Le retrait d'Erdogan de la COP26, un échec environnemental et démocratique, selon les spécialistes

«Avec toutes les catastrophes environnementales dans le monde, mais surtout en Turquie, Erdogan devrait de toute évidence définir ses priorités (participer à la COP)», explique à Arab News Minh-Thu Pham.
«Avec toutes les catastrophes environnementales dans le monde, mais surtout en Turquie, Erdogan devrait de toute évidence définir ses priorités (participer à la COP)», explique à Arab News Minh-Thu Pham.
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Publié le Mardi 02 novembre 2021

Le retrait d'Erdogan de la COP26, un échec environnemental et démocratique, selon les spécialistes

  • Le président s'est retiré du sommet à la dernière minute, invoquant des «problèmes de sécurité»
  • C’est le pire dirigeant de la Turquie d'un point de vue environnemental, a déclaré un ancien député turc à Arab News

LONDRES: Le retrait de dernière minute du président turc du sommet de la COP26 à Glasgow cette semaine est une preuve supplémentaire de sa stratégie environnementale désastreuse, et de son incapacité à écouter son peuple, ont affirmé des spécialistes à Arab News

Recep Tayyip Erdogan s'est retiré du sommet mondial pour faire face à la crise climatique dès le premier jour, invoquant des «problèmes de sécurité». Il a affirmé que Londres ne lui permettait pas, ainsi qu'aux personnes qui l’accompagnaient, de disposer de suffisamment de véhicules lors du sommet. 

Des spécialistes ont toutefois déclaré à Arab News que cette justification douteuse était surtout révélatrice de son attitude à l'égard de la lutte contre le changement climatique – et de l'écoute de son propre peuple. 

 

«Erdogan restera dans l'histoire de la Turquie comme le dirigeant qui aura causé les plus grands dommages écologiques au pays avec son appétit insatiable pour ses projets de construction et d'exploitation minière», affirme à Arab News Aykan Erdemir, directeur du programme Turquie à la Fondation pour la défense des démocraties, basée à Washington, et ancien membre du Parlement turc. 

Ces dernières années, le gouvernement d'Erdogan a fait la une des journaux pour avoir poursuivi ses audacieux projets de construction d'une immense voie de navigation à travers Istanbul, transformant de grandes parties de cette ville de 16 millions d'habitants en une île où se rencontrent l'Europe et l'Asie. 

Ce projet – qui devrait coûter plus de 15 milliards de dollars (près de 13 milliards d’euros) – a été vivement critiqué pour son impact environnemental préoccupant. Il prévoir en effet la destruction de certaines des dernières zones boisées d'Istanbul, et menace de dégrader davantage encore la qualité de l'air déjà médiocre de la ville, avec les fumées toxiques des énormes navires porte-conteneurs. 

Le scepticisme de la population à l'égard du projet a été largement ignoré, et Ankara a fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher la formation de groupes d'opposition crédibles remettant en question le bilan environnemental d'Erdogan. 

«Pendant plus d'un an, le gouvernement turc a refusé d'enregistrer le Parti vert de Turquie, violant de manière flagrante la loi sur les partis politiques du pays, signe supplémentaire de son aversion pour l'écologie», ajoute Erdemir. «Le traitement brutal par la police turque des écologistes dans tout le pays reflète l’approche inquiétante d’Ankara en matière d’activisme climatique.» 

Un porte-parole de la COP s’était pourtant réjoui auprès d’Arab News de la présence d’Erdogan au sommet sur le climat. «Nous sommes impatients d'accueillir la délégation turque à la COP26, avec l'engagement récent pris par le président Erdogan d’atteindre la neutralité carbone d'ici à 2053», avait-il affirmé. 

Erdemir explique cependant que l'engagement de la Turquie d’atteindre la neutralité carbone lors des Accords de Paris sur le climat n'est intervenu qu'«après que trois pays européens et deux organisations financières internationales ont offert des compensations financières». 

L'année dernière, des incendies de forêt ont décimé les côtes turques, tuant neuf personnes, alors qu’un déluge de «morve de mer» toxique s'est échoué sur les côtes du pays, empêchant les pêcheurs et d’autres personnes qui dépendent de la mer de pouvoir travailler. 

«Avec toutes les catastrophes environnementales dans le monde, mais surtout en Turquie, Erdogan devrait de toute évidence définir ses priorités (participer à la COP)», explique à Arab News Minh-Thu Pham, conseillère senior auprès de la société de conseil stratégique Connect Frontier, et ancienne observatrice de l'ONU. 

«Je pense qu'il n'a visiblement pas pris les meilleures initiatives concernant le climat. Sa décision de se retirer du sommet n’est pas brillante», affirme-t-elle, ajoutant que les dirigeants politiques trouvaient toujours une «raison pratique» de se retirer d’un événement lorsqu’ils «ne veulent pas vraiment pas y participer». 

 «Les Turcs souffrent, et nous savons que la cause profonde de certains des problèmes environnementaux est le changement climatique, donc sa présence aurait envoyé un signal très fort. Beaucoup de personnes s’interrogent sur ses motivations», poursuit l’experte. «Les dirigeants qui ne souhaitent pas écouter leurs concitoyens ne ressentent pas la pression d'avoir à faire quelque chose pour le climat, même lorsque leurs propres concitoyens en souffrent énormément.» 

«Lorsque l’ensemble des pays se réunissent pour essayer d’agir sur le climat, il devient tout à fait clair que ceux qui ne le font pas ne répondent pas aux attentes de leur peuple. Espérons que leurs concitoyens le remarqueront et essaieront de faire bouger les choses», conclut Pham. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com