Les Gilets jaunes soufflent leur troisième bougie dans la discrétion

Difficile de prédire ce que feront les Gilets jaunes dans les urnes, et s'ils s'y rendront. Si l'antimacronisme a été un puissant ferment du mouvement, ce dernier se caractérise d'abord par sa défiance vis-à-vis des institutions. (Photo, AFP)
Difficile de prédire ce que feront les Gilets jaunes dans les urnes, et s'ils s'y rendront. Si l'antimacronisme a été un puissant ferment du mouvement, ce dernier se caractérise d'abord par sa défiance vis-à-vis des institutions. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 14 novembre 2021

Les Gilets jaunes soufflent leur troisième bougie dans la discrétion

  • «Les causes objectives structurelles qui ont suscité le mouvement sont toujours là, et sont probablement exacerbées par l'augmentation du coût de l'énergie»
  • Les Gilets jaunes «sont des gens qui ont sacrifié beaucoup dans le mouvement, surtout qu'il a duré plus de six mois. Ce sont des gens qui sont rincés, économiquement, rincés professionnellement, il y a eu beaucoup de divorces»

PARIS : "Il y a moins de monde dans la rue", mais "la colère est bien présente", assure Jérôme Rodrigues. Les Gilets jaunes fêtent mercredi leur troisième anniversaire dans une relative discrétion, même si les germes du mouvement n'ont pas disparu.

Devenu au fil du temps une vigie de cette révolte populaire, M. Rodrigues dit recevoir des "messages sur les réseaux sociaux, de gens qui ne sont pas contents".

Il participe de loin en loin à des manifestations, des pique-niques, observe l'évolution d'initiatives telles que le Syndicat des Gilets jaunes ou la désignation d'un candidat à la présidentielle par des associations de Gilets jaunes, Fabrice Grimal. Mais force est de constater que tout cela reste confidentiel.

Les Gilets jaunes peuvent-ils renaître ? "Les causes objectives structurelles qui ont suscité le mouvement sont toujours là, et sont probablement exacerbées par l'augmentation du coût de l'énergie", observe auprès de l'AFP le politologue Christian Le Bart, auteur en 2020 d'une "Petite sociologie des Gilets jaunes".

"Le terreau est toujours inflammable", note le sondeur Jérôme Fourquet, qui a décrit dans son dernier livre ("La France sous nos yeux") un phénomène de "décrochage du bas de la classe moyenne" qui a alimenté le mouvement des Gilets jaunes et "n'a pas disparu".

Et pour le sociologue Pierre Blavier, qui a observé à la loupe le porte-monnaie des occupants des ronds-points pour son livre "Gilets jaunes, la révolte des budgets contraints", les enjeux socio-économiques sur lesquels il a travaillé "sont encore largement présents": "augmentation des prix", fiscalité proportionnelle perçue comme injuste, mesures contre ce qu'il appelle "les mondes de la route" - passage à 80km/h, multiplication des contrôles de vitesse ou d'alcoolémie, restriction de circulation pour les véhicules diesel...

Mais de l'avis de tous, "ce n'est pas parce qu'on est dans un contexte de difficultés socio-économiques qu'un mouvement social apparaît". "Il n'y a pas de lien", dit M. Blavier.

«Logique abstentionniste»

Auteur en 2019 de "In Girum: Les leçons politiques des ronds-points", le politiste Laurent Jeanpierre ne croit guère en un regain du mouvement. En cause selon lui, la pandémie et les "mesures de réduction des libertés publiques" qui l'ont accompagnée en France comme ailleurs. "Ce n'est vraiment pas propice à la réactivation de liens qui par ailleurs n'étaient pas extrêmement forts", estime-t-il.

Autre motif, la difficulté du mouvement à se structurer, "avec en outre des divergences très fortes entre leaders". Et ces derniers, à l'image de beaucoup de membres anonymes, "sont épuisés", ne bénéficiant pas de l'appui d'une organisation pérenne avec des "permanents".

