PARIS: Des œuvres universelles qui évoquent l’amour, la nature et la spiritualité de l’artiste australien Hossein Valamanesh seront exposées pour la première fois en Europe à l’Institut des cultures d’islam (ICI), à Paris, du 23 septembre 2021 au 13 février 2022.
L’exposition «Puisque tout passe» présente des œuvres inspirées par les racines de ce créateur, et par sa terre d'adoption: l’Australie.
D’origine iranienne, Hossein Valamanesh explore la diversité de ces thématiques en proposant des œuvres aussi intimes qu’universelles. «Fidèle à la fluidité de cette pensée, l’exposition navigue entre les époques et les inspirations, les œuvres préexistantes et celles qui sont spécialement conçues pour cet événement», précise-t-on à l’ICI.
Qui est Hossein Valamanesh?
Artiste plasticien australien, il naît à Téhéran en 1949. Il fréquente l’université d’art de Téhéran, où il suit une formation essentiellement teintée par l’histoire de l’art occidental – il sort diplômé de cette institution en 1970 –, mais pratique également la peinture miniature et la calligraphie. En 1973, Il émigre à Perth, en Australie, un peu par hasard, essentiellement guidé par sa soif de liberté́. En 1975, il s’installe à Adélaïde, au sud de l’île, et obtient un diplôme de l’école centrale d’art d’Adélaïde en 1977. Il y rencontre sa future femme, Angela Valamanesh. Il partage avec elle une forme de fascination pour la vulnérabilité́ de la nature et pour sa manifestation dans l’acte créateur.
Hossein Valamanesh expose en Australie, au Japon, aux Émirats arabes unis et en Iran. Il obtient de nombreux prix, comme celui de la Smithsonian Artist Research Fellowship (Sarf) à Washington DC, en 2014, ou celui de la commission Art & Moving Image du Festival du film d’Adélaïde, en 2015.
Avec une sélection des œuvres des années 1980 à nos jours, l’organisme propose aux visiteurs de découvrir des productions inspirées par les écrits de Djalâl ad-Dîn Rûmî, ce poète mystique persan du XIIIe siècle qui a profondément influencé le soufisme.
«Mêlant l’humour surréaliste et la sobriété de l’Arte povera [littéralement “l’art pauvre”, mouvement artistique italien, NDLR], Hossein Valamanesh conjugue librement de multiples références qui évoquent ses souvenirs d’enfance, son expérience de l’exil ou encore le profond lien spirituel qu’entretiennent les aborigènes avec leur environnement. Il les fait converger dans une prise de conscience de l’impermanence des choses et des êtres: Puisque tout passe», indique la direction de l’ICI.
Première exposition individuelle
Interrogée par Arab News en français, Stéphanie Chazalon, directrice générale de l’ICI, nous explique qu’il s’agit de la première exposition individuelle en Europe de Hossein Valamanesh, un artiste qui a construit sa carrière pendant plus de quarante ans en Australie.
«Nous avons voulu montrer un parcours assez chronologique, mais également thématique. Nous nous sommes intéressés à la dimension spirituelle et poétique de son travail ainsi qu’au lien qu’il entretient avec ses racines iraniennes et à la manière dont ces éléments dialoguent avec les cultures aborigènes dans son pays d’adoption, l’Australie», nous confie-t-elle lors de notre visite.
«Cela se traduit par la dimension amoureuse qui imprègne l’ensemble de son travail et que l’on retrouve à la fois dans la partie poétique et spirituelle, pratiquement sous forme autobiographique, introspective, et dans l’autre volet de son œuvre, davantage tournée vers l’Australie.»
Stéphanie Chazalon raconte que cette exposition est également née d’une rencontre avec l’artiste lors de l’un de ses passages à Paris, en 2017. «Hossein Valamanesh est un artiste qui respire l’optimisme. Il célèbre l’amour partout et, en même temps, il porte un regard sans concession sur le monde qui l’entoure, tout cela avec une grande dose d’humour», nous révèle la directrice de l’ICI.
«À travers cette exposition, nous souhaitons accompagner les visiteurs afin qu’ils acquièrent des références qu’ils ne possèdent peut-être pas et qu’il est important d’avoir», poursuit-elle.
Double identité
Elle précise par ailleurs que les œuvres de Hossein Valamanesh s’inspirent de sa double culture, de sa double identité, mais qu’elles sont aussi liées à l’exil, à la poésie et à la spiritualité, avec des références très fortes au soufisme et aux derviche tourneurs.
Elle ajoute que cet artiste qui a développé un rapport fascinant à la nature a calligraphié sous les formes les plus étonnantes des œuvres textuelles. Il effectue ainsi des moulages sur des branches pour en faire des lettres calligraphiées, ou des bronzes.
«C’est notre rôle en tant qu’institut que d’apporter un soutien à la création et aux artistes, de montrer des œuvres qu’on n’a pas l’habitude de voir à Paris», explique-t-elle, précisant que, «pour chaque exposition, l’institut présente de nouvelles œuvres de manière à faire vivre cette création dans sa diversité et sa complexité», indique-t-elle encore.
«Les cultures n’ont pas à être enfermées dans un sens étroit. L’idée est que chacun puisse se faire sa propre opinion».
L’exposition s’accompagne d’une programmation pluridisciplinaire qui mêle arts de la scène, tables rondes et films. Dans ce voyage mystique, le jazz se mélange aux rythmes afro-iraniens. Un cérémonial Ahl-e Haqq, typique du Kurdistan irakien, est célébré par l’ensemble Razbar. À l’occasion d’une soirée-événement, la poésie de de Djalâl ad-Dîn Rûmî entre en résonance avec les œuvres de Hossein Valamanesh.
La représentation de la culture persane et l’évolution géopolitique de l’Iran contemporain seront également abordées; des films qui évoquent la situation des aborigènes d’Australie seront projetés.
En outre, le jeune public n’est pas oublié: des spectacles lui sont réservés, ainsi que des ciné-goûters et un atelier de réalisation d’une derviche toupie.
À propos de l’ICI
L’Institut des cultures d’islam est un établissement artistique de la Ville de Paris dont la mission est de montrer la diversité et le dynamisme de la création contemporaine dans le monde, en lien avec les cultures et civilisations d’islam. Il propose des expositions, des concerts, des conférences, des projections-débats ainsi que des ateliers.
De l’Afrique à l’Asie en passant par l’Europe et le Moyen-Orient, les cultures d’islam sont multiples et inspirent les artistes, quelles que soient leurs origines, leurs attaches, leurs croyances ou leur nationalité́.