Penelope, une épouse discrète dans l'ombre de François Fillon

 Après des décennies dans l'ombre de François Fillon, Penelope Fillon, 66 ans, épouse discrète de l'ex-candidat de la droite à la présidentielle de 2017, s'est retrouvée sous les projecteurs pour une affaire d'emplois fictifs, qui lui a valu d'être condamnée à trois ans de prison avec sursis en 2020. (Photo, AFP)
Après des décennies dans l'ombre de François Fillon, Penelope Fillon, 66 ans, épouse discrète de l'ex-candidat de la droite à la présidentielle de 2017, s'est retrouvée sous les projecteurs pour une affaire d'emplois fictifs, qui lui a valu d'être condamnée à trois ans de prison avec sursis en 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 13 novembre 2021

Penelope, une épouse discrète dans l'ombre de François Fillon

  • Plus d'un an et demi après avoir fait appel de sa condamnation dans l'affaire dite «Penelopegate», Mme Fillon se retrouve à nouveau devant les juges, aux côtés de son mari, à partir de lundi et jusqu'au 30 novembre
  • D'elle, on sait peu de choses, tant cette femme timide aux cheveux poivre et sel et regard bleu perçant, a toujours fui la lumière, quitte à «changer de trottoir» quand elle aperçoit un photographe

PARIS : Après des décennies dans l'ombre de François Fillon, Penelope Fillon, 66 ans, épouse discrète de l'ex-candidat de la droite à la présidentielle de 2017, s'est retrouvée sous les projecteurs pour une affaire d'emplois fictifs, qui lui a valu d'être condamnée à trois ans de prison avec sursis en 2020.


Plus d'un an et demi après avoir fait appel de sa condamnation dans l'affaire dite "Penelopegate", Mme Fillon se retrouve à nouveau devant les juges, aux côtés de son mari, à partir de lundi et jusqu'au 30 novembre. 


D'elle, on sait peu de choses, tant cette femme timide aux cheveux poivre et sel et regard bleu perçant, a toujours fui la lumière, quitte à "changer de trottoir" quand elle aperçoit un photographe.  


Originaire du petit village de Llanover, près d'Abergavenny au Pays de Galles, Penelope Kathryn Clarke, née en 1955 d'un père anglais et d'une mère galloise, rencontre François Fillon dans les années 1970, quand elle est assistante d'anglais dans un lycée du Mans. Tous deux sont alors étudiants en droit. Ils se marient quelques années plus tard. Sa soeur aînée, Jane, épousera Pierre, le frère de François. 

Passionnée de chevaux
Pour lui, elle quitte son pays, change de religion (de l'anglicanisme au catholicisme), renonce à une future carrière d'avocate. Ils ont cinq enfants, quatre garçons et une fille. François poursuit une carrière politique qui le mènera jusqu'à Matignon. Passionnée de chevaux, elle préfère une vie plus calme à l'ombre du beau manoir qu'elle et son mari possèdent à Solesmes, dans la Sarthe.  


"Je suis de nature réservée et peu mondaine", affirmait-elle avant son procès en première instance dans l'un de ses rares entretiens avec la presse. Depuis sa condamnation, la franco-galloise se montre encore plus discrète, échaudée par une mauvaise publicité qui a éloignée d'elle connaissances et amis plus ou moins proches.


L'affaire, elle y pense "tous les jours. François aussi mais lui, il a plus d'activités pour s'évader dans autre chose. Moi j'ai tendance à ruminer", confie l'épouse de l'ex-Premier ministre à Tugdual Denis, auteur de "La vérité sur le mystère Fillon", paru en 2020.


Même son prénom, associé à "gate" donc à scandale, elle ne le supporte plus. "Quand je suis arrivée ici, les Français avaient une façon très étrange de prononcer mon surnom. Ou bien "Pénée", comme si j'étais dans la peine, ou bien "Pinny", ce qui signifie "tablier" en anglais. François a donc décidé qu'on m'appelerait Penelope. Mais depuis cette histoire, je ne veux plus l'entendre...".


«Victime consentante»
Les ennuis ont commencé avec des révélations du Canard Enchaîné sur les salaires qu'elle avait touchés avec plusieurs contrats comme assistante parlementaire de son époux puis de son suppléant - au total 680.380 euros net entre 1986 et 2013, plus 45.000 euros d'indemnités de licenciement.


