Nucléaire: un cadre d'EDF dénonce des incidents «dissimulés» et porte plainte

La centrale nucléaire du Tricastin, mise en service en 1980 et 1981, est l'une des plus anciennes de France. (Photo, AFP)
La centrale nucléaire du Tricastin, mise en service en 1980 et 1981, est l'une des plus anciennes de France. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 13 novembre 2021

Nucléaire: un cadre d'EDF dénonce des incidents «dissimulés» et porte plainte

  • Aujourd'hui âgé de 42 ans et en arrêt maladie, cet ingénieur rapporte dans sa plainte avoir pointé du doigt diverses anomalies
  • « Cette plainte devrait alerter au plus haut point sur la gravité de la situation», a estimé le réseau «Sortir du nucléaire» sur Twitter

PARIS : En plein débat sur la place du nucléaire en France que le chef de l’État souhaite accroître, un cadre de la centrale du Tricastin (Drôme), qui sollicite le statut de lanceur d'alerte, a déposé plainte contre EDF, accusant sa hiérarchie de l'avoir placardisé pour avoir dénoncé une "politique de dissimulation" d'incidents de sûreté ces dernières années.

"Hugo", un prénom d'emprunt, ne se destinait probablement pas à une action judiciaire contre EDF. 

"Amoureux du nucléaire", comme il se définit dans un entretien au Monde, il est entré à EDF en 2004. En septembre 2016, il devient chef de service à Tricastin après une "évolution fulgurante", retrace-t-il dans sa plainte déposée le 5 octobre auprès du parquet de Paris et dont l'AFP a eu copie.

Mais rapidement, le climat se révèle "particulièrement tendu, dans la perspective de la visite décennale", une étape déterminante pour obtenir l'autorisation de poursuivre l'exploitation au-delà de 40 ans.

"Un certain nombre d'incidents au sein de la centrale ont eu lieu, contribuant à la dégradation des relations" entre lui et son supérieur hiérarchique.

Aujourd'hui âgé de 42 ans et en arrêt maladie, cet ingénieur rapporte dans sa plainte avoir pointé du doigt diverses anomalies - comme une surpuissance du réacteur n°1 en juin 2017, une inondation interne le 29 août 2018 sur la tranche n°3 - qui n'auraient pas été déclarées à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ou qui l'auraient été de façon à "minimiser les événements".  

"C’est parce qu'(il) a dénoncé ce qui s'apparente à une politique de dissimulation et qu’il a refusé de prêter son concours à des opérations visant à entretenir de l'opacité sur certains incidents qu'il fera l'objet d'une éviction extrêmement brutale et injustifiée", affirment ses avocats Mes William Bourdon et Vincent Brengarth dans la plainte.

Selon eux, leur client a subi des "représailles", "dans un climat de management très autoritaire, lié notamment aux objectifs de production".

La plainte vise EDF, le directeur du site et l'ex-directeur de la production pour des infractions à la réglementation relative aux installations nucléaires, au code de l'environnement et au droit du travail, mise en danger de la vie d'autrui et harcèlement.

Ces révélations "sont d'une ampleur totalement inédite. En plus de mettre en lumière des dysfonctionnements très graves en matière de sûreté et de protection environnementale, elles interrogent sur le rôle des autorités de contrôle dont l'ASN", ont souligné auprès de l'AFP ses avocats.

«Pas de commentaires»

"S’agissant des propos rapportés par un salarié, EDF ne fait pas de commentaires", a réagi un porte-parole de l'entreprise.

"La sûreté des centrales nucléaires est la priorité d'EDF (...) Chaque événement détecté sur le terrain, présentant un risque ou enjeu de sûreté, de risque pour l'environnement, est déclaré à l'ASN", a-t-il dit.

"Les inspections menées sur Tricastin n'ont pas amené à constater d'événements qui auraient été masqués ou pour lesquels il n’y avait pas d'explication crédible au fait que ça n'avait pas été déclaré à l'autorité de sûreté", a indiqué Christophe Quintin, inspecteur en chef de l'ASN.

M. Quintin a expliqué qu'il pouvait y avoir "un arbitrage interne à la centrale" sur les déclarations d'incident.

La centrale nucléaire du Tricastin, mise en service en 1980 et 1981, est l'une des plus anciennes de France.

En février, l'ASN a ouvert la voie à la poursuite de l'exploitation des plus vieux réacteurs de 40 à 50 ans, dont Tricastin, enjoignant à EDF de réaliser des travaux pour améliorer leur sûreté.

Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat quelles suites ont été données par le parquet à cette plainte, mais l'ouverture éventuelle d'une enquête interviendrait très peu de temps après l'annonce par Emmanuel Macron mardi de la construction future de nouveaux réacteurs, un sujet qui agite la pré-campagne présidentielle 2022.

La plainte d'Hugo "devrait alerter au plus haut point sur la gravité de la situation", a estimé le réseau "Sortir du nucléaire" sur Twitter, évoquant "une affaire gravissime.

"Bravo", a abondé La France insoumise sur le même réseau.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Short Url
  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.