Kamala Harris acte un peu plus le «réengagement» américain dans le monde

Les États-Unis soutiennent l'Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, une initiative internationale qui vise à rendre le cyberespace plus sûr et plus fiable, annonce la vice-présidente américaine Kamala Harris au Forum de Paris sur la paix (Photo, AFP)
Les États-Unis soutiennent l'Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, une initiative internationale qui vise à rendre le cyberespace plus sûr et plus fiable, annonce la vice-présidente américaine Kamala Harris au Forum de Paris sur la paix (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 12 novembre 2021

Kamala Harris acte un peu plus le «réengagement» américain dans le monde

Les États-Unis soutiennent l'Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, une initiative internationale qui vise à rendre le cyberespace plus sûr et plus fiable, annonce la vice-présidente américaine Kamala Harris au Forum de Paris sur la paix (Photo, AFP)
  • «Répondre au défi de la pauvreté est une obligation pour nous tous», a insisté Kamala Harris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué ce réengagement américain, initié par le nouveau locataire de la Maison Blanche après quatre années d'isolationnisme sous Donald Trump

PARIS: La vice-présidente américaine Kamala Harris a promis jeudi à Paris l'engagement de son pays dans le combat mondial contre la pauvreté, actant après Joe Biden le retour des Etats-Unis au cœur de la communauté internationale. 

« Répondre au défi de la pauvreté est une obligation pour nous tous », a-t-elle insisté en ouverture de la quatrième édition du Forum de Paris sur la Paix, qui se veut un lieu d'échanges entre chefs d'Etat, ONG, entreprises et représentants de la société civile sur les grands défis mondiaux. 

« Dans ce moment pivot, si nous unissons nos forces, il n'est pas de défi auquel nous ne puissions faire face », a-t-elle ajouté, en appelant chaque pays à agir dans ses frontières mais aussi à faire montre de »solidarité internationale ». 

Le président français Emmanuel Macron a salué ce réengagement américain, initié par le nouveau locataire de la Maison Blanche après quatre années d'isolationnisme sous Donald Trump, qui a boudé nombre d'organisations internationales. 

« De savoir les Etats-Unis d’Amérique revenir dans le club du multilatéralisme fut pour nous tous une formidable nouvelle. Merci pour cela. Parce que je crois que c’est la place des Etats-Unis », a-t-il lancé. 

Le président nigérian Muhammadu Buhari a appelé les pays du Nord, y compris les Etats-Unis, à passer au plus vite aux travaux pratiques sur le front de la pandémie de Covid-19, en fournissant plus de vaccins au continent africain. 

« Le niveau actuel de livraisons de vaccins laisse beaucoup à désirer », a-t-il regretté. « Certains pays en sont à la troisième dose pour leurs citoyens quand des millions de gens à travers le monde attendent encore leur première », a-t-il déploré, notant que seulement 6% de la population africaine était vaccinée. 

« Aller plus vite » 

Le président Macron a concédé que les pays riches devaient faire plus même si les Européens ont été les premiers à se mobiliser pour livrer des doses aux pays les plus pauvre via le système Covax. 

« Aujourd'hui, d'ores et déjà, les Françaises et les Françaises ont chacun livré une dose de vaccin au reste du monde (...) Néanmoins, ces engagements ne sont pas suffisants (...) Il nous faut donc aller plus vite et beaucoup plus fort, premièrement en accélérant les dons de doses », a-t-il martelé.  

La lutte contre les inégalités sera au cœur durant trois jours du Forum de Paris pour la paix, voulu en 2018 par Emmanuel Macron et axé cette année sur la réduction des fractures mondiales.  

Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus à ce quatrième rendez-vous qui se tiendra jusqu'à samedi et coïncide avec une conférence internationale sur la Libye vendredi. 

Plusieurs chefs d'Etat d'Afrique subsaharienne (Côte d'Ivoire, Nigeria, Sénégal, Liberia, Botswana...) seront notamment présents, de même que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ou les Premiers ministres de Serbie et du Kosovo. 

Ce Forum vise à instaurer un rendez-vous régulier des décideurs mondiaux à Paris à l'image de ce qui se fait à Davos en matière économique ou à Munich sur les enjeux de sécurité, deux événements très courus chaque début d'année. 

Un numérique « éthique et responsable » 

« L'objectif est de fournir une plateforme où se rencontrent les Etats mais aussi les autres acteurs sur des tas de sujets comme le climat, la santé, l'économie sociale et solidaire, les questions numériques », explique le directeur du Forum, Justin Vaïsse. 

Emmanuel Macron et Kamala Harris ont assisté dans ce cadre à un panel sur les grands enjeux mondiaux du numérique, destiné à faire le point sur une série d'initiatives (Appel de Paris, de Christchurch..) liées à la cybersécurité, la lutte contre les contenus terroristes et extrémistes violents en ligne ou la désinformation sur les réseaux sociaux. 

Le Partenariat mondial pour l'intelligence artificielle (PMIA) devait aussi remettre à cette occasion un rapport « sur l'usage responsable et éthique » de ces technologies, en présence du président de Microsoft Brad Smith. 

Ce partenariat, qui réunit « exclusivement des démocraties », compte 19 membres (Canada, Japon, Etats-Unis, Union européenne..) et entend s'élargir à l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine, selon le palais de l'Elysée.  

La lutte contre la désinformation et la régulation des débris dans l'espace, qui encombrent l'orbite basse, seront aussi au cœur d'initiatives de gouvernance vendredi.  

Le secrétaire général de Reporters Sans Frontières, Christophe Deloire, présentera samedi l'Observatoire international sur l'information et la démocratie, « équivalent pour le dérèglement démocratique de ce qu'est le GIEC pour le dérèglement climatique ». 

 


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
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  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.