Pour les migrants du Kurdistan d'Irak, l'Europe comme bouée de sauvetage

Des membres d'une famille kurde de Dohuk en Irak, près de Narewka, en Pologne, le 9 novembre 202. ( Photo, AFP)
Des membres d'une famille kurde de Dohuk en Irak, près de Narewka, en Pologne, le 9 novembre 202. ( Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 11 novembre 2021

Pour les migrants du Kurdistan d'Irak, l'Europe comme bouée de sauvetage

  • Ces derniers jours, la crise migratoire en Europe s'est focalisée sur la frontière entre la Pologne et le Bélarus où les migrants sont au centre d'un bras de fer entre Minsk et Varsovie
  • Entre 3.000 et 4.000 d'entre eux, principalement des Kurdes, sont pris au piège par un temps glacial à la frontière, où la présence de troupes des deux côtés fait craindre une confrontation

ERBIL : "Notre vie est affreuse": les mots sont à la hauteur du désespoir de Himen Gabriel qui ne voit plus aucun avenir au Kurdistan d'Irak. Il veut rallier l'UE comme des milliers d'autres migrants massés à la frontière du Bélarus et de la Pologne.


Longue barbe noire soignée et coupe à la mode, Himen, 28 ans, n'a que son taxi pour survivre, faute d'horizon professionnel à Erbil, la capitale du Kurdistan d'Irak. Il fera bientôt ses valises pour l'Europe où il espère traverser la frontière avec la Pologne, pays membre de l'Union européenne.


Ces derniers jours, la crise migratoire en Europe s'est focalisée sur la frontière entre la Pologne et le Bélarus où les migrants sont au centre d'un bras de fer entre Minsk et Varsovie.


Entre 3.000 et 4.000 d'entre eux, principalement des Kurdes, sont pris au piège par un temps glacial à la frontière, où la présence de troupes des deux côtés fait craindre une confrontation.

Diler Ismael Mahmoud, 55 ans, dont le fils est mort alors qu'il tentait d'émigrer en Europe depuis leur région du Kurdistan irakien, lors d'une interview à l'AFP à Erbil, dans la région autonome kurde du nord de l'Irak, le 9 novembre 2021. (Photo, AFP)


Mais, explique Himen Gabriel, l'épreuve du voyage n'est rien à côté de la perspective de pouvoir "mener une vie tranquille" en Europe. De ses quatre frères "tous diplômés, aucun n'a trouvé de poste dans le secteur public parce qu'ils n'appartiennent à aucun parti politique", affirme-t-il.

Visa pour le Bélarus
Le Kurdistan, région autonome du nord de l'Irak contrôlée depuis des décennies par deux partis politiques, se présente comme un havre pour sa stabilité et les investisseurs étrangers, mais il est régulièrement épinglé par les défenseurs des droits humains.


Mercredi soir, le gouvernement régional a assuré vouloir s'attaquer aux "causes profondes" de l'émigration en offrant notamment des "perspectives professionnelles aux jeunes".


Trois mille Kurdes ont quitté la région ces trois derniers mois, et 1.600 d'entre eux ont rallié le Bélarus grâce à un visa de tourisme, selon l'Association des réfugiés du Kurdistan. 


Fouad Mamend, consul honoraire du Bélarus à Erbil, a indiqué à l'AFP que les consulats d'Erbil et de Bagdad étaient "fermés depuis une semaine à la demande du gouvernement irakien".


Selon lui, les Kurdes passent par des agences de voyage pour obtenir les visas de tourisme et les billets pour les trajets indirects vers le Bélarus, Minsk n'étant plus desservie par des vols directs depuis le Kurdistan d'Irak. 


Le Bélarus est aussi l'horizon immédiat de Hiwa Fariq Mohammed, imprimeur à Souleimaniyeh, dans l'est du Kurdistan. Après quatre tentatives infructueuses, il va de nouveau prendre la route de l'Europe. 


"Je veux partir à cause du manque de sécurité et de la situation économique difficile", dit l'homme de 44 ans à l'AFP: "Je veux assurer un avenir meilleur à mon fils et à ma fille".

Gaz lacrymogène
De son salon d'Erbil, Diler Ismael Mahmoud, 55 ans, n'en peut plus de souffrir. Son fils Kilan, 25, ans est mort il y a un peu plus de dix jours au Bélarus, alors qu'il prévoyait d'entrer en Pologne avec un passeur. 


"Il avait du diabète et une maladie de la moelle épinière", pleure M. Mahmoud. Les conditions climatiques, le voyage, la marche ont tué Kilan qui était parti avec deux frères, sa soeur, le mari de celle-ci ainsi que leur enfant de cinq ans dans l'espoir d'arriver en Allemagne.


"Nous pensions que cette route était facile. Beaucoup l'ont faite et ils disent que c'est une route sûre avec quatre heures de marche", se remémore Diler Ismael Mahmoud. "Facile", au contraire de la route qui passe par la Turquie, traverse la mer Egée, puis la Grèce et qui a coûté la vie à des milliers de migrants.


Aujourd'hui, sa fille est soignée en Pologne après s'être cassée la jambe pendant le voyage. Mais le reste de la famille est bloquée au Bélarus. Tout comme cet homme interrogé par l'AFP au téléphone et qui a demandé l'anonymat. 


Arrivé avec sa famille à la frontière, le groupe de migrants avec lequel il était s'est retrouvé face "aux soldats polonais" postés de l'autre côté des barbelés. "Nous avons essayé de traverser, mais les militaires ont tiré des gaz lacrymogènes pour nous forcer à reculer", raconte-t-il depuis Minsk où il est retourné.


A Bagdad, le gouvernement d'Irak a dit son intention d'allouer 200.000 dollars au "ministère des Affaires étrangères (...) destinés à venir en aide aux Irakiens bloqués au Bélarus, en Lituanie et en Pologne".


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.