très fort" en Europe de l'Est confirme qu'une vaccination insuffisante expose à "des épidémies sévères, avec un retentissement hospitalier", pointe Arnaud Fontanet.


Et la remontée actuelle des cas en Europe de l'Ouest, malgré de hauts niveaux de vaccination, incite à la prudence.


"Il ne faut pas avoir une perception européo-centrée: dans une pandémie, c'est l'ensemble de la planète qu'il faut considérer. Et pour l'instant, la pandémie ne s'est pas arrêtée", prévient Jean-Claude Manuguerra.

De nouveaux variants?

La principale crainte est l'émergence de nouveaux variants résistants à la vaccination.


Aujourd'hui hégémonique, Delta a balayé les variants précédents, dont Alpha, et n'a pas laissé s'installer des émergents comme Mu ou Lambda.


Plus encore que l'apparition de variants issus de souches distinctes, les spécialistes anticipent donc une évolution de Delta lui-même, qui pourrait acquérir des mutations le rendant résistant aux vaccins.


"Delta, c'est le virus le plus présent. Statistiquement, c'est donc dans celui-là qu'on risque d'avoir l'apparition d'un variant de variant", explique Jean-Claude Manuguerra.


Les autorités britanniques surveillent ainsi un sous-variant de Delta appelé AY4.2. Pour autant, rien ne dit à ce stade qu'il rende les vaccins moins efficaces.


"Il est important de continuer la surveillance génomique" (le repérage génétique des différentes versions du virus, ndlr), plaide Jean-Claude Manuguerra. Elle permet de "repérer l'émergence de variants assez tôt et de savoir s'ils sont plus dangereux, plus transmissibles et si l'immunité fonctionne toujours".


Arab News lance un service de traduction en 50 langues au congrès FIPP de Madrid

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  • Grâce à l’intelligence artificielle, le premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite est désormais accessible à 80 % de la population mondiale
  • Privilégiant l’innovation à l’appréhension, Arab News exploite l’IA pour renforcer les journalistes et étendre sa portée mondiale

MADRID : Arab News, premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite, a lancé la version bêta d’un service de traduction alimenté par intelligence artificielle qui rend accessibles ses informations, analyses et points de vue dans 50 langues.

L’annonce a été faite par le rédacteur en chef Faisal J. Abbas lors d’un événement spécial à Madrid, coïncidant avec le FIPP World Media Congress 2025 et marquant le cinquantième anniversaire du journal.

« Grâce à la technologie moderne, Arab News, lancé en 1975 pour être une voix de l’Arabie saoudite en anglais, sera désormais la voix d’une région en mutation… dans 50 langues, atteignant un remarquable 6,5 milliards de personnes, soit 80 % de la population mondiale, » a déclaré Abbas mercredi soir lors d’un événement parallèle.

Parmi les participants figuraient la princesse Haifa bint Abdulaziz Al‑Mogrin, ambassadrice d’Arabie saoudite en Espagne, des diplomates arabes et espagnols, ainsi que des rédacteurs et dirigeants de haut niveau.

Abbas, qui supervise la transformation numérique du journal depuis 2016, a indiqué que le projet illustre à la fois le rôle de longue date d’Arab News comme voix de l’Arabie saoudite en anglais et l’engagement de la publication à raconter l’histoire d’une région en mutation rapide.

« L’idée provient de l’importance de raconter notre récit, notamment dans une région où les événements influencent le monde entier et où le cœur battant — l’Arabie saoudite — connaît une transformation massive et des réformes sous Vision 2030, » a-t-il ajouté.

La plateforme de traduction de pointe est alimentée par la technologie développée par CAMB.AI, une startup régionale devenue rapidement une des réussites les plus prometteuses de l’IA dans le monde arabe.

« Internet a été créé pour les anglophones et nous avons décidé de le repenser pour le monde, » a déclaré Avneesh Prakash, PDG de CAMB.AI.