Pour elle, "tout était légal et tout était déclaré". "Je traitais le courrier en lien avec la secrétaire. Je préparais des notes et des fiches (...) je lui faisais aussi une sorte de revue de presse locale. Je le représentais à des manifestations. Je relisais ses discours", a-t-elle expliqué à un hebdomadaire français.  


Mais le doute s'est installé: elle ne venait jamais à l'Assemblée nationale, les autres assistants parlementaires ne savaient rien de ses activités. Elle avait elle-même confié à des journalistes qu'elle se tenait "à distance" de la vie politique de son époux. "Je n'ai jamais été réellement son assistante ni quoi que ce soit de ce genre", déclarait-elle ainsi en 2007 à un journal britannique en se définissant comme une "paysanne" passionnée de jardinage et d'équitation. 


Pendant la primaire de la droite, à l'automne 2016, elle avait fait de rares apparitions, notamment pour le lancement d'un comité "Les femmes avec Fillon".


"Nous avons mal pour vous, Madame", avait tonné le procureur de la République, dans son réquisitoire en mars 2020. "François Fillon a pris en otage son épouse", mais "Penelope Fillon est une victime consentante de son mari", poursuivait le magistrat, tandis que Mme Fillon reconnaissait avec fatalisme: "C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de preuves concrètes de ce que je faisais".

Soupçons d'emplois fictifs: l'ex-Premier ministre français Fillon de retour devant la justice

PARIS : François Fillon de retour à la barre: l'ancien Premier ministre français est jugé en appel à partir de lundi aux côtés de sa femme et de son ancien suppléant dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs qui avait miné sa campagne présidentielle en 2017.


Ce deuxième procès se tient près d'un an et demi après la condamnation de l'ancien locataire de Matignon, pour détournement de fonds publics notamment, à cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme, 375.000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité. Il avait aussitôt fait appel. 


Alors que se prépare un nouveau scrutin présidentiel, la cour d'appel de Paris examine jusqu'au 30 novembre un dossier qui reste synonyme d'un naufrage politique.  


Dès les premières révélations du journal satirique Canard enchaîné en janvier 2017, la justice s'était saisie et le candidat Fillon, héraut de l'intégrité et favori des sondages, avait été mis examen à six semaines du premier tour, dont il était finalement sorti éliminé. 


Aujourd'hui âgé de 67 ans et retraité, François Fillon devra à nouveau s'expliquer sur trois contrats de son épouse Penelope comme assistante parlementaire, signés par lui et par celui qui était alors son suppléant, Marc Joulaud, entre 1998 et 2013.


Des prestations rémunérées 613.000 euros nets, "fictives ou surévaluées" selon l'accusation, pour qui les activités de Mme Fillon relevaient du "rôle social" d'une "conjointe d'homme politique", mais pas d'une collaboratrice. Le travail de Penelope Fillon était certes "discret" mais déterminant, a toujours clamé son mari, qui affirme notamment qu'elle gérait son courrier et relisait des discours.


Le couple Fillon est aussi jugé pour l'emploi de leurs deux enfants en tant qu'assistant parlementaire de leur père sénateur entre 2005 et 2007, ainsi que pour le contrat de Penelope Fillon comme "conseillère littéraire" en 2012 et 2013 à la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière.


Ami de François Fillon, ce dernier a reconnu, dans une procédure distincte, un emploi en partie fictif et il a été condamné en 2018 pour abus de biens sociaux.


François Fillon est enfin jugé pour avoir omis de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique un prêt de 50.000 euros - il a été relaxé en première instance.

«Assistance»
L'enjeu de ce procès en appel est que "l'innocence" de François Fillon "et celle de son épouse soient enfin reconnues", a dit à l'AFP l'avocat de François Fillon, Me Antonin Lévy.


En première instance, Penelope Fillon a été condamnée à trois ans de prison avec sursis, 375.000 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité. Marc Joulaud s'est vu infliger trois ans d'emprisonnement avec sursis, 20.000 euros d'amende avec sursis et cinq ans d'inéligibilité. Tous deux ont aussi fait appel.


