Procès 13-novembre: l'ex-dealer et l'accusé devenu «sociologue»

Les forces de sécurité patrouillent à l'extérieur de la salle d'audience provisoire aménagée pour le procès des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015 au Palais de Justice de Paris. (Photo, AFP)
Les forces de sécurité patrouillent à l'extérieur de la salle d'audience provisoire aménagée pour le procès des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015 au Palais de Justice de Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 04 novembre 2021

Procès 13-novembre: l'ex-dealer et l'accusé devenu «sociologue»

  • Le plus jeune des accusés au procès des attaques djihadistes du 13 novembre 2015, Hamza Attou, 27 ans, est l'un des trois hommes à comparaître libre sous contrôle judiciaire
  • Les interrogatoires des accusés sur le fond du dossier et sur leur rapport à la religion ne sont prévus qu'en 2022

PARIS : Un ex-dealeur de cannabis, un spécialiste de la débrouille devenu "sociologue": au procès des attentats survenus le 13 novembre 2015 à Paris, la justice a continué mercredi à examiner les profils des hommes accusés à des degrés divers d'avoir participé à la tuerie.

Il s'avance à la barre et prend une longue respiration. Plus jeune des accusés au procès des attaques djihadistes qui ont fait 130 morts le 13 novembre 2015, Hamza Attou, 27 ans, est l'un des trois hommes à comparaître libre sous contrôle judiciaire. 

Pull marin et baskets, ce Belge au visage poupin semble, dès le début de son interrogatoire de personnalité, à fleur de peau. Très vite, ses yeux s'embuent quand il évoque les décès récents de son père et de son frère. 

Cinquième enfant d'une fratrie de six, "chouchouté" par ses soeurs, Hamza Attou a grandi au sein d'une famille "honnête" dans le quartier bruxellois de Molenbeek, comme Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos projetés depuis la Syrie par l’État islamique (EI). 

C'est au café géré par le frère de ce dernier, Brahim Abdeslam, tueur et kamikaze des terrasses parisiennes, qu'Hamza Attou a rencontré plusieurs de ses coaccusés. 

C'est là aussi que ce "gros fumeur" de cannabis, qui travaillait les week-ends sur les marchés, a commencé à "dealer" en 2013 pour financer les "4-5 grammes" qu'il fumait quotidiennement, "du matin au coucher". Sans être inquiété pour ce trafic. 

"Au jour d'aujourd'hui, j'aurais largement mais largement préféré être arrêté pour ça", lâche Hamza Attou.

Jugé pour être allé chercher Salah Abdeslam à Paris la nuit des attentats - ce qu'il a reconnu au début du procès, en maintenant qu'"à aucun moment" il n'a "voulu faire du terrorisme" - il encourt six ans d'emprisonnement. 

Le ton s'allège un peu quand il évoque face à la cour les violations de son contrôle judiciaire pour "faire la fête" en boîte de nuit et retrouver un "semblant de vie normale". 

"Souvent dans ma vie, j'agis, puis je réfléchis. C'est aussi pourquoi je me retrouve ici", explique Hamza Attou, regrettant d'en avoir fait "baver à (sa) famille". 

Des faits qui lui sont reprochés, il ne pourra pas en dire plus: les interrogatoires des accusés sur le fond du dossier et sur leur rapport à la religion ne sont prévus qu'en 2022.

Ce séquençage du procès, lié à l'ampleur des investigations, oblige la cour et les parties à un numéro d'équilibriste. 

Il est particulièrement poussé lors de l'interrogatoire d'un autre accusé, Mohamed Bakkali, Belgo-Marocain de 34 ans et logisticien présumé des attentats du 13-Novembre. 

«Pas vraiment déclaré»

Passée rapidement sur son enfance "agréable" au sein d'une famille unie, la cour s'intéresse à sa vie active, faite de "débrouilles" et de travail "pas vraiment déclaré", dans la contrefaçon de vêtements ou parfums.

Mais le juge est vite gêné dans ses questions. Mohamed Bakkali a croisé sur sa route les frères Khalid et Ibrahim El Bakroui, auteurs des attentats de Bruxelles en mars 2016. 

"On (y) reviendra plus précisément (ultérieurement) parce que là, on va aborder le fond du dossier", s'inquiète le magistrat. Il se retrouve plusieurs fois à devoir couper les explications de l'accusé et à reprendre des avocats de parties civiles pour les mêmes raisons.

Même difficulté quand le parquet national antiterroriste (Pnat) veut en savoir plus sur son divorce de sa première épouse. "Je sais où vous voulez en venir, c'est pas le cas. C'est pas par rapport à des désaccords religieux!", s'agace Mohamed Bakkali, crâne rasé, barbe fournie, un sweat-shirt beige sur ses larges épaules. 

A défaut d'approfondir ces sujets, on s'attarde sur la détention de l'accusé, l'isolement qui fait perdre toute "humanité", la licence de sociologie qu'il a décrochée, "une manière de résister" à ses conditions en prison. 

