Les maires choisissent leur président et leur ligne face à Macron

Macron s'entretient avec le président de l'Association des maires de France, François Baroin, à Pont-Saint-Marie, dans l'est de la France, le 19 mai 2021. (Photo, AFP)
Macron s'entretient avec le président de l'Association des maires de France, François Baroin, à Pont-Saint-Marie, dans l'est de la France, le 19 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 14 novembre 2021

Les maires choisissent leur président et leur ligne face à Macron

  • Le vote se terminera mercredi à 15H00 avec l'annonce dans la foulée du nom du vainqueur
  • L'AMF a toujours en travers de la gorge le hashtag #balancetonmaire lancé sur les réseaux un an plus tard, pour dénoncer les élus qui avaient augmenté la taxe d'habitation

PARIS : L'influente Association des maires de France (AMF) choisit, lors de son 103e congrès qui se tient de mardi à jeudi à Paris, son nouveau président, mais aussi la ligne à suivre face à Emmanuel Macron, qui recevra une importante délégation d'élus mercredi à l'Elysée.

La rencontre de la Porte de Versailles, où près de 10 000 personnes sont attendues, sera celle des "retrouvailles", après la crise sanitaire qui avait empêché les maires fraîchement élus ou réélus de se retrouver l'an dernier à l'issue des municipales, a déclaré le président sortant François Baroin lors de la présentation de la réunion.

Mais pour le maire LR de Troyes, cette rencontre sera aussi celle de ses adieux à une association qu'il a présidée pendant les sept dernières années, dont quatre sous le quinquennat de M. Macron.

Lors d'un scrutin par internet qui débutera mardi à 17H00, les maires départageront les deux prétendants à la succession de M. Baroin : le vice-président sortant de l'AMF et maire LR de Cannes David Lisnard et le secrétaire général de l'association et maire UDI de Sceaux, Philippe Laurent.

Le vote se terminera mercredi à 15H00 avec l'annonce dans la foulée du nom du vainqueur. Juste avant qu'une importante délégation de maires soit reçue à l'Elysée, tradition instaurée par M. Macron pour tenter de déminer les tensions qui ont marqué les relations entre l'AMF et l'exécutif pendant le quinquennat.

Le chef de l'Etat avait été sifflé lors de sa première intervention au congrès à l'issue de son élection en 2017. De son côté l'AMF a toujours en travers de la gorge le hashtag #balancetonmaire lancé sur les réseaux un an plus tard, pour dénoncer les élus qui avaient augmenté la taxe d'habitation.

M. Macron doit également intervenir jeudi en clôture du congrès. Celui-ci sera ouvert, comme le veut la tradition, par la maire de Paris Anne Hidalgo, candidate PS à la présidentielle.

«Téléguidé par personne»

Après ce quinquennat marqué par les disputes entre l'AMF et l'exécutif, les maires choisiront non seulement leur nouveau patron, mais aussi la relation qu'ils souhaitent entretenir avec Emmanuel Macron, du moins jusqu'à la présidentielle d'avril 2022.

David Lisnard, qui s'est lancé dans la course avec à ses côtés le maire socialiste d'Issoudun (Indre) André Laignel, inamovible premier vice-président délégué de l'AMF, accuse son rival d'être appuyé par la majorité présidentielle, même si aucun membre du gouvernement ne l'a soutenu publiquement.

"Il suffit de voir à quel point Jacqueline Gourault (ministre de la Cohésion des territoires) et d'autres s'investissent dans cette campagne", affirme M. Lisnard, en estimant que son adversaire s'était allié "par nécessité" au pouvoir.

"Au moins deux tiers des candidats qui sont sur la liste de M. Laurent se trouvent dans l'antichambre du pouvoir macroniste", ajoute M. Laignel.

Du côté de M. Laurent, on rejette ces accusations. "On n'est téléguidé par personne", se défend le maire de Vesoul, Alain Chrétien, soutien du secrétaire général sortant et membre d'Agir, allié de la majorité présidentielle.

Bien qu'il qualifie toujours "d'erreur majeure" la suppression de la taxe d'habitation par Emmanuel Macron, M. Laurent ne cache pas ses critiques contre M. Baroin, accusé par la majorité d'avoir utilisé l'association pour faire de l'opposition au chef de l'Etat.

Il déplore ainsi "un rayonnement de l'AMF moins important aujourd'hui". Un fait "peut-être lié à une préoccupation trop importante de se situer par rapport au gouvernement, voire au président de la République", dit-il, en laissant entendre que l'association est sortie de son rôle.

M. Laurent n'a manifestement pas apprécié la façon dont M. Baroin a adoubé son rival dès l'annonce de son départ fin août.

Lors d'une récente conférence de presse, le candidat a regretté que le président sortant n'ait même pas "évoqué un autre candidat qui l'a servi loyalement pendant sept ans. Il y a toujours des déceptions dans la vie", a-t-il déploré.

Des reproches auxquels M. Baroin n'a pas répondu, se bornant à présenter ce congrès comme celui du "bilan" de la crise sanitaire qui, à ses yeux, a conforté "de façon spectaculaire, incontestable, indiscutable et irremplaçable le rôle du maire comme pilier de la République".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».