Le logiciel espion Pegasus utilisé contre des militants palestiniens (ONG)

Ubai al-Aboudi, directeur du Centre Bisan pour la recherche et le développement et utilisateur de l'un des six appareils qui auraient été piratés avec le logiciel espion Pegasus du groupe NSO, prend la parole lors d'une conférence de presse dans les bureaux du Centre al-Haq pour le droit international appliqué à Ramallah dans le Cisjordanie occupée le 8 novembre 2021. (Photo, AFP)
Ubai al-Aboudi, directeur du Centre Bisan pour la recherche et le développement et utilisateur de l'un des six appareils qui auraient été piratés avec le logiciel espion Pegasus du groupe NSO, prend la parole lors d'une conférence de presse dans les bureaux du Centre al-Haq pour le droit international appliqué à Ramallah dans le Cisjordanie occupée le 8 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 09 novembre 2021

Le logiciel espion Pegasus utilisé contre des militants palestiniens (ONG)

  • Le 22 octobre, le ministère israélien de la Défense a annoncé avoir placé six ONG palestiniennes, dont al-Haq, Addameer et Bisan, sur sa liste noire en raison de liens supposés avec le groupe palestinien FPLP
  • Parmi ces militants, figurent celui de Salah Hamouri, un franco-palestinien avocat pour l'ONG Addameer, dont Israël a retiré récemment le statut de résident permanent de Jérusalem, ouvrant la voie à son expulsion

JERUSALEM : La saga Pegasus s'est déplacée lundi dans les Territoires palestiniens avec des révélations selon lesquelles le logiciel espion de la société israélienne NSO a été utilisé pour traquer les portables de six militants palestiniens, dont l'un a aussi la nationalité française.

Le 22 octobre, le ministère israélien de la Défense a annoncé avoir placé six ONG palestiniennes, dont al-Haq, Addameer et Bisan, sur sa liste des "groupes terroristes" en raison de liens supposés avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), organisation marxiste considérée comme "terroriste" par l'Etat hébreu, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Suspectant un possible hacking du téléphone de l'un de ses employés, l'organisation de défense des droits humains al-Haq a mandaté le groupe européen Frontline Defenders d'enquêter sur les portables de 75 membres de ces six ONG pour voir s'ils avaient été infectés par le logiciel Pegasus.

Or lundi, Frontline Defenders a conclu, après contre-vérification avec le Citizen Lab de l'université de Toronto et la cellule digitale d'Amnesty International, que six portables avaient été infectés par le logiciel.

Parmi ces six, ceux de Salah Hamouri, un avocat franco-palestinien travaillant pour l'ONG Addameer dont Israël a retiré mi-octobre le statut de résident permanent à Jérusalem, ouvrant la voie à son expulsion, et de l'Américano-palestinien Ubai al-Aboudi, directeur de Bisan. 

Amnesty a confirmé les informations de Frontline Defenders, précisant que les smartphones avaient été piratés "avant" que les ONG ne soient désignées "terroristes" par Israël. 

Des ONG internationales et israéliennes ont déploré cette désignation qui pourrait avoir pour conséquence d'assécher le financement de ces ONG, dont certaines oeuvrent pour la défense des droits humains et des prisonniers et reçoivent des fonds européens. 

«Peur»

"J'ai senti qu'il y avait un truc qui n'allait pas, qu'il y avait quelque chose de suspect dans mon téléphone (...) Frontline Defenders a découvert qu'entre le 10 et le 30 avril, mon téléphone a été attaqué par Pegasus", a déclaré à l'AFP M. Hamouri, qui habite à Ramallah en Cisjordanie occupée.

"Lorsque le système Pegasus est dans le téléphone, il est totalement surveillé... Le téléphone n'est plus à toi", a-t-il ajouté, appelant la France "à prendre ses responsabilités" dans cette affaire, d'autant qu'il avait été lui-même en contact "avec des personnes au Quai d'Orsay, à l'Elysée, avec le consul général de France à Jérusalem" et des journalistes.

Ubai al-Aboudi, directeur de Bisan, a affirmé à l'AFP avoir "peur pour (la) vie et (la) sécurité" des militants.

Le groupe NSO s'est retrouvé exposé en juillet après des enquêtes publiées par un consortium de médias internationaux révélant que son logiciel Pegasus avait permis d'espionner les téléphones de journalistes, d'hommes politiques, de militants ou de chefs d'entreprises de différents pays, incluant le président français Emmanuel Macron.

Les Etats-Unis ont placé NSO sur leur liste d'entreprises menaçant la sécurité nationale en raison de son logiciel qui permet de récupérer les messages, photos, contacts, et d'activer à distance les micros d'un smartphone.

Cette société basée en banlieue de Tel-Aviv s'est dite "consternée" par cette décision sur son logiciel, vendu à des gouvernements étrangers avec l'approbation de la Défense israélienne.

Preuve ?

"NSO est une compagnie privée, ce n'est pas un projet du gouvernement. Par conséquent, même si le groupe a été placé sur une liste (américaine), cela n'a rien à avoir avec les politiques du gouvernement israélien", a déclaré samedi le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid.

"Je ne pense pas qu'il y a un autre pays dans le monde qui a des règles plus strictes en matière de cyberguerre", a-t-il ajouté.

Le service de sécurité intérieure israélien Shin Beth a accusé les six ONG d'avoir détourné des millions de dollars d'aide de "plusieurs pays européens" au profit du FPLP, ce que ce mouvement et les organisations ciblées réfutent.

Un rapport de 74 pages du Shin Beth présenté à des responsables américains et européens -consulté ce weekend par l'AFP et dont le "+972 magazine", un média israélo-palestinien indépendant, avait obtenu l'accès en premier- offre peu d'éléments pour étayer des relations entre le FPLP et ces ONG.

Une source de sécurité israélienne a indiqué à l'AFP que ce rapport n'était pas le seul contre ces ONG, et que "différents documents" avaient été présentés "à différents niveaux de confidentialité" à des responsables étrangers.

Elle n'a toutefois pas précisé si Pegasus avait été utilisé pour obtenir des informations. 


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".