« Nous avons créé CAMB.AI comme la plateforme d’IA de localisation la plus complète au monde, en nous appuyant sur nos modèles fondateurs. »

Prakash a déclaré que la technologie permet à « des organisations de premier plan dans le monde de localiser leur contenu — vidéo, audio, texte, documents, site web — tout ce qui permet aux marques d’atteindre la population mondiale au-delà des barrières linguistiques. »

« Le partenariat avec Arab News pour un lancement en 50 langues lors de sa cinquantième année d’existence démontre notre engagement à franchir ces barrières. Arab News incarne un contenu authentique et désormais, grâce à la technologie CAMB.AI, il peut toucher des milliards de personnes. »

L’événement a également proposé la projection de « Rewriting Arab News ».

Le documentaire retrace le parcours de la rédaction, né en 1975 à Jeddah par les frères Mohammad Ali Hafez et Hisham Ali Hafez, jusqu’à sa transformation numérique actuelle sous la houlette du groupe Saudi Research and Media Group.

Le film, qui figure sur la liste restreinte d’un prestigieux prix vidéo Art & Culture AIB 2025, montre comment Arab News est passé d’une publication papier nationale à une plateforme médiatique numérique reconnue dans le monde entier.

L’événement était animé par Juan Senor, analyste média et président de Innovation Media Consulting Group, qui a souligné les « menaces et opportunités » que représente l’IA pour l’industrie des médias en cette période cruciale.

Senor a déclaré que l’IA représente une « énorme disruption pour l’édition, la narration et le journalisme », mais que là où « certains voient une menace », Arab News voit « une opportunité. »

Tout comme la publication a adopté une approche “numérique d’abord”, elle embrasse désormais l’IA « de manière responsable, créative, intelligente », dans le but de renforcer les journalistes, plutôt que de les remplacer, a-t-il ajouté.

« L’évolution d’Arab News reflète la transformation de l’Arabie saoudite elle-même. Deux voyages côte à côte, tous deux enracinés dans la tradition, tous deux animés par l’ambition, et tous deux engagés dans le changement, » a déclaré Senor.

Parmi les participants figuraient également Cristina Juarraz, directrice adjointe et coordinatrice de programmation à Casa Arabe ; Pedro Gonzalez, journaliste et co-fondateur d’Euronews ; Ivan Moreno de Cozar y Landahl, secrétaire général d’Alliance Française Madrid ; Jaime Barrientos, reporter de guerre et expert Moyen-Orient ; et Jorge Hevia Sierra, ancien ambassadeur d’Espagne en Arabie saoudite.

L’événement a également accueilli plusieurs diplomates arabes, dont Raghad A. Alsaqqa, ambassadrice de Jordanie en Espagne ; Hani Shamatli, ambassadeur du Liban en Espagne ; Walid Abuabdalla, ambassadeur de Libye en Espagne ; et Husni Abdel Wahed, ambassadeur de Palestine en Espagne.

Parmi les autres invités figuraient Mohammad Alshohomi, chargé d’affaires par intérim du Koweït en Espagne ; Ehab Ahmed Badawy, ambassadeur d’Égypte en Espagne ; Saleh Ahmad Salem Alzaraim Alsuwaidi, nouvel ambassadeur des Émirats arabes unis ; et Malek Twal, chef du bureau de la Ligue arabe à Madrid.

Le lancement de la plateforme multilingue souligne l’expansion continue d’Arab News en tant que média international majeur et pionnier dans le rapprochement des cultures par le journalisme et l’innovation.

Depuis sa création, Arab News s’est forgé la réputation d’être la « voix d’une région en mutation », reflétant le développement, la diplomatie et la modernisation du royaume.

Abbas a déclaré que le lancement du service propulsé par l’IA marque un moment charnière pour le journal, fusionnant technologie et narration pour partager les perspectives de la région avec un public mondial.

« Cette année, nous fêtons nos 50 ans. Et nous étions déterminés à ce que notre célébration ne soit pas une fête d’adieu mais un renouveau, » a-t-il déclaré. « Nous sommes fiers d’embrasser la technologie, et non de la craindre. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington accentue la pression sur le Venezuela, un navire militaire américain attendu à proximité

Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous". (AFP)
Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous". (AFP)
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  • Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic
  • Les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui ont fait au total au moins 37 morts

CARACAS: Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous".

Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic, visant particulièrement le Venezuela et son président Nicolas Maduro.

Les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui ont fait au total au moins 37 morts.

"L'USS Gravely (...) visitera Trinité-et-Tobago du 26 au 30 octobre, s'amarrant à Port-d'Espagne, tandis que la 22e Unité expéditionnaire des Marines des Etats-Unis mènera un entraînement conjoint avec les Forces de défense de Trinité-et-Tobago (TTDF) pendant la même période", selon le texte du gouvernement de l'archipel dont la pointe occidentale se trouve à une dizaine de kilomètres du Venezuela.

Parallèlement, un bombardier américain B-1B a survolé jeudi la mer des Caraïbes au large du Venezuela, selon les données de suivi des vols, deuxième démonstration de force de ce type ces derniers jours, au moment où Donald Trump montre les muscles contre ce pays d'Amérique du Sud.

"C'est faux", a pourtant assuré M. Trump, interrogé lors d'un événement à la Maison Blanche, tout en ajoutant que les Etats-Unis étaient toujours "mécontents du Venezuela pour beaucoup de raisons".

"Nous ne sommes pas contents d'eux. Ils ont vidé leurs prisons dans notre pays", a-t-il accusé.

Le président américain a ajouté : "Nous n'allons pas nécessairement demander une déclaration de guerre" au Congrès, qui a le pouvoir constitutionnel de le faire. "Nous allons simplement tuer les gens qui entrent dans notre pays".

"Non à la guerre de fous" 

Face au déploiement américain dans les Caraïbes, M. Maduro, qui cherche à apaiser les tensions avec Trump depuis des semaines, a réitéré des appels à la paix, cette fois sur un ton humoristique: "Yes peace, yes peace, forever, peace forever! No crazy war, Please! Please, please! No crazy war!", a déclaré Nicolas Maduro en anglais.

"Cela s'appelle un langage tarzanesque, façon Tarzan! Si on traduit c'est: +pas de guerre, pas de guerre, pas vouloir guerre, non à la guerre des fous, non à la folie de la guerre+", a plaisanté le dirigeant.

Passé l'humour, Nicolas Maduro, qui a ordonné une série d'exercices militaires depuis août, a aussi souligné jeudi que, lors de ces entraînements, des équipements achetés à la Russie et à la Chine avaient été testés.

"Merci au président (Vladimir) Poutine, merci à la Russie, merci à la Chine et merci à de nombreux amis dans le monde, le Venezuela dispose d'un équipement pour garantir la paix", a-t-il déclaré.

Pour M. Maduro, Washington se sert du trafic de drogue comme prétexte "pour imposer un changement de régime" et s'emparer des importantes réserves de pétrole de son pays.

Le ministre vénézuélien de la Défense a quant à lui assuré jeudi que toute opération de la CIA contre son pays "échouerait", après que Donald Trump a autorisé des opérations clandestines contre le Venezuela la semaine dernière.

"Nous savons que la CIA est présente" sur le sol vénézuélien, a déclaré le général Vladimir Padrino. Les Américains "pourront bien envoyer je ne sais combien d'agents affiliés à la CIA dans des opérations clandestines de n'importe quel point du pays, toute tentative échouera".

Nul doute que la visite du bateau de guerre et des marines à Trinité-et-Tobago sera suivie de près par Caracas, même si le communiqué trinidadien n'évoque nulle part le Venezuela.

Il affirme que l'arrivée de ces moyens militaires américains est liée à la "sécurité régionale" et aux "efforts de coopération dans les Caraïbes" et de "coopération militaire" entre Washington et Port-d'Espagne.

La Première ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, est une fervente soutien de M. Trump, et a adopté dès son accession au pouvoir en mai 2025 un discours virulent contre l'immigration et la criminalité vénézuéliennes dans son pays.

Deux Trinidadiens auraient été tués mi-octobre dans une frappe américaine mi-octobre, selon leurs familles, mais les autorités locales n'ont ni confirmé ni infirmé ces décès pour le moment.