"L'assistance" de la Franco-Galloise de 66 ans "correspondait exactement à ce dont Marc Joulaud avait besoin pour exercer au mieux le mandat de suppléant de François Fillon, pendant que celui-ci exerçait à Paris les responsabilités de ministre", a assuré à l'AFP l'avocat de M. Joulaud, Me Jean Veil.


L’Assemblée nationale, partie civile, avait obtenu plus d'un million d'euros en dommages et intérêts.


La défense, qui critique depuis l'origine une enquête "à charge", compte aussi évoquer une polémique née quelques jours avant le prononcé du jugement de première instance: l'ex-cheffe du parquet national financier (PNF), Éliane Houlette, avait parlé en commission parlementaire des "pressions" hiérarchiques dans ce dossier, ce qui avait provoqué un tollé. La magistrate avait ensuite regretté que ses propos aient été "déformés ou mal compris".


Le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait à l'époque saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui a depuis conclu, en septembre 2020, que la justice a fonctionné "de façon indépendante" dans cette affaire hors norme, tout en prônant une réforme pour lever à l'avenir toute suspicion de partialité. 


Relations UE/Chine: Macron insiste sur la protection des «intérêts stratégiques» de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron (CL) serre la main du Premier ministre japonais Fumio Kishida (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (CL) serre la main du Premier ministre japonais Fumio Kishida (Photo, AFP).
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  • La visite d'Etat de XI Jinping vise à célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales
  • Les grandes crises internationales, et notamment la guerre en Ukraine, devraient également être au menu des discussions franco-chinoises

PARIS: L'Europe doit défendre ses "intérêts stratégiques" dans ses relations économiques avec la Chine, a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron dans une interview à The Economist, à quelques jours d'une visite d'Etat en France du président chinois XI Jinping.

"Il faut être d'un grand pragmatisme et regarder cette question avec nos intérêts stratégiques", dit le chef d'Etat français, interrogé sur l'ouverture ou non du marché européen à la Chine.

"C'est un de mes objectifs principaux en accueillant le président Xi Jinping, il faut tout faire pour engager la Chine sur les grandes questions mondiales et avoir un échange sur nos relations économiques qui reposent sur la réciprocité", ajoute le président, qui accueillera son homologue chinois les 6 et 7 mai.

Et de citer le cas des voitures électriques chinoises, selon lui "taxées à 10%" sur le marché européen alors que leur production est "massivement aidée" par l'exécutif chinois. A l'inverse, les véhicules électriques européens, pour lesquels "l'Europe a des règles qui limitent les aides" à leurs producteurs, sont "taxés à 15%" sur le marché chinois.

Plan

"Aujourd'hui nous devons avoir sur le plan commercial avec la Chine un comportement respectueux, mais de défense de nos intérêts, de réciprocité et de sécurité nationale", insiste M. Macron, qui dit soutenir les enquêtes ouvertes par la Commission européenne sur le véhicule électrique, le photovoltaïque, l'éolien concernant des subventions chinoises soupçonnées de fausser la concurrence.

"Il ne faut pas oublier les enjeux de sécurité nationale", souligne M. Macron. "Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu'ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose."

La visite d'Etat de XI Jinping vise à célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales. Il s'agira du début de sa première tournée européenne depuis la pandémie de Covid-19, qui avait vu le géant asiatique couper longuement nombre d'interactions avec le reste du monde.

Les grandes crises internationales, et notamment la guerre en Ukraine, devraient également être au menu des discussions franco-chinoises.

"Notre intérêt est d'obtenir de la Chine qu'elle pèse pour la stabilité de l'ordre international. Ce n'est pas l'intérêt de la Chine aujourd'hui d'avoir une Russie déstabilisatrice de l'ordre international, d'avoir un Iran qui peut se doter de l'arme nucléaire et d'avoir un Moyen-Orient plongeant dans une forme de chaos. Il faut donc travailler avec la Chine pour construire la paix", affirme M. Macron.