"Ca a permis de complexifier ma compréhension des choses", résume doctement Mohammed Bakkali, à un avocat de parties civiles qui l'interrogeait sur ce que lui avait apporté cette licence. Elle m'a donné, ajoute-t-il, "des leviers (de compréhension) sur les actes que j'ai pu commettre". 

Les interrogatoires des accusés se poursuivent jusqu'à vendredi. 


Le partenariat stratégique franco-saoudien: une dynamique renforcée par la vision 2030

De gauche à droite, l’ancien ambassadeur de France en Arabie Bertrand Besancenot, l’ancien conseiller présidentiel Maurice- Gourdault montagne, et les deux anciens ambassadeurs an Arabie François Gouyette et Frédéric Pouille. (Photo Arlette Khouri)
De gauche à droite, l’ancien ambassadeur de France en Arabie Bertrand Besancenot, l’ancien conseiller présidentiel Maurice- Gourdault montagne, et les deux anciens ambassadeurs an Arabie François Gouyette et Frédéric Pouille. (Photo Arlette Khouri)
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  • L’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France et Monaco Fahad Al-Ruwaily a partagé les chiffres saisissants d’un programme de réformes nationales qui dépasse déjà largement ses objectifs
  • Dans ce contexte de mutation rapide, la relation entre la France et l’Arabie Saoudite s’est hissée à un niveau inédit d’intensité

PARIS: Organisé par l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France et Monaco Fahad Al-Ruwaily, en collaboration avec le Forum Francophone des Affaires, le deuxième colloque sur « le partenariat stratégique saoudo-français à la lumière de la Vision 2030 » a illustré de manière éclatante la profondeur des transformations en cours au Royaume ainsi que la qualité grandissante des relations bilatérales entre Riyad et Paris. 

S’exprimant à l’ouverture du colloque Al-Ruwaily, a dressé un état des lieux des avancées impressionnantes du Royaume, tout en mettant en lumière les partenariats économiques, culturels, technologiques et diplomatiques qui unissent la France et l’Arabie Saoudite.

À l’occasion du neuvième anniversaire de la Vision 2030 lancée par le prince héritier d’Arabie, Al-Ruwaily a partagé les chiffres saisissants d’un programme de réformes nationales qui dépasse déjà largement ses objectifs initiaux. 

Selon le dernier rapport officiel, 93 % des cibles fixées ont été atteintes ou dépassées, a-t-il indiqué, citant parmi les exemples les plus marquants l’accueil par le royaume de 100 millions de touristes, bien avant l’échéance de 2030.

La diversification économique du pays s’est fortement accélérée, selon Al-Ruwaily le secteur non pétrolier occupe désormais une part croissante du PIB, porté par des investissements massifs dans les infrastructures, les nouvelles technologies, le divertissement ou encore le tourisme. 

Sur le plan social, les réformes en faveur des femmes ont permis d’atteindre un taux d’emploi féminin de plus de 33,5 %, tandis que des opportunités éducatives et professionnelles sont créées pour une jeunesse qui représente 70 % de la population saoudienne.

Ces transformations trouvent aussi leur expression sur la scène internationale, indique l’ambassadeur, Riyad se préparant à accueillir l’Exposition universelle de 2030, puis la Coupe du monde de football en 2034.

Tout cela souligne Al-Ruwaily vient s’ajouter à d’autres événements comme le Rallye Dakar ou les concerts d’artistes internationaux, positionnant le Royaume comme un acteur central de la culture globale.

Au cœur de cette dynamique se trouve le Fonds Public d’Investissement (PIF), véritable bras armé financier de la Vision 2030. 

Les liens d’amitié, de coopération et de partenariat sont plus étroits que jamais, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Al-Ruwaily, et la visite d’État du Président Français Emmanuel Macron en décembre dernier a marqué un tournant symbolique, scellé par la signature d’un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

Grâce à lui, des projets structurants voient le jour dans des secteurs aussi variés que les fintech, les énergies renouvelables, les biotechnologies ou encore la cybersécurité. 

Le PIF contribue à faire du pays un hub économique et technologique régional, voire mondial.

Des projets comme Neom, ville futuriste en construction dans le nord-ouest du pays, ou AlUla, combinant tourisme de luxe et durabilité environnementale, illustrent cette ambition, et sont le reflet d’un changement de paradigme où l’économie pétrolière laisse place à une société de la connaissance et de l’innovation.

France-Arabie saoudite, une relation en plein essor

Dans ce contexte de mutation rapide, la relation entre la France et l’Arabie Saoudite s’est hissée à un niveau inédit d’intensité. 

Les liens d’amitié, de coopération et de partenariat sont plus étroits que jamais, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Al-Ruwaily, et la visite d’État du Président Français Emmanuel Macron en décembre dernier a marqué un tournant symbolique, scellé par la signature d’un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

Un des exemples les plus éclatants de cette coopération est le projet d’AlUla, piloté conjointement par une commission royale saoudienne, et l’Agence Française pour le développement d’AlUla (AFALULA).

Prenant la parole lors du colloque, le président d'AFALLA Jean-Yves Le Drian estime que ce projet singulier incarne un modèle de développement culturel, touristique et environnemental durable. 

