Les espoirs de retour s'amenuisent pour Netanyahou après l'adoption du budget

Le meilleur espoir de Netanyahou est que la coalition, composée de huit partis idéologiquement divers, implose sur ses propres contradictions. (Photo, AFP)
Le meilleur espoir de Netanyahou est que la coalition, composée de huit partis idéologiquement divers, implose sur ses propres contradictions. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 05 novembre 2021

Les espoirs de retour s'amenuisent pour Netanyahou après l'adoption du budget

  • Avec le premier budget à être adopté en trois ans, la coalition gouvernementale indisciplinée a passé un crucial test de résistance
  • Le faucon de la politique israélienne est relégué au second plan dans l'opposition et exposé à de graves accusations de corruption

TEL AVIV: L'ancien Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a observé jeudi de loin, le gouvernement qui l'a renversé après 12 ans au pouvoir, adopter un budget national, portant un coup dur à ses espoirs d'un retour rapide à la tête du pays.

L'homme dont l'ombre a si longtemps plané sur Israël, dont le règne a suscité à la fois des protestations de masse et une dévotion semblable à une culte, a été relégué au second plan en tant que chef de l'opposition, loin des leviers du pouvoir et exposé à de graves accusations de corruption. 

Le premier budget à être adopté en trois ans, au cours desquels une période prolongée d'impasse politique a entraîné quatre élections conflictuelles, a été un test de résistance pour la coalition gouvernementale indisciplinée d'Israël.

«Cela change complètement son calendrier», a déclaré Anshel Pfeffer, chroniqueur au quotidien de gauche Haaretz et biographe de Netanyahou. «Cela ne signifie pas qu'il va abandonner. Il ne va certainement pas abandonner. Il est incapable d'abandonner.»

Si le budget n’avait pas été passé avant le 14 novembre, le gouvernement aurait été dissous et des élections anticipées auraient été organisées, ce qui aurait donné à Netanyahou, qui monte dans les sondages, une chance de se racheter. Maintenant que le budget est passé, le gouvernement, établi dans le but d'évincer Netanyahou, semble avoir gagné du temps. Les partis de la coalition sont en difficulté dans les sondages et aucun n'est susceptible de vouloir renverser le gouvernement et déclencher de nouvelles élections, surtout pour le moment. 

Le meilleur espoir de Netanyahou est que la coalition, composée de huit partis idéologiquement différents, implose sur ses propres contradictions. Sinon, sa prochaine chance viendra lorsque le gouvernement changera de leadership en 2023, portant au pouvoir le centriste Yair Lapid et donnant peut-être à ses partenaires de la coalition nationaliste une raison de se retirer.

Aviv Bushinsky, un ancien collaborateur de Netanyahou, a révélé qu’il ferait mieux d'attendre son heure en tant que chef de l'opposition, une plate-forme publique à partir de laquelle il pourra contester les accusations légales et obtenir le soutien de ses électeurs.

«Pour l’instant, Netanyahou n'est pas pressé. Il n'a rien à perdre», a-t-il ajouté.

S'adressant au parlement mercredi, avant le vote du budget, Netanyahou a promis de continuer son combat.

«Nous continuerons à lutter contre cet horrible gouvernement. Nous ne négligerons aucune piste, nous chercherons tous les moyens de le renverser, pour remettre Israël sur la bonne voie», a-t-il souligné.

Netanyahou, une figure importante de la politique israélienne depuis un quart de siècle, a connu une chute spectaculaire plus tôt cette année.

Il a entamé un mandat de 12 ans en tant que Premier ministre en 2009, après un passage antérieur dans les années 1990, devenant ainsi le leader israélien le plus ancien et contribuant à façonner le pays.

Il était omniprésent sur la scène internationale, prêchant contre le programme nucléaire iranien et l'accord avec les puissances mondiales destiné à le restreindre.

Netanyahou a accéléré la construction de colonies en Cisjordanie occupée, évité les pourparlers de paix avec les Palestiniens et dirigé trois guerres contre le groupe militant du Hamas au pouvoir à Gaza.

Il a travaillé dur pour convaincre les Israéliens qu'il était un homme d'État de classe mondiale, le seul à pouvoir guider Israël en toute sécurité à travers ses innombrables défis.

Mais sous le Premier ministre, Naftali Bennett, qui s'est rendu au sommet mondial sur le climat, a guidé Israël à travers une quatrième vague de la Covid-19 et a adopté un budget, cet argument a été entièrement sapé.

«Soudain, vous n'avez pas besoin d'être Benyamin Netanyahou pour être le Premier ministre d'Israël. Et cela a été en soi une sorte de révélation», a indiqué Pfeffer.

Netanyahou a également utilisé son poste de Premier ministre pour diviser les Israéliens, semant la zizanie entre les nationalistes et les gauchistes modérés, entre les Israéliens juifs et les citoyens palestiniens d'Israël, et s'en prenant aux institutions du pays, surtout après avoir été inculpé dans trois affaires de corruption.

Netanyahou est jugé pour fraude, abus de confiance et corruption, des accusations qu'il nie catégoriquement mais qui ont tout de même assombri ses dernières années au pouvoir.

En vertu de la loi israélienne, Netanyahou n’est pas tenu à démissionner après son inculpation, ce qui lui laisse une tribune à partir de laquelle il peut combattre les accusations, faire pression pour légiférer sur l'immunité et exprimer ses griefs contre les médias et le système judiciaire.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.