La recherche tragique d’un couple libanais de leur bébé «perdu» en Turquie

Mohammed Salim et Jana Al-Qawzi voulaient offrir à leur enfant à naître la chance d’avoir une vie meilleure et ont quitté le Liban pour la Turquie (Photo fournie).
Mohammed Salim et Jana Al-Qawzi voulaient offrir à leur enfant à naître la chance d’avoir une vie meilleure et ont quitté le Liban pour la Turquie (Photo fournie).
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Publié le Dimanche 20 septembre 2020

La recherche tragique d’un couple libanais de leur bébé «perdu» en Turquie

  • Une mère désemparée demande des réponses après la disparition de son petit garçon dans un hôpital à Istanbul
  • Les autorités turques ont lancé une enquête, trop lente selon l’avocat qui a conseillé au couple de médiatiser l’affaire

BEYROUTH : Seulement quelques mois après avoir quitté le Liban en direction d’Istanbul pour commencer une nouvelle vie, un couple libanais demande désespérément des réponses sur la disparition de leur nouveau-né dans un hôpital public turc.

Mohammed Salim, 27 ans, et Jana Al-Qawzi, 23 ans, déclarent que les autorités de l’hôpital ne leur ont pas donné d’explication convaincante sur le sort de leur bébé qui a été pris des bras de sa mère quelques minutes après sa naissance et a disparu.

Selon la mère de Jana, Nada Al-Qawzi, qui travaille à l’Université américaine de Beyrouth, sa fille est « dévastée et inconsolable ».

Elle raconte à Arab News que « Jana voulait offrir à son enfant à naître la chance d’avoir une vie meilleure, elle a donc décidé de quitter le Liban, sachant que Mohammed tenait une quincaillerie et Jana était employée dans un hôpital privé à Beyrouth ».

« Ils ont tous deux trouvé du travail à Istanbul et sa grossesse se passait normalement. Cependant, à son sixième mois, les médecins ont annoncé à ma fille que les battements du cœur du bébé ralentissaient. Un mois plus tard, Jana s’est plaint de douleurs abdominales et son docteur l’a averti qu’elle devait accoucher immédiatement ».

« C’est alors qu’a commencé la tragédie de Jana et de Mohammed ».

Jana déplore qu’elle n’arrive pas à surmonter le cauchemar qu’elle vit depuis juillet. « Mes larmes ont séché, mais je suis sous calmants », affirme-t-elle.

Le permis de résidence du couple en Turquie a expiré, mais Jana refuse de partir sans connaître le sort de son nouveau-né à l’hôpital Okmeydani à Istanbul. En tant que citoyenne non-turque, Jana devait payer à l’hôpital 4 000 livres turques (528 dollars) le 5 juillet.

Après vérification auprès des autorités locales, celles-ci ont fait en sorte que l’hôpital renonce aux frais.

Jana a été laissée seule après son accouchement. Son mari n’était pas autorisé à rester avec elle car d'autres femmes accouchaient à proximité.

La mère de Jana a indiqué que quand sa fille a accouché, elle était choquée que le bébé soit « si petit et bleuâtre ».

Entendant les cris de Jana, un médecin est venu et a pris le nouveau-né. Jana n’a pas eu le droit d’utiliser son portable pour prendre des photos du nourrisson.

Quelques minutes plus tard, le personnel médical est venu lui annoncer que le bébé était décédé. Jana a appelé Mohammed, qui attendait dehors, et dit l’avoir entendu pleurer.

Depuis ce moment, explique-elle, la vie du couple est devenue un enfer.

Témoignages discordants

Le couple ne connaît toujours pas le sort du nouveau-né. Une femme qui accouchait dans la salle voisine a affirmé à Jana que son bébé était toujours en vie, tandis que l’hôpital a déclaré qu’il était mort.

Lorsqu’ils ont demandé de récupérer le corps du bébé, ils ont reçu des réponses contradictoires. Aucune trace du nouveau-né n’a été trouvée dans les dossiers de l’hôpital et le seul nom qui y figurait était celui de Jana.

Le rapport médical d’un médecin indique que le bébé est né vivant mais est décédé après avoir été placé en soins intensifs tandis qu’un autre compte-rendu, discordant, annonce que le nourrisson était déjà mort lors de l’accouchement et que son corps a été enlevé par une infirmière.

Le couple a engagé un avocat et la mère de Jana a demandé à une organisation de défense des droits de l’homme à Beyrouth d’enquêter et de fournir une aide psychologique à sa fille.

Les autorités turques ont également lancé une enquête, trop lente selon l’avocat qui a conseillé au couple de médiatiser l’affaire.

L’ambassade libanaise est intervenue, contactant les autorités turques. D’après elle, l’enquête a été étendue à trois infirmières, et le directeur de la morgue de l’hôpital aurait « disparu de la circulation après avoir éteint son téléphone portable ».

Deux mois après l’incident, Jana n'a toujours pas découvert le sort de son bébé, et les autorités locales font maintenant pression sur Jana et son mari pour qu'ils quittent le pays.
Cependant, ils insistent qu'ils resteront, même si c'est illégal, jusqu'à ce qu'ils connaissent la vérité.

Mohammed a perdu son travail et, selon la mère de Jana, Jana travaille comme baby-sitter, dans l’espoir d’obtenir un nouveau permis de séjour.
« Ils veulent connaître la vérité avant de rentrer au Liban », a-t-elle affirmé.
Le couple a nommé son fils perdu Mohammed.

 « Nous voulons que cette affaire parvienne au président turc Recep Tayyip Erdogan. Nous avons des documents, mais ils ne correspondent pas au déroulement des incidents. Ma fille a fait le deuil de son nouveau-né, mais elle ne se reposera pas sans connaître son sort » déclare la mère de Jana.

De nombreuses théories ont été avancées sur l'incident, mais Jana refuse de croire à ces affirmations.
Est-il possible que le bébé ait été utilisé pour le trafic illégal d'organes humains ? On estime que plus de 1 500 bébés ont disparu dans des circonstances mystérieuses en Turquie.

« Je ne veux pas penser à cette possibilité car elle me tue », dit Jana.
L’avocat libanais Paul Morcos a soulevé des questions sur le traitement de l’affaire par l’hôpital turc, demandant pourquoi il refusait de percevoir des honoraires du couple ou de leur donner des factures d’hôpital.

Il a également souligné les informations contradictoires fournies par l’hôpital et la « disparition » de la personne en charge de la morgue.

« Nous voulons savoir ce qui s’est passé, et nous voulons récupérer le corps afin d’exclure la possibilité d’un crime organisé », affirme-t-il.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.