Le Drian, ancien ministre français de la Défense puis des Affaires étrangères, a souligné l’ambition du Royaume de faire d’AlUla un hub mondial de l’archéologie, tout en y intégrant des dimensions artistiques, économiques et sociales. 

Dans le domaine aérien, la compagnie Saudia a signé en 2024 un accord historique avec Airbus pour l’achat de 105 avions, dont une vingtaine d’A330 annoncés récemment à Toulouse.

Aujourd’hui, indique-t-il, 150 archéologues travaillent sur les sites historiques, et des projets comme la Villa Hegra viendront renforcer l’attractivité du lieu à l’automne prochain.

Le partenariat ne se limite pas au secteur culturel, mais s’étend à la santé, l’aéronautique, les infrastructures et l’environnement. 

La Vision 2030 redéfinit l’identité de l’Arabie saoudite

Mi-avril, le ministre saoudien de la Santé Fahad Aljalajel a effectué une visite officielle en France pour renforcer la coopération dans le domaine médical et pharmaceutique. 

Dans le domaine aérien, la compagnie Saudia a signé en 2024 un accord historique avec Airbus pour l’achat de 105 avions, dont une vingtaine d’A330 annoncés récemment à Toulouse.

Le groupe Suez, représenté au colloque par son directeur des affaires publiques Vincent Menuet, illustre aussi l’engagement du secteur privé français. 

Présent depuis les années 1950 au Moyen-Orient, Suez gère aujourd’hui l’eau et l’assainissement pour des villes stratégiques comme La Mecque, Djeddah et Taïf, couvrant près de 9 millions d’habitants, indique Menuet. 

Suez, ajoute-t-il, est également impliquée dans les projets Neom, et AlUla, avec des solutions intégrées combinant énergie renouvelable, traitement de l’eau et durabilité.

La transformation engagée par la Vision 2030 dépasse largement les objectifs économiques. Elle redéfinit l’identité du Royaume et renforce son ouverture sur le monde. 

Laurent Vigier, président du premier fonds français dédié à l’Arabie Saoudite et actuel directeur exécutif de Five Capital, a souligné que cette vision n’est plus un projet mais une réalité, bâtissant une centralité géopolitique et économique majeure dans le Moyen-Orient.

D’autres intervenants représentant de grands groupes français ont mis l’accent sur l’enthousiasme de la jeunesse saoudienne, le soutien constant de partenaires comme la France, et une capacité d’innovation et de projection rare, qui laissent croire que l’Arabie Saoudite semble désormais prête à jouer un rôle moteur dans la définition du monde de demain.


La France condamne les cyberattaques attribuées au service de renseignement russe

Les vols de données et attaques au rançongiciel se sont multipliés ces derniers mois dans le monde. (Photo, AFP)
Les vols de données et attaques au rançongiciel se sont multipliés ces derniers mois dans le monde. (Photo, AFP)
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  • Depuis 2021, ce mode opératoire d'attaque (MOA) a été utilisé pour cibler ou compromettre une dizaine d'entités françaises, ce qui représente un nombre significatif d'occurrences.
  • De nombreux partenaires européens ont également été visés par APT28 au cours des dernières années.

PARIS :  La France condamne avec la plus grande fermeté le recours par le service de renseignement militaire russe (GRU) au mode opératoire d'attaque APT28, à l'origine de plusieurs cyberattaques contre des intérêts français.

Depuis 2021, ce mode opératoire d'attaque (MOA) a été utilisé pour cibler ou compromettre une dizaine d'entités françaises, ce qui représente un nombre significatif d'occurrences.

Ces entités sont des acteurs de la vie publique française : des services publics, des entreprises privées, ainsi qu’une organisation sportive liée à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

Ce mode opératoire a également été utilisé par le GRU dans le sabotage de la chaîne de télévision TV5Monde en 2015, ainsi que dans la tentative de déstabilisation du processus électoral français en 2017.

APT28 est aussi employé pour exercer une pression constante sur les infrastructures ukrainiennes dans le contexte de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine, notamment lorsqu'il est opéré par l'unité 20728 du GRU.

De nombreux partenaires européens ont également été visés par APT28 au cours des dernières années, ce qui démontre une continuité dans les opérations de cette organisation. À ce titre, l'UE a imposé des sanctions aux personnes et entités responsables des attaques menées à l’aide de ce mode opératoire.

Ces activités déstabilisatrices sont inacceptables de la part d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Elles sont par ailleurs contraires aux normes des Nations unies en matière de comportement responsable des États dans le cyberespace, auxquelles la Russie a souscrit.

Aux côtés de ses partenaires, la France est résolue à employer l'ensemble des moyens à sa disposition pour anticiper les comportements malveillants de la Russie dans le cyberespace, les décourager et y réagir le cas échéant, afin de protéger ses intérêts et garantir la sécurité de ses citoyens.

L’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information publie aujourd'hui un rapport qui alerte sur la menace liée à APT28, dans le but de prévenir de futures attaques.

 


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.