Argentine: le gouvernement Fernandez perd le Parlement, tend la main à l'opposition

En clôture de campagne cette semaine, le chef de l'Etat s'est posé en défenseur des intérêts des Argentins face au remboursement du prêt octroyé sous la présidence Macri (2015-2019). (Photo, AFP)
En clôture de campagne cette semaine, le chef de l'Etat s'est posé en défenseur des intérêts des Argentins face au remboursement du prêt octroyé sous la présidence Macri (2015-2019). (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 15 novembre 2021

Argentine: le gouvernement Fernandez perd le Parlement, tend la main à l'opposition

  • La coalition «Frente de Todos» («Front de tous») de Alberto Fernandez n'avait déjà pas la majorité à la Chambre des députés
  • Au Sénat, selon des projections, elle tomberait de 41 sénateurs (sur un total de 72) à 35

BUENOS AIRES : La coalition de centre-gauche du président argentin Alberto Fernandez a perdu le contrôle des deux chambres du Parlement, dimanche lors de législatives partielles, contraignant le chef de l'Etat à deux dernières années de gouvernance précaire, contrainte au dialogue et consensus avec l'opposition.

La coalition "Frente de Todos" ("Front de tous") de M. Fernandez n'avait déjà pas la majorité à la Chambre des députés. Au Sénat, selon des projections, elle tomberait de 41 sénateurs (sur un total de 72) à 35. 

"Si les chiffres se confirment, la majorité est perdue au Sénat", a indiqué une source gouvernementale à l'AFP, avec 98% des votes décomptés. C'est la première fois, depuis le retour de la démocratie en 1983, que le courant péroniste perd le Sénat.

Le chef de l'Etat, élu en 2019, a encore deux ans de mandat.

Intérêt général

Il a annoncé dimanche soir, dans un discours en forme d'admission de défaite, une "nouvelle étape" et appelé à "une relation fructueuse" du gouvernement avec le Parlement, "dans l'intérêt général du pays".

Il a assuré qu'il allait se rapprocher des autres forces politiques en vue d'un "accord sur un programme aussi partagé que possible" avec "une opposition responsable, ouverte au dialogue, et patriotique".

Dans l'attente de chiffres définitifs, la coalition péroniste, quoique minoritaire, devrait rester le premier groupe dans les deux chambres. Mais en perdant du terrain sur la coalition de centre-droit "Juntos por el Cambio" (Ensemble pour le changement) de l'ancien président (2015-2019) Mauricio Macri.

Mais M. Fernandez a affirmé dimanche qu'il gardait "la fermeté nécessaire pour défendre les intérêts" du pays en vue d'un "accord viable" avec le FMI, auquel l'Argentine doit rembourser dès 2022 plus de 19 milliards de dollars, sur les 44 d'un prêt octroyé sous la présidence Macri. 

"Nous devons dissiper les incertitudes liées à des dettes insoutenables comme celle-ci", a-t-il déclaré. "Négocier n'est pas obéir".

L'Argentine retrouve en 2021 le chemin de la croissance (9% prévus), après trois ans de récession, et un lourd impact socio-économique de la Covid.

Mais elle reste confrontée à une inflation galopante (41,8% en 2021), avec plus de 40% de sa population frappée par la pauvreté.

Aux abords des bureaux de vote, pouvoir d'achat et économie étaient bien dans les têtes de beaucoup, qu'ils soient "péronistes" ou "macristes".

"J'ai peur pour l'économie... Quels que soient ceux qui l'emportent, il faudra beaucoup de temps pour que le pays se remette", confie Oscar Navarro, un pâtissier de 50 ans. 

Le gouvernement devrait voir sa marge de manoeuvre très réduite jusqu'à la présidentielle de 2023, contraint à n'engager que des politiques consensuelles, voire recourir à des décrets.

Négocier «loi par loi»

L'exécutif "devra négocier loi par loi", analyse le politologue Raul Aragon, de l'université de la Matanza. Il prédit néanmoins que l'opposition jouera le jeu: "Cela ne lui sert à rien de ne pas dialoguer, d'apparaître comme anti-démocratique" avant la présidentielle de 2023.

"Les deux années qui viennent vont être difficiles", a lancé M. Macri, assurant que sa coalition d'opposition se comporterait "avec une grande responsabilité", de façon à ce "que la transition soit la plus ordonnée possible".

Pour autant, le résultat de scrutin  ne devrait ni affoler les marchés ni voir péricliter un peu plus le peso (105 pour un dollar au taux officiel, 200 au marché noir), estime Raul Aragon. "Pour les marchés, la situation est la même qu'hier. Si le parti au pouvoir avait gagné par 10 points, peut-être se diraient-ils 'le Venezuela arrive', ou si l'opposition l'avait emporté par 10 points, que c'est ingouvernable. Mais ce scénario ne modifie presque rien".

Il a toutefois confirmé l'émergence sur la scène politique argentine de profils inédits, tel l'économiste libéral-libertaire de 51 ans Javier Milei (à l'affinité assumée avec l'ex-président américain Donald Trump ou le président brésilien Jair Bolsonaro), qui a fait son entrée au Parlement comme député.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.