Ukraine: Macron assume à nouveau la possibilité d'envoyer des troupes occidentales au sol

Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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  • Macron a créé la controverse fin février en affirmant que l'envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien ne devait pas «être exclu»
  • Ce débat doit dépasser l'Union européenne, avance encore le président français

PARIS: Emmanuel Macron a détaillé, dans The Economist, son plan pour éviter une mort "brutale" de l'Europe, assumant au passage sa position controversée sur la possibilité d'envoyer des troupes au sol en Ukraine, si Moscou allait "percer les lignes de front".

"Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s'il y avait une demande ukrainienne – ce qui n'est pas le cas aujourd'hui – on devrait légitimement se poser la question", a dit le président français dans un long entretien publié jeudi par l'hebdomadaire britannique.

Le chef de l'Etat français a créé la controverse fin février en affirmant que l'envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien ne devait pas "être exclu" à l'avenir. La plupart des pays européens, ainsi que les Etats-Unis, s'étaient nettement démarqués, même si certains ont depuis fait un pas en sa direction.

Dans The Economist, Emmanuel Macron affirme que la Russie "est rentrée dans une logique de guerre totale". Et il faut l'empêcher de gagner en Ukraine, faute de quoi "nous n'aurons plus de sécurité en Europe".

Plus largement, il inscrit cette question dans la nécessité d'aboutir à une "crédibilité militaire européenne", lors d'un débat qu'il a appelé de ses voeux il y a une semaine à la Sorbonne.

Dans ce discours, à l'approche des élections européennes de juin qui voient son camp largement distancé dans les sondages par l'extrême droite, il avait mis en garde: "l'Europe peut mourir".

Cette "mort" peut être "beaucoup plus brutale qu'on ne l'imagine", insiste-t-il jeudi. Selon lui, "un sursaut est possible" mais doit être "beaucoup plus profond" face à un "triple risque existentiel pour notre Europe": "militaire et de sécurité", "économique" et démocratique.

Sur la défense, les Européens doivent s'asseoir "autour de la table pour bâtir un cadre cohérent", plaide Emmanuel Macron. "L'Otan apporte une de ces réponses et il ne s'agit pas de balayer l'Otan. Mais ce cadre est beaucoup plus large", ajoute-t-il.

«Braqueurs»

Ce débat doit dépasser l'Union européenne, avance encore le président français, qui veut "arrimer la discussion dans le cadre de la Communauté politique européenne", ce nouveau format qu'il a inspiré pour inclure notamment Londres après le Brexit. "Ce serait une erreur d'exclure des pays qui ne sont pas dans l'UE", comme la Norvège, le Royaume-Uni ou les Balkans".

La réflexion doit aussi inclure l'arme nucléaire, dont la France et le Royaume-Uni sont dotés en Europe, réitère-t-il. Il propose que les partenaires européens "prennent en compte" cette "capacité" française, "sans pour autant la mutualiser".

Sur le plan économique, à la veille d'une visite d'Etat en France du président chinois Xi Jinping, lundi et mardi, Emmanuel Macron appelle l'Europe à défendre ses "intérêts stratégiques" et "les enjeux de sécurité nationale" au nom de la "réciprocité" dans ses relations commerciales avec Pékin. "Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu'ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose."

S'agissant de la "vulnérabilité démocratique", le chef de l'Etat, qui a promis de s'impliquer dans la campagne des européennes, lance enfin un avertissement aux électeurs: "la meilleure façon de construire ensemble, c'est d'avoir le moins de nationalistes possible".

"Je dis aux Européens: réveillez-vous!", "tous les nationalistes européens sont des brexiters cachés", ajoute-t-il, visant particulièrement l'extrême droite française.

Après avoir prôné la sortie de l'Europe, le Rassemblement national tire maintenant "les dividendes de l'Europe en voulant la détruire sans rien dire", accuse le président Macron. "C'est comme si on était en train de dire +ce n'est pas grave de confier la banque à des braqueurs+", ajoute-t-il.


