Le festival des arts de Babylone se réveille après 20 ans de sommeil forcé

Des membres d'un groupe indien montent sur scène devant un public lors du Festival international de Babel (Babylone), à ​​environ 100 kilomètres au sud de la capitale irakienne, le 29 octobre 2021. (AFP)
Des membres d'un groupe indien montent sur scène devant un public lors du Festival international de Babel (Babylone), à ​​environ 100 kilomètres au sud de la capitale irakienne, le 29 octobre 2021. (AFP)
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Publié le Lundi 01 novembre 2021

Le festival des arts de Babylone se réveille après 20 ans de sommeil forcé

  • Preuve que la culture est souvent la grande délaissée dans le budget de l'Etat irakien, le festival est uniquement financé par des fonds privés
  • La dernière édition du festival international de Babylone remonte à 2002, juste avant l'invasion américaine et la chute du dictateur Saddam Hussein un an plus tard

HILLA: Des danseurs de "dabkeh", des expositions de photos et de peinture: organisé pour la première fois depuis 20 ans, le festival de Babylone a attiré des milliers d'Irakiens avides d'arts et de musique dans un pays meurtri par des années de violence.


"C'est un grand bonheur. Nous n'avions pas vu un tel festival depuis des années", jubile Shaïma, 45 ans, venue avec ses deux filles.


Et pour cause: la dernière édition du festival international de Babylone remonte à 2002, juste avant l'invasion américaine et la chute du dictateur Saddam Hussein un an plus tard. 


Par la suite, les conflits entre insurgés irakiens et forces américaines, puis les luttes interconfessionnelles et l'occupation d'un tiers de l'Irak par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) entre 2014 et 2017 ont ensanglanté le pays et fait des dizaines de milliers de morts. 


Maintenant que l'Irak a retrouvé un peu de stabilité --malgré les attaques récurrentes de cellules de l'EI et les tensions politiques-- les Irakiens regardent vers l'avenir et le festival de Babylone en est l'un des symboles avec ses artistes venus d'Irak, de Jordanie, de Serbie ou de Russie. L'édition 2021 aura duré cinq jours, jusqu'à lundi, et attiré plusieurs milliers de curieux.


"C'est un sacré changement par rapport aux terribles épreuves que nous avons traversées", se réjouit Shaïma.

Nabuchodonosor II 
Le site de Babylone, au patrimoine mondial de l'Unesco depuis deux ans, est majestueux. Créé en 1987, ce rendez-vous des arts a été notamment organisé dans le théâtre de Babylone, qui aurait été construit par Alexandre le Grand vers 311 avant J.-C. et situé à un peu plus de 100 km au sud de Bagdad. 


Et comme l'histoire, ancienne et récente, n'est jamais bien loin en Irak, l'un des palais que Saddam Hussein s'était fait construire subsiste encore aujourd'hui à quelques centaines de mètres des ruines de Babylone.


"Je suis venu ici en tant que danseur dans les années 1990 et je suis de retour aujourd'hui en tant que régisseur", témoigne Mohammed Fathy, patron de l'ensemble égyptien Al-Ahram (Les pyramides, en arabe), alors qu'en arrière-plan son groupe joue des mélodies de Haute-Egypte.


A l'ombre d'une réplique de la mythique porte d'Ishtar --dont l'originale avait été construite sous Nabuchodonosor II vers 575 av. J-C.-- le photographe irakien Haider al-Masalmawi décortique pour les visiteurs les dizaines de clichés qu'il a pris en Irak et dans le monde entier.


Le festival de Babylone, dit-il, "va relancer l'art, la culture et même l'économie irakienne. C'est une vitrine pour la culture et l'art irakiens".


Mais, preuve que la culture est souvent la grande délaissée dans le budget de l'Etat irakien, le festival est uniquement financé par des fonds privés, comme l'explique son directeur exécutif, Mohammed al-Rubaye.

«Ma liberté»
M. Rubaye a par ailleurs dû faire face aux critiques du gouverneur de la province de Babylone, Hassan Mendil, qui a demandé deux jours avant le début du festival l'annulation des concerts prévus "en réponse aux appels d'étudiants en religion". 


Il faut dire que Kerbala et Najaf, deux villes saintes chiites connues et reconnues comme centres d'études religieuses, sont chacune à moins de 50 km de Babylone.


Mais Mohammed al-Rubaye a tenu bon et les concerts ont eu lieu: "C'est un joyeux festival qui reflète la culture irakienne", se justifie-t-il. 


"Bien sûr, certaines peurs existent et nous devons prendre en compte l'opinion des autres. Partout les opinions sont diverses et nous les respectons", ajoute-t-il.


Ali Saleh, un spectateur venu de Diwaniya, à 80 km au sud de Babylone, renchérit: "nous n'avons pas peur. Si je veux chanter, c'est ma liberté. Il n'y aura pas de +velayat el-faqih+ en Irak", s'exclame-t-il, en référence à la théorie venue d'Iran qui prône la primauté du religieux sur la politique.


En coulisses, et loin de ces préoccupations, le groupe folklorique serbe et les danseurs de "dabkeh" (danse de groupe en ligne populaire, NDLR) jordaniens et palestiniens se préparent à prendre d'assaut la scène du théâtre.


Le chef de l'ensemble jordanien, Yasser al-Ardawi, remet son keffieh rouge et blanc en place et lance: "le retour du festival de Babylone après 20 ans d'absence est très important pour nous. Cela signifie que la sécurité et la stabilité sont revenues en Irak".


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com