Les négociateurs de la COP26 reviennent sur leur appel à mettre fin à l’utilisation du charbon

Un globe terrestre est suspendu dans une salle vide du bâtiment OVO Hydro au treizième jour de la COP26 au SECC, le 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse (Getty).
Un globe terrestre est suspendu dans une salle vide du bâtiment OVO Hydro au treizième jour de la COP26 au SECC, le 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse (Getty).
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Publié le Vendredi 12 novembre 2021

Les négociateurs de la COP26 reviennent sur leur appel à mettre fin à l’utilisation du charbon

  • Le dernier projet de déclaration commune appelle «les pays à accélérer l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans système de capture du carbone et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles»
  • Le projet exprime également un «profond regret» que l’objectif de 100 milliards de dollars pour aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique n’ait pas été atteint

GLASGOW: Les négociateurs de la conférence des Nations unies sur le climat qui se tient à Glasgow semblent avoir renoncé à leur appel à mettre fin à l’utilisation du charbon et à supprimer complètement les subventions aux combustibles fossiles, mais ils ont donné aux pays pauvres l’espoir d’un soutien financier plus important pour faire face au réchauffement de la planète, rapporte l’Associated Press.

Les derniers projets de propositions du président de la COP26, publiés vendredi, appellent «les pays à accélérer l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans système de capture du carbone et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles». Une proposition précédente présentée mercredi avait été plus ferme, appelant les pays à «accélérer l’élimination progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles».

Bien que la proposition du président soit susceptible de faire l’objet de nouvelles négociations lors des pourparlers, qui doivent se terminer vendredi, le changement de formulation semble indiquer un éloignement des exigences inconditionnelles auxquelles certains pays exportateurs de combustibles fossiles se sont opposés.

Les réactions des observateurs présents aux négociations étaient mitigées quant à la pertinence de l’ajout des expressions «sans système de capture du carbone» et «inefficace». «Ces qualificatifs sapent complètement l’intention», a déclaré Alex Rafalowicz, directeur de la campagne pour un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. «Ce sont des failles si grandes qu’on pourrait y faire passer un camion», a-t-il ajouté.

Pour Helen Mountford, experte principale en matière de climat à l’Institut des ressources mondiales, autoriser les pays à déterminer quelles subventions ils considèrent comme inefficaces dilue l’accord. «Cela l’affaiblira», explique-t-elle. Malgré tout, la référence explicite à la suppression d’au moins une partie des subventions de l’État au pétrole, au gaz et au charbon offre «un argument solide en faveur de la suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles. Il est donc bon de l’avoir dans le texte», souligne-t-elle.

Trouver une solution à l’utilisation continue des combustibles fossiles, responsables d’une grande partie du réchauffement de la planète, a été l’un des principaux points de désaccord de ces deux semaines de négociations. Les scientifiques estiment qu’il est nécessaire de mettre fin à leur usage dès que possible pour atteindre l’objectif ambitieux de l’accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Toutefois, l’inclusion explicite d’un tel appel dans la déclaration globale est politiquement délicat, y compris pour les pays, comme l’Arabie saoudite, qui craignent que le pétrole et le gaz soient les prochains visés.

Une autre question cruciale est celle de l’aide financière accordée aux pays pauvres pour faire face au changement climatique. Les pays riches n’ont pas réussi à leur fournir 100 milliards de dollars (soit environ 87 milliards d’euros) par an d’ici à 2020, comme convenu, ce qui a provoqué la colère des pays en développement en amont des négociations.

Le dernier projet de déclaration finale reflète ces préoccupations, exprimant un «profond regret» que l’objectif de 100 milliards de dollars n’ait pas été atteint et exhorte les pays riches à augmenter leur financement. Il ajoute également une disposition qui pourrait créer un fonds destiné à indemniser les pays en cas de destruction grave résultant du changement climatique. Les nations riches comme les États-Unis, qui sont historiquement les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre d’origine humaine, s’opposent à toute obligation légale de payer pour les pertes et les dommages subis par les pays pauvres.

Des négociateurs de près de 200 pays se sont réunis à Glasgow le 31 octobre, alors que des dirigeants, des militants et des scientifiques sonnaient l’alarme face à la faiblesse des mesures prises pour freiner le réchauffement de la planète. Dans la déclaration finale, les pays prévoient d’exprimer leur «inquiétude» et leur «plus grande préoccupation», faisant le constat que les activités humaines avaient déjà provoqué un réchauffement planétaire d’environ 1,1°C «et que l’impact se faisait déjà sentir dans toutes les régions».

Si l’accord de Paris prévoit de limiter la hausse des températures à un niveau «bien inférieur» à 2°C , idéalement à 1,5°C, d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle, le projet d’accord note que ce seuil inférieur «réduirait considérablement les risques et les effets du changement climatique» et entend réaliser cet objectif.

Ce faisant, elle appelle les pays du monde à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 45% en 2030 par rapport aux niveaux de 2010, et à ne pas en ajouter dans l’atmosphère d’ici le milieu du siècle. Jusqu’à présent, la planète n’est pas sur la bonne voie pour y parvenir, et les pays développés devraient être invités à soumettre des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions l’année prochaine.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré cette semaine à l’Associated Press que l’objectif de 1,5°C était «toujours réalisable, mais sous perfusion». Si les négociateurs ne parviennent pas à se mettre d’accord d’ici à la fin de la COP26, prévue ce vendredi, il se peut que les discussions se prolongent. C’était ce qui s’est produit lors de la plupart des COP précédentes, un consensus entre 197 pays étant nécessaire pour adopter une déclaration commune.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".