Le pavillon saoudien est au cœur de l’activité intellectuelle de la COP26

Le prince héritier du royaume de Bahreïn, Salmane ben Hamad, au centre, visite le Pavillon de l’Arabie saoudite avec l’ambassadeur saoudien auprès du Royaume-Uni, le prince Khaled ben Bandar ben Sultan. (SPA).
Le prince héritier du royaume de Bahreïn, Salmane ben Hamad, au centre, visite le Pavillon de l’Arabie saoudite avec l’ambassadeur saoudien auprès du Royaume-Uni, le prince Khaled ben Bandar ben Sultan. (SPA).
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Publié le Mardi 09 novembre 2021

Le pavillon saoudien est au cœur de l’activité intellectuelle de la COP26

Le pavillon saoudien est au cœur de l’activité intellectuelle de la COP26
  • Pour restaurer la circularité du monde, le carbone fugitif doit être réduit, réutilisé et recyclé: ce sont là «les trois R» du cadre de l’économie à faible émission de carbone
  • En quittant le Pavillon saoudien, les visiteurs disposaient d’une lecture plus approfondie de l’engagement pris par le Royaume pour lutter contre les changements climatiques

Le Pavillon saoudien bouillonne d’activité à Glasgow, lors du sommet de la COP26. Les dignitaires du Moyen-Orient et du secteur énergétique mondial y échangent des informations relatives aux premiers jours de cette importante conférence sur les changements climatiques. Il y règne comme une ambiance détendue et un climat de dialogue.

Le pavillon s’apparente à une véritable ruche d’activités intellectuelles de premier plan. La délégation saoudienne invite ainsi le monde entier à s’attarder sur les plans du Royaume en matière de lutte contre le réchauffement climatique et tente de persuader les représentants – parfois sceptiques – de la COP26 que le pays prend très au sérieux sa contribution dans le combat contre les changements climatiques.

On sent d’ailleurs que les mentalités évoluent sensiblement à mesure que les militants et les médias, qui avaient peut-être une vision cynique des motivations du plus grand exportateur de pétrole au monde, sont mieux informés.

Une table ronde a particulièrement retenu l’attention du public. Intitulée «Lutter contre les changements climatiques: une économie à faible émission de carbone», elle a permis à des experts d’Arabie saoudite d’exposer les principes de base de la stratégie du Royaume; elle a fait salle comble.

Khaled Abuleif, conseiller spécial auprès du ministre de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et négociateur en chef sur le changement climatique, a évoqué les racines et l’évolution de l’économie à faible émission de carbone depuis ses origines en tant qu’élément de la stratégie de diversification de l’initiative Vision 2030 jusqu’au rôle central qu’elle joue au sein de l’Initiative verte saoudienne, qui est devenue en 2019 un élément phare de la transition énergétique.

Adam Sieminski, conseiller principal du Centre de recherche du roi Abdallah sur les études de pétrole (King Abdullah Petroleum Studies and Research Centre), a expliqué comment l’économie à faible émission de carbone pourrait aider le Royaume à atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici à 2060, l’un des ambitieux objectifs de l’Initiative verte saoudienne. Quant à Gassem Falattah, actuellement à la tête du Programme national de mise en œuvre de cette économie circulaire, il a insisté sur le fait que cette dernière se trouve au cœur de la stratégie du Royaume en faveur de la transition énergétique.

C’est Bill McDonough, architecte et innovateur américain, qui s’est chargé d’expliquer la dimension intellectuelle de l’économie à faible émission de carbone. Il est bien placé pour le faire, lui qui est tout simplement l’inventeur de ce concept.

McDonough a d’abord exposé la théorie de la circularité dans son livre, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things, publié en 2002, qui montre comment la conception et la production peuvent être adaptées dans le but de réutiliser et de recycler les matériaux afin d’en améliorer la durabilité.

«En quittant le Pavillon saoudien, les visiteurs disposaient d’une lecture nouvelle et plus approfondie de l’engagement pris par le Royaume pour lutter contre les changements climatiques.»

 

Frank Kane

Une rencontre fortuite avec des responsables saoudiens, à Davos, a permis à McDonough de présenter ses théories aux principaux responsables de la politique énergétique du Royaume. Elle l’a également incité à réfléchir sur le rôle que joue le carbone dans le processus économique et biologique.

Comme il le dit au public du pavillon saoudien: «Le carbone n’est pas un ennemi, c’est un élément innocent, une source de la vie. Mais tout dépend de ce que nous en faisons.»

Le carbone existe sous trois formes, précise McDonough.

Le carbone vivant est indispensable dans le monde biologique et l’univers agricole. Il est évident qu’il est bénéfique pour l’humanité.

Le carbone durable – les matériaux que nous utilisons dans la vie quotidienne, comme le béton, les briques et le bois – peut également être utile, mais pas toujours, comme le montre la pollution plastique des océans, qui devrait être atténuée.

Le vrai problème est lié à la troisième forme: le carbone fugitif. Les principaux coupables sont les gaz à effet de serre, comme le CO2 et le méthane, que nous rejetons de plus en plus dans l’atmosphère et qui sont un important objet de débat – et d’opprobre – à la COP26.

Pour restaurer la circularité du monde, le carbone fugitif doit être réduit, réutilisé et recyclé: ce sont là «les trois R» du cadre de l’économie à faible émission de carbone. Mais il doit également être retiré de la biosphère, ce qui constitue une véritable crise pour la planète.

Lors du sommet de la COP26, on passe beaucoup de temps à discuter de techniques comme la capture, l’utilisation et le stockage du carbone, ainsi que la saisie directe de l’air, qui pourraient, si elles sont rendues efficaces, abordables et évolutives, s’imposer comme la «solution miracle» face à l’énigme des changements climatiques.

«Retirer le carbone est une question vraiment passionnante, mais la question est de savoir comment nous pouvons y parvenir tous ensemble», lance McDonough au public.

En quittant le Pavillon saoudien, les visiteurs disposaient d’une lecture nouvelle et plus approfondie de l’engagement pris par le Royaume pour lutter contre les changements climatiques: la mission est donc accomplie.

Frank Kane est un journaliste spécialisé dans le domaine des affaires qui a remporté de nombreux prix. Il habite Dubaï.

Twitter: @frankkanedubai

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.