Des experts ont remis en question la légalité de ces frappes dans des eaux étrangères ou internationales, contre des suspects qui n'ont pas été interceptés ou interrogés.

 

 


Le suspect d'un des incendies de Los Angeles plaide non coupable

Attisés par des rafales allant jusqu'à 160 km/h, les incendies de Los Angeles s'annoncent comme l'une des catastrophes les plus coûteuses des Etats-Unis. Des milliers d'habitations ont été détruites dans la mégapole californienne et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison. (AFP)
Attisés par des rafales allant jusqu'à 160 km/h, les incendies de Los Angeles s'annoncent comme l'une des catastrophes les plus coûteuses des Etats-Unis. Des milliers d'habitations ont été détruites dans la mégapole californienne et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison. (AFP)
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  • Selon l'enquête, Jonathan Rinderknecht, 29 ans, aurait déclenché un incendie la nuit du Nouvel An dans les montagnes surplombant le quartier cossu de Pacific Palisades
  • C'est cet incendie initial, que les pompiers croyaient avoir éteint, qui s'est ensuite ravivé le 7 janvier pour dévaster le quartier et une partie de la ville de Malibu, selon les procureurs fédéraux

LOS ANGELES: L'homme soupçonné d'avoir déclenché volontairement l'un des incendies meurtriers de Los Angeles en janvier a plaidé non coupable jeudi lors de sa comparution devant la justice américaine.

Selon l'enquête, Jonathan Rinderknecht, 29 ans, aurait déclenché un incendie la nuit du Nouvel An dans les montagnes surplombant le quartier cossu de Pacific Palisades.

C'est cet incendie initial, que les pompiers croyaient avoir éteint, qui s'est ensuite ravivé le 7 janvier pour dévaster le quartier et une partie de la ville de Malibu, selon les procureurs fédéraux.

Le "Palisades Fire" a causé la mort de 12 personnes dans la zone, sur les 31 personnes qui ont péri au total dans les incendies de Los Angeles. Un autre incendie, le "Eaton Fire", probablement déclenché par une ligne électrique défectueuse, a ravagé la banlieue d'Altadena et tué les 19 victimes restantes.

Attisés par des rafales allant jusqu'à 160 km/h, les incendies de Los Angeles s'annoncent comme l'une des catastrophes les plus coûteuses des Etats-Unis. Des milliers d'habitations ont été détruites dans la mégapole californienne et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison.

Vêtu d'une combinaison blanche de détenu, M. Rinderknecht a nié toutes les accusations qui le visent. Notamment poursuivi pour incendie volontaire et destruction de biens par le feu, il risque jusqu'à 45 ans de prison, selon les procureurs.

La date provisoire de son procès a été fixé au 16 décembre.

Arrêté en Floride début octobre, M. Rinderknecht est un ancien habitant du quartier de Pacific Palisades, qui a grandi en France.

Les données de géolocalisation récoltées par les enquêteurs montrent qu'il se trouvait à environ 10 mètres de l'incendie, lorsqu'il a lui-même tenté d'appeler les secours pour signaler le feu, selon l'accusation.

Les enquêteurs n'ont pas identifié de mobile clair, mais ont retrouvé une image de ville en feu généré par le suspect à l'aide d'une intelligence artificielle dans les semaines avant l'incendie.

Dans les jours précédant, M. Rinderknecht a aussi écouté à plusieurs reprises une chanson du rappeur français Josman, dont le clip montre l'artiste mettant le feu à une poubelle, selon l'enquête.

Cette semaine, son père, qui vit en France dans le Var, a publié un communiqué dénonçant "de nombreuses informations erronées", qui "ont donné une image fausse de notre fils Jonathan".

"Contrairement aux allégations relayées, nous réaffirmons notre soutien à la déclaration de son avocat: +Faire de Jonathan Rinderknecht un bouc émissaire et tenter de le tenir pénalement responsable des fautes commises par d'autres est tout simplement absurde.+", a-t-il ajouté.