Les Gilets jaunes "sont des gens qui ont sacrifié beaucoup dans le mouvement, surtout qu'il a duré plus de six mois. Ce sont des gens qui sont rincés, économiquement, rincés professionnellement, il y a eu beaucoup de divorces", énumère M. Jeanpierre.

Conséquence, nombre de figures du mouvement on pris du recul, à l'instar d'Eric Drouet, de François Boulo ou de "Fly Rider".

M. Blavier évoque de son côté le rôle dans la démobilisation des Gilets jaunes de la "réponse policière et judiciaire, qui a quand même été très importante".

Enfin, la période électorale qui s'ouvre n'est sans doute pas la plus propice à la reprise des manifestations. "Est-ce qu'ils vont sortir du bois ? Ce n'est pas forcément évident. Peut-être se disent-ils qu'il y a une élection présidentielle dans six mois, et que c'est le moment où on réglera les comptes et de se faire entendre", suggérait M. Fourquet sur BFM le 21 octobre.

Difficile de prédire ce que feront les Gilets jaunes dans les urnes, et s'ils s'y rendront. Si l'antimacronisme a été un puissant ferment du mouvement, ce dernier se caractérise d'abord par sa défiance vis-à-vis des institutions.

"La logique de leur mouvement, c'est une logique abstentionniste. D'ailleurs je note que tout le monde parle des Gilets jaunes (...) Mais on ne peut pas dire que les partis aient fait un effort majeur pour leur parler", souligne M. Jeanpierre.


Explosion d'un immeuble dans l'Ain: un troisième corps retrouvé

Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements". (AFP)
Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements". (AFP)
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  • Selon les secours, "des moyens supplémentaires déployés mardi ont permis de lancer des recherches afin de retrouver une personne portée manquante, ainsi que de procéder à des reconnaissances de sécurité dans les bâtiments environnants"
  • "La personne a été retrouvée après une heure trente (de fouilles) avec les pelleteuses", a détaillé auprès de l'AFP une source secouriste

LYON: Le corps d'une femme a été retrouvé mardi soir à Trévoux dans l'Ain, au lendemain de l'explosion d'un immeuble de quatre étages qui a fait deux autres victimes, des garçons de 3 et 5 ans, ont indiqué mercredi les secours.

"La victime manquante a été retrouvée décédée peu après 20H00 dans les décombres par les sapeurs pompiers", ont indiqué les secours dans un communiqué, précisant qu'il s'agit d'une femme.

Selon les secours, "des moyens supplémentaires déployés mardi ont permis de lancer des recherches afin de retrouver une personne portée manquante, ainsi que de procéder à des reconnaissances de sécurité dans les bâtiments environnants", ont précisé les secours.

"La personne a été retrouvée après une heure trente (de fouilles) avec les pelleteuses", a détaillé auprès de l'AFP une source secouriste.

Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements".

Deux frères âgés de 3 et 5 ans avaient été retrouvés lundi dans la soirée sous les décombres, en arrêt cardio-respiratoire et n'avaient pas pu être réanimés.

Outre les trois décès, 13 personnes ont été hospitalisées en urgence relative, 53 autres ont été prises en charge pour des blessures légères ou en cellule psychologique, selon le bilan des secours.

Les gendarmes sont chargés d'une enquête menée sous l'égide du parquet de Bourg-en-Bresse pour déterminer les causes de l'explosion qui a eu lieu vers 17H30 lundi au rez-de-chaussée de l'immeuble.

Le maire de Trévoux, Marc Péchoux, a évoqué devant la presse la piste d'une explosion due au gaz mais le parquet a souligné mardi dans un communiqué qu'à ce stade, les causes exactes n'étaient "pas encore déterminées avec certitude".

Au total 22 appartements et 7 maisons individuelles sont désormais inhabitables. Mardi, les propriétaires de 14 maisons ont pu regagner leur domicile, qui présentent "des dégâts mineurs", selon les secours.


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".