Sciences Po: place au débat interne, après la mobilisation de soutien à Gaza

Des manifestants brandissent des pancartes du drapeau palestinien alors qu'ils manifestent près de l'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) occupé par des étudiants, à Paris, le 26 avril 2024 (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent des pancartes du drapeau palestinien alors qu'ils manifestent près de l'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) occupé par des étudiants, à Paris, le 26 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • A Saint-Etienne, le blocage d'un des sites de l'université Jean Monnet par une quinzaine d'étudiants réclamant le cessez-le-feu à Gaza a repris jeudi matin
  • Des actions se sont multipliées en France ces derniers jours, principalement sur les sites de Sciences Po en régions, mais aussi dans quelques universités

PARIS: Sciences Po Paris a accueilli jeudi un débat interne sur le Proche-Orient, qualifié de "dur" et de riche en "émotion" par la direction, au moment où le gouvernement redouble de vigilance face à la multiplication d'actions en soutien à Gaza sur les campus français.

"Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d'émotion et donc j'aspire maintenant à ce que chacun retrouve le calme" avant les examens prévus lundi, a indiqué Jean Bassères, l'administrateur provisoire de la prestigieuse école parisienne.

Il a admis rester "extrêmement prudent sur la suite des événements", alors que la mobilisation se diffuse en France, en écho à la mobilisation croissante des campus aux Etats-Unis, marquée par le déploiement de la police sur plusieurs sites.

Le débat à peine fini, les organisations étudiantes mobilisées - Union étudiante et Solidaires - ont appelé à sit-in jeudi après-midi dans le hall d'entrée de Sciences Po.

L'administrateur provisoire a reconnu avoir "pris des positions assez fermes sur certains sujets", en refusant "très clairement la création d'un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes".

"Après un début où les débats étaient apaisés, la tension est montée à la fin", a témoigné auprès de l'AFP Hugo, 22 ans, étudiant en master à Sciences Po, pour qui "la principale information est le refus du directeur de créer un groupe de travail pour réévaluer les partenariats de Sciences Po".

«Maintien de l'ordre»

"Il y avait des demandes claires et il n’y a pas eu de réponse claire", a regretté une étudiante en master d'urbanisme, qui a refusé de donner son nom, fustigeant "une mollesse de l'administration".

Après une mobilisation émaillée de tensions vendredi dernier, le mouvement avait été suspendu à Sciences Po Paris: la direction avait accepté d'organiser un débat interne "ouvert à toutes les communautés de Sciences Po", qualifié de "townhall", terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique.

Sur la demande des étudiants d'interroger les "partenariats de l’école avec les universités et organisations soutenant l’Etat d’Israël", la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau avait répété jeudi matin qu'il était "hors de question que les universités prennent une position institutionnelle en faveur de telle ou telle revendication dans le conflit en cours au Proche-Orient".

La ministre a demandé aux présidents d'université de veiller au "maintien de l'ordre" public, en utilisant "l'étendue la plus complète des pouvoirs" dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l'ordre, lors d'une intervention en visioconférence au conseil d'administration de France Universités.

A l'issue de cet échange, France Universités, qui fédère 116 membres, dont 74 universités, a "salué la détermination de la ministre à porter une voie équilibrée et ferme pour un retour au calme".

Actions à Lille et Saint-Etienne 

Des actions se sont multipliées en France ces derniers jours, principalement sur les sites de Sciences Po en régions, mais aussi dans quelques universités. Le tout dans un contexte politique électrique, en pleine campagne des européennes, La France Insoumise étant notamment accusée par la droite d'"instrumentalisation" du mouvement.

Jeudi matin à Lille, l'institut d'études politiques est resté fermé et les accès à l'école supérieure de journalisme (ESJ) étaient bloqués et les cours annulés.

A Saint-Etienne, le blocage d'un des sites de l'université Jean Monnet par une quinzaine d'étudiants réclamant le cessez-le-feu à Gaza a repris jeudi matin, a constaté l'AFP. Ils n'ont pas trouvé d'accord avec la présidence de l'université pour l'organisation d'une conférence sur la situation à Gaza, selon un représentant étudiant.

La police était intervenue mardi sur ce site stéphanois pour déloger des militants pro-Palestiniens. La police est aussi intervenue lundi pour évacuer des manifestants de la Sorbonne après avoir déjà mis fin à une occupation nocturne d'un site de Sciences Po Paris la semaine dernière, les deux fois à la demande du Premier ministre Gabriel Attal.

Selon l'organisation étudiante Le Poing Levé, le campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure (ENS) à Paris était bloqué jeudi, des étudiants appelant à un rassemblement sur le site